Golfe: tensions après des "actes de sabotage" contre quatre navires

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De mystérieux "actes de sabotage" présumés contre quatre navires ont provoqué une montée des tensions dans le Golfe, au moment où Donald Trump mettait une nouvelle fois en garde l'Iran contre tout passage à l'acte contre les intérêts américains.

"Deux pétroliers saoudiens ont fait l'objet d'actes de sabotage" dimanche "dans la zone économique exclusive (ZEE) des Emirats arabes unis, au large des côtes de l'émirat de Fujairah, alors qu'ils étaient sur le point de pénétrer dans le Golfe d'Arabie", a déclaré lundi le ministre saoudien de l'Energie Khalid Al-Falih.

Après un démenti initial, les Emirats ont eux fait état d'"actes de sabotage" contre quatre navires commerciaux de différentes nationalités à l'est de l'émirat de Fujairah, sans identifier les auteurs mais en évoquant un événement "grave". Outre les deux tankers saoudiens, Al Marzoqah et Amjad, il s'agit d'un bateau norvégien, Andrea Victory, et d'un cargo émirati, A. Michel, a précisé un responsable gouvernemental émirati.

L'Arabie saoudite et les Emirats sont deux alliés proches des Etats-Unis, qui viennent de renforcer leur présence militaire au Moyen-Orient pour contrer l'Iran.

"On va voir ce qui va se passer avec l'Iran", a lancé lundi le président Trump. "S'ils font quelque chose, ils vont souffrir énormément", a-t-il insisté, sans plus de précisions.

Dans la soirée de lundi, le New York Times a rapporté que le ministre américain de la Défense par intérim, Patrick Shanahan, avait présenté la semaine dernière, lors d'une réunion avec des conseillers à la sécurité nationale de M. Trump, un plan selon lequel jusqu'à 120.000 hommes pourraient être envoyés au Moyen-Orient si l'Iran attaquait des forces américaines.

Ce plan, qui n'en est qu'à un stade préliminaire, n'appelle pas à une invasion terrestre et le chiffre évoqué est le plus élevé de la fourchette envisagée, précise le quotidien, selon qui il n'est pas sûr que le président Trump ait été mis au courant des détails du plan.

- Crainte d'une "escalade" -

Aucun lien n'a été officiellement fait entre ces incidents maritimes et les projets d'attaques "imminentes" imputés depuis la semaine dernière par Washington à Téhéran. Interrogé sur un éventuel rôle iranien, l'émissaire des Etats-Unis pour l'Iran, Brian Hook, n'a pas souhaité faire de commentaire, se bornant à dire que les autorités américaines allaient apporter leur assistance aux enquêteurs, à la demande des Emirats.

Il a aussi assuré que le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo, à Bruxelles pour une visite impromptue pour parler des "menaces" iraniennes avec ses homologues européens, avait discuté avec eux "de ce qui s'apparente à des attaques contre des navires commerciaux".

En réponse, les Européens ont mis plus largement en garde contre les risques de la période actuelle.

"Je lui ai dit de de manière claire que nous sommes préoccupés par les tensions dans la région et que nous ne voulons pas d'une escalade", a déclaré le chef de la diplomatie allemande, Heiko Maas, après sa rencontre avec Mike Pompeo.

A Téhéran, les autorités iraniennes ont demandé une enquête sur des "incidents" jugés "alarmants et regrettables", évoquant "l'aventurisme" d'acteurs "étrangers" pour déstabiliser la région.

- "Acte criminel" -

De nombreuses zones d'ombre persistent sur ces "actes de sabotage" présumés dans le Golfe, où toutes les places boursières ont baissé lundi.

Les autorités à Ryad ont "condamné" un "acte criminel" qui constitue une "sérieuse menace" à la navigation maritime et a "une incidence néfaste sur la paix et la sécurité", affirmant que les actions contre les pétroliers saoudiens n'avaient causé ni victime ni marée noire mais provoqué "des dégâts significatifs aux structures des deux navires".

Un des deux navires devait recevoir une cargaison de pétrole destinée à des clients américains, ont-elles précisé.

Le gouvernement des Emirats a lui appelé la communauté internationale à "prendre ses responsabilités pour empêcher que de telles actions soient commises par des parties cherchant à porter atteinte à la sécurité de la navigation".

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Le port de Fujairah est le seul terminal émirati sur la côte de la mer d'Arabie qui contourne le détroit d'Ormuz, par où passent la plupart des exportations de pétrole du Golfe. A plusieurs reprises, l'Iran a menacé de fermer ce détroit stratégique, crucial pour la navigation mondiale et le commerce pétrolier, en cas de confrontation avec les Etats-Unis.

Les relations déjà tendues entre Washington et Téhéran se sont envenimées depuis une semaine: l'Iran a suspendu certains de ses engagements pris en vertu de l'accord de 2015 encadrant son programme nucléaire, un an après le retrait américain de ce texte, tandis que l'administration Trump a renforcé ses sanctions contre l'économie iranienne.

Parallèlement, le Pentagone a dépêché dans la région un porte-avions, un navire de guerre, des bombardiers B-52 et une batterie de missiles Patriot, évoquant des menaces de l'Iran ou de ses alliés contre des ressortissants ou des intérêts américains au Moyen-Orient.

L'analyste Karen Young, du cercle de réflexion American Enterprise Institute, a invité à la prudence face à "l'engrenage des provocations" accompagnées de possibles "mauvaises interprétations".

De son côté, Neil Partrick, expert du Golfe, a estimé que s'il y avait "vraiment eu une tentative délibérée d'endommager ces tankers, alors ce pourrait être un avertissement de l'Iran sur les conséquences d'une quelconque action militaire contre des cibles iraniennes (...) dans la région".

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