Affaire Laporte/Altrad: l'enquête avance, des personnages clés entendus

Affaire Laporte/Altrad: l'enquête avance, des personnages clés entendus
Par AFP
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button
Tous droits de reproduction et de représentation réservés. © 2024 - Agence France-Presse.
Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© 2024 - Agence France-Presse. Toutes les informations (texte, photo, vidéo, infographie fixe ou animée, contenu sonore ou multimédia) reproduites dans cette rubrique (ou sur cette page selon le cas) sont protégées par la législation en vigueur sur les droits de propriété intellectuelle. Par conséquent, toute reproduction, représentation, modification, traduction, exploitation commerciale ou réutilisation de quelque manière que ce soit est interdite sans l’accord préalable écrit de l’AFP, à l’exception de l’usage non commercial personnel. L’AFP ne pourra être tenue pour responsable des retards, erreurs, omissions qui ne peuvent être exclus dans le domaine des informations de presse, ni des conséquences des actions ou transactions effectuées sur la base de ces informations. AFP et son logo sont des marques déposées.

Les policiers ont entendu plusieurs personnages clés dans l'enquête sur les pressions qu'aurait exercées en 2017 le patron du rugby français Bernard Laporte pour réduire des sanctions disciplinaires contre Montpellier, le club de Mohed Altrad, avec lequel il avait été en affaires, a-t-on appris jeudi lors d'un autre procès sur ce dossier à Paris.

Devant la 17e chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Paris, spécialisée dans la presse, l'affaire qui empoisonne le mandat de Bernard Laporte ne devait être abordée que sous l'angle des poursuites pour diffamation engagées par le président de la Fédération française de rugby (FFR) contre L'Equipe et l'un de ses journalistes, Frédéric Bernès, pour sept articles parus entre le 30 août et le 18 octobre 2017.

En l'absence Laporte, qui ne s'est pas déplacé, l'audience a permis d'apprendre que l'enquête menée par le parquet national financier (PNF) avance. Ainsi, les trois membres de la commission d'appel fédérale, qui avait infligé les sanctions au club, fin juin 2017, ont été entendus en février dernier par les enquêteurs de la Brigade de répression de la délinquance économique (BRDE), a-t-on appris lors des débats.

- Coup de fil -

Deux d'entre eux, le président de la commission Jean-Daniel Simonet et l'avocat Robert Malterre, ont été interrogés en garde à vue, a confirmé à l'AFP une source proche du dossier.

C'est Jean-Daniel Simonet qui avait reçu un coup de fil controversé de Bernard Laporte, avant que la sanction soit revue à la baisse pour Montpellier. Le troisième membre de la commission, Philippe Peyramaure, qui assure s'être opposé en vain, a été entendu comme témoin par les enquêteurs.

Bernard Laporte n'a, à ce stade, pas été convoqué dans le cadre de cette enquête préliminaire, a précisé à l'AFP son avocat, Me Jean-Pierre Versini-Campinchi.

Début 2018, plusieurs perquisitions avaient eu lieu au siège de la FFR, dans des sociétés du groupe Altrad, et aux domiciles de Bernard Laporte et Mohed Altrad.

Jeudi, en fin d'après-midi, lors du procès en diffamation, Philippe Peyramaure est venu réitérer sa version, gênante pour Bernard Laporte.

D'après cet avocat honoraire de 76 ans, les trois membres de la commission s'étaient bien accordés le 29 juin 2017 pour punir le déploiement par les supporteurs héraultais de banderoles hostiles par 70.000 euros d'amende et un match de suspension pour le stade de Montpellier, conséquence d'une révocation de sursis. Mais le lendemain, Jean-Daniel Simonet aurait appelé Philippe Peyramaure pour lui raconter avoir reçu un coup de fil de Bernard Laporte, "pas content".

- "Intérêt supérieur" -

A Simonet, celui qui fut joueur, entraîneur, sélectionneur des Bleus (1999-2007) puis secrétaire d'Etat aux Sports de Nicolas Sarkozy (2007-2009) "avait dit, de manière plutôt brutale, qu'Altrad était un sponsor important de l'équipe de France (premier sponsor maillot), un soutien important pour la candidature" victorieuse de la France pour le Mondial-2023, "et qu'il fallait supprimer ces sanctions", a raconté Philippe Peyramaure à l'audience. "C'est l'intérêt supérieur du rugby", aurait ajouté Jean-Daniel Simonet, selon cette version.

Le 30 juin, une nouvelle décision était prise: 20.000 euros d'amende et pas de suspension de stade.

Dans un premier temps, Philippe Peyramaure a préféré se taire. "J'aurais été seul contre tous", a-t-il justifié.

Mais lorsque le 13 août, le JDD révèle l'existence d'un contrat pour 150.000 euros de prestations d'image entre BL Communication, société gérée par Laporte, et Altrad Investment Authority, "l'affaire changeait de nature" et Peyramaure a décidé de démissionner de la commission disciplinaire.

"Mais c'est Iago !", a ironisé l'avocat de Bernard Laporte, en référence au personnage machiavélique de Shakespeare. "Il a découvert qu'on pouvait faire la peau à Bernard Laporte", a attaqué Me Versini-Campinchi.

Bernard Laporte avait finalement renoncé à ce contrat avec Altrad. Il avait aussi confirmé, dans un entretien au Parisien le 30 août 2017, qu'il avait bien appelé Jean-Daniel Simonet, mais pour lui "donner un éclairage politique" sur la crise secouant le rugby français, pas pour faire pression.

Robert Malterre était lui aussi venu témoigner à l'audience jeudi, mais la 17e chambre a dû s'en passer... car son train repartait trop tôt. Le jugement a été mis en délibéré au 11 juillet.

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

Judo : Riner sacré pour la huitième fois à Paris, Romane Dicko également en or

Clarisse Agbégnénou décroche sa septième victoire au Grand Chelem de Paris

Judo : avec trois médailles d'or à son actif, la France a brillé au Grand Slam de Paris