Pour les talibans, les pourparlers butent sur la question du retrait des troupes américaines

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Par AFP
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Les pourparlers sur la paix en Afghanistan, en cours entre Etats-Unis et talibans à Doha, butent sur la question centrale du calendrier de retrait des forces armées américaines, a estimé dimanche auprès de l'AFP un porte-parole des insurgés.

Les talibans et l'équipe de l'émissaire américain pour la paix, Zalmay Khalilzad, se sont rencontrés à plusieurs reprises ces derniers mois dans la capitale qatarienne pour tenter de mettre un terme à la plus longue guerre de l'histoire des Etats-Unis. La dernière session de négociation s'est ouverte mercredi.

Alors qu'à l'issue de la dernière rencontre, en février, M. Khalilzad était apparu optimiste, suggérant qu'un accord était envisageable d'ici juillet, les deux parties semblent aujourd'hui avoir atteint un point d'achoppement.

Avant d'annoncer un calendrier de retrait, les Etats-Unis veulent d'abord que les talibans offrent des garanties de sécurité en matière de contre-terrorisme, s'accordent sur un cessez-le-feu et l'ouverture d'un dialogue inter-afghan.

Mais les insurgés préviennent qu'ils n'en feront rien tant que les Etats-Unis n'auront pas annoncé formellement ce calendrier de retrait.

Dans un entretien avec l'AFP, Suhail Shaheen, porte-parole politique des talibans à Doha, a indiqué que les deux parties ne débattent que de ce seul point et s'efforcent de "réduire les différences afin de parvenir à un accord sur un calendrier acceptable pour les deux parties".

"Cela n'a pas été réalisé jusqu'à présent", a-t-il affirmé, suggérant que la question pourrait rester en suspens à l'issue de cette série de pourparlers.

"Si nous ne sommes pas en mesure de la finaliser lors de ce cycle, alors (...) la paix serait loin plutôt que plus proche", a-t-il mis en garde.

L'ambassade américaine à Kaboul n'avait pas réagi dans l'immédiat. On ignorait par ailleurs si les pourparlers allaient se poursuivre lundi, premier jour du mois de ramadan.

- "Valeurs islamiques" -

De nombreux Afghans craignent un accord hâtif avec les talibans et un départ précipité des Etats-Unis pour mettre un terme à la guerre qui a coûté la vie à quelque 2.400 soldats américains et englouti plus de 1.000 milliards de dollars.

M. Khalilzad a tenté de les rassurer, affirmant lors de ses nombreuses étapes à Kaboul que les Etats-Unis ne partiront pas tant qu'un cessez-le-feu permanent ne sera pas établi et que les talibans ne seront pas entrés en pourparlers avec le gouvernement afghan.

Mais ils redoutent un retour au pouvoir des talibans qui imposeraient leur vision rigoriste de l'islam, anéantissant des années de progrès sociétaux, notamment sur les droits des femmes ou la liberté de la presse.

Suhail Shaheen affirme que les talibans n'ont "aucun problème avec les droits des femmes", mais précise qu'ils reposeraient sur les "valeurs islamiques".

"Nous avons une culture et des valeurs différentes. Nos valeurs, les valeurs afghanes sont différentes de celles de l'Occident", a-t-il dit.

- Négociations complexes -

Malgré les pourparlers de paix en cours, la violence en Afghanistan se poursuit. Les talibans ont revendiqué dimanche l'attaque d'un poste de police dans une province du nord du pays, tuant au moins 13 policiers et blessant 55 personnes, dont de nombreux civils.

Ils ont également refusé l'offre de cessez-le-feu immédiat formulée vendredi par le président Ashraf Ghani à l'issue de la "loya jirga", vaste assemblée de hauts dignitaires afghans qui s'est tenue à Kaboul.

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Les insurgés refusent également pour l'heure des discussions directes avec le gouvernement afghan, qu'ils qualifient de "marionnette" de Washington.

De leur côté, les quelque 14.000 soldats américains présents dans le pays continuent de former leurs partenaires afghans sur le terrain et de mener des frappes aériennes dans le but de pousser les talibans vers un règlement politique.

Les négociations au long cours sont complexes.

A Doha, le négociateur en chef des talibans, Abbas Stanikzai, dirige une équipe de 13 membres, tandis que M. Khalilzad compte une vingtaine de fonctionnaires dans son équipe.

Le gouvernement qatarien participe également aux pourparlers qui avancent lentement, les interactions entre les parties devant être traduites en pachtoune et en anglais, tandis que les négociateurs s'interrompent souvent pour consulter leurs supérieurs.

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La principale garantie que les Etats-Unis attendent des talibans est qu'ils ne permettront plus jamais à l'Afghanistan de servir de refuge à des groupes terroristes.

M. Shaheen a assuré que les talibans étaient prêts à leur fournir ces garanties.

Zalmay Khalilzad a affirmé à plusieurs reprises que rien ne serait finalisé tant que toutes les questions n'auraient pas été réglées.

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