Grèce : Tsipras tente un coup de poker risqué avec des législatives anticipées

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Par AFP
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Après le revers cuisant de son parti de gauche aux Européennes, le Premier ministre grec Alexis Tsipras tente un coup de poker bien risqué, en convoquant des élections anticipées fin juin dans un pays où les partis traditionnels font un retour en force.

A la tête de l'un des rares gouvernements de gauche dans une Europe conservatrice et eurosceptique, Alexis Tsipras, 44 ans, a subi une défaite "inattendue", relève Manolis Alexakis, sociologue à l'Université de Crète.

Son parti Syriza est devancé d'environ 9,5% par celui de son principal adversaire conservateur de Nouvelle-Démocratie, Kyriakos Mitsotakis, 51 ans, selon les résultats partiels de 80% des bureaux de vote, publiés lundi.

Aux régionales et municipales, qui coïncidaient en Grèce avec les Européennes, les conservateurs sont également partout majoritaires dans les préfectures et mairies grecques, y compris dans les grandes villes, Athènes et Thessalonique, où un deuxième tour dimanche devrait confirmer la tendance.

C'est ce "message fort de renversement" du gouvernement, selon la une lundi du quotidien libéral Kathimerini, qui a poussé Alexis Tsipras à mettre immédiatement en jeu son mandat, avant son expiration en octobre.

Trois heures après la publication de premiers résultats, il a décidé de jouer son va-tout au niveau national et d'user d'une stratégie qu'il avait déjà expérimentée: "je ne peux pas ignorer ce résultat (...), c'est au peuple de décider, je vais demander des élections anticipées", a-t-il dit en s'addressant aux médias dans la nuit.

Ce scrutin aura lieu le 30 juin ou début juillet au plus tard, selon les analystes.

En septembre 2015, six mois à peine après sa première élection, Alexis Tsipras avait déjà été contraint de convoquer à nouveau les électeurs, après avoir accepté un nouveau prêt des créanciers grecs (UE et FMI).

Mais s'il avait remporté la bataille, il avait perdu sa majorité parlementaire et avait dû former une coalition avec un petit parti souverainiste, une stratégie qui lui avait valu bien des critiques, tant à droite qu'à gauche.

A l'époque, les Grecs étaient encore sensibles à "son charisme politique" tandis que "la colère prévalait contre les vieux partis, Nouvelle-Démocratie et socialistes (Kinal, ex-Pasok) tenus responsables de la crise", rappelle Manos Papazoglou, professeur des sciences politiques à l'Université de Péloponnèse.

La Grèce a connu une reprise économique en 2017 et a pu sortir des programmes d'aide en été dernier.

-"Occasions perdues"-

"Le gouvernement Tsipras a fait des erreurs de gestion, il a polarisé le climat entre la droite et la gauche et perdu l'occasion de faire des alliances avec le centre-gauche du Kinal, qui s'est renforcé lors des Européennes" et devient le troisième parti du pays, évinçant les néonazis d'Aube dorée qui arrivent à la 5e place, estime M. Alexakis.

L'an dernier, le dramatique incendie de Mati, station balnéaire près d'Athènes, ayant fait une centaine de morts et survenu quelques mois après des inondations catastrophiques à Mandra dans l'ouest d'Athènes (23 morts), ont ajouté aux critiques de l'opposition.

Les spéculations sur des élections anticipées s'étaient récemment intensifiées, après l'accord sur le nouveau nom de la Macédoine du Nord qui a ravivé le nationalisme, surtout dans le Nord du pays.

L'élection d'Alexis Tsipras en janvier 2015 avait pourtant créé une rupture de l'échiquier politique traditionnel grec, essentiellement fondé sur de grandes dynasties familiales.

Profitant de la colère et du désespoir de l'électorat après la crise de 2010, M. Tsipras était devenu le plus jeune Premier ministre que la Grèce ait connu.

Mais "Tsipras n'a pas saisi l'occasion d'implanter durablement son parti dans la société pour rivaliser avec les partis traditionnels" présents depuis des décennies, explique M. Papazoglou.

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Dans le sillage "d'une Europe en quête de sécurité et de renfermement nationaliste, le centre-droit en Grèce gagne du terrain et se redéfinit", analyse aussi M. Alexakis.

Le principal rival de Tsipras pour les prochaines législatives, Kyriakos Mitsotakis est le fils de l'ex-Premier ministre conservateur défunt Constantin Mitsotakis (1990-1993), qui avait dominé la scène politique grecque de l'après-guerre.

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