Au Mexique, des Africains sur la route des migrants vers les Etats-Unis

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Charlotte est arrivée il y a près de deux ans à Tijuana, au nord du Mexique, dans l'espoir d'entrer un jour aux Etats-Unis. Mais ce qu'elle veut aujourd'hui c'est que ses deux enfants restés en Afrique la rejoignent.

Cette Ghanéenne de 39 ans fait partie de ces migrants africains, de plus en plus nombreux, qui comme des milliers de Centraméricains traversent chaque année le Mexique en quête d'une vie meilleure.

Son long périple a débuté en Equateur, il y a deux ans, où elle est arrivée par avion, seule, avec un simple visa de touriste. Puis elle est partie vers le nord, traversant notamment à pied la jungle au Panama, l'un des moments les plus durs de son périple.

"Je ne savais pas que le trajet serait aussi horrible, j'ai eu très peur. Je ne conseille à personne de faire ce que j'ai fait", confie-t-elle en anglais à l'AFP dans son logement social presque vide, où l'on aperçoit un vieux frigo et une table.

Charlotte a finalement gagné la ville frontalière de Tijuana où elle a trouvé un emploi dans une entreprise d'aluminium. Elle parle "un petit peu espagnol", dit-elle, juste de quoi se débrouiller.

Certains migrants qu'elle connaît ont tenté de franchir la frontière clandestinement, mais elle veut entrer légalement aux Etats-Unis. "Quand tu rentres clandestinement, tu ne peux rien faire là-bas", estime cette femme.

A l'autre bout du Mexique, dans le flot de migrants d'Amérique centrale qui arrivent dans l'Etat du Chiapas (sud), d'autres voyageurs africains visent eux aussi le rêve américain.

A Tapachula, près de la frontière avec le Guatemala, près de 1.000 d'entre eux attendent un visa.

En 2018, près de 3.000 migrants africains ont traversé le pays et le chiffre semble en forte augmentation cette année, selon les autorités mexicaines.

Au premier trimestre de 2019, il a plus que doublé, avec 1.044 migrants africains recensés contre 408 sur la même période l'an dernier.

- "Pression psychologique" -

La plupart d'entre eux proviennent de la République démocratique du Congo (RDC) et du Cameroun. D'autres viennent aussi du Ghana et d'Erythrée.

Enfermés dans un centre de rétention improvisé dans un parc de la ville, ces migrants africains veulent gagner la frontière américano-mexicaine.

Mais ils se heurtent désormais à un changement de stratégie des autorités mexicaines qui fournissent des visas autorisant les migrants à circuler uniquement dans les Etats du sud du pays pour éviter que ne se forment de nouvelles caravanes.

"Ce qu'ils veulent, c'est migrer, marcher, ce que l'Institut national de migration veut éviter à tout prix", explique Luis Rey Villagran, un activiste travaillant au côté des migrants.

Les autorités exercent sur eux une "pression psychologique" pour les empêcher d'aller au nord, dénonce-t-il.

Installés sous des structures en tôles, ces migrants ont dressé de petites tentes dans la chaleur tropicale. Par moment, ils entonnent des chants religieux.

Certains sautent discrètement le mur pour aller acheter de la nourriture dans les commerces alentours avant de retourner à l'intérieur, a pu constater l'AFP.

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Méfiants, la plupart refusent d'être filmés ou de décliner leur identité.

"Dans mon pays, les gens se battent", commente à l'AFP un Congolais de RDC sous le couvert de l'anonymat avant de retourner furtivement dans le centre migratoire.

Un autre, de nationalité érythréenne, raconte dans un anglais sommaire être d'abord arrivé par avion au Brésil avant de rejoindre le nord par la route. Il explique avoir fui "des problèmes politiques en Érythrée".

En sortant du centre de rétention, ils savent qu'ils s'exposent à une expulsion du pays. Malgré sa demande, l'AFP n'a pas obtenu l'autorisation d'entrer à l'intérieur.

Le gouvernement mexicain a indiqué récemment être confronté à une augmentation "inhabituelle" du nombre de migrants.

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Quelque 300.000 personnes ont traversé le pays au cours des trois derniers mois. Parmi eux se trouvent en grande majorité des Centraméricains mais il y a aussi des Africains et des Asiatiques, la plupart venant d'Inde, indiquent les autorités.

A 4.000 km au nord de Tapachula, Charlotte espère que ses enfants de 17 et 7 ans pourront la rejoindre, après le décès récent de leur père.

Sinon, dit-elle, malgré son long périple et tous ses efforts, elle renoncera à son rêve américain "pour retourner au Ghana".

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