Roumanie: prison ferme et incarcération imminente pour l'homme fort du pouvoir

Le patron de la gauche roumaine Liviu Dragnea le 15 avril 2019 à Bucarest
Le patron de la gauche roumaine Liviu Dragnea le 15 avril 2019 à Bucarest Tous droits réservés Daniel MIHAILESCU
Par AFP
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L'homme fort de la Roumanie, le patron de la gauche Liviu Dragnea, a été condamné lundi à une peine de trois ans et demi de prison ferme dans son procès en appel pour détournement de fonds publics, ce qui l'expose à une incarcération imminente au lendemain d'un cuisant revers aux Européennes.

La Haute Cour de Cassation de Roumanie, qui prononce également des jugements en appel pour les responsables politiques, a confirmé le verdict prononcé en juin dernier contre le chef du Parti social-démcorate (PSD) au pouvoir.

M. Dragnea, 56 ans, qui n'était pas présent dans la salle d'audience, dispose de 24 heures pour se rendre au commissariat de police le plus proche afin d'exécuter la sentence qui risque de plomber à long terme les ambitions politiques de cet élu controversé qui avait mené les sociaux-démocrates à une large victoire aux législatives de décembre 2016.

Liivu Dragnea a été empêché de briguer le poste de Premier ministre en raison d'une condamnation avec sursis dans un autre dossier judiciaire, portant sur des fraudes électorales. Ses détracteurs l'accusent de chercher à assouplir le code pénal afin d'échapper aux différentes procédures le visant.

Régulièrement pris à partie par la Commission européenne et par le président de centre droit Klaus Iohannis, qui lui reprochent de saper l'Etat de droit, le dirigeant a également subi un revers dans les urnes dimanche.

Cet homme svelte, à la moustache grisonnante, avait encaissé dans la soirée le recul de quelque 13 points de son parti aux européennes, à moins de 25% des suffrages, selon les résultats partiels. Il a qualifié de "tempête de haine" les critiques dont il fait l'objet.

Le scrutin était couplé à un référendum antigouvernemental organisé par M. Iohannis contre les réformes judiciaires de la gauche. La consultation ayant atteint le quorum requis pour être validé, fixé à 30%, les analystes pronostiquent là encore une défaite de la majorité. Les résultats de la consultation sont attendus lundi.

- Pressions "inimaginables" -

Balayant les critiques concernant ses tentatives d'assouplir la législation anti-corruption, M. Dragnea assure régulièrement que ces mesures sont destinées à combattre des abus de pouvoir de certains magistrats, qu'il accuse d'être instrumentalisés pour lui nuire.

"Si les juges résistent aux pressions, qui sont inimaginables, je serai acquitté car je suis innocent", avait-il affirmé dimanche soir.

En première instance, il avait été reconnu coupable d'avoir fait pression pour que deux employées locales du PSD soient fictivement embauchées par les services de la protection de l'enfance dans son fief de Teleorman (sud).

Outre son appel, M. Dragnea a introduit plusieurs recours devant la Cour constitutionnelle, espérant invalider la procédure. La Cour doit rendre une première décision le 5 juin, trop tard toutefois pour le sauver en cas de condamnation, estiment des analystes.

Le chef du PSD a également créé la surprise dimanche en annonçant qu'il ne se présenterait pas contre M. Iohannis à l'élection présidentielle prévue fin 2019, contrairement à ce qu'il laissait entendre depuis des mois.

La réforme judiciaire engagée par le dirigeant a valu début mai à Bucarest un rappel à l'ordre de la Commission européenne, qui a prévenu que la Roumanie s'exposait à des sanctions "imminentes" si elle persistait dans cette voie.

M. Dragnea, qui a multiplié les discours souverainistes ces derniers mois, a rejeté ces critiques, accusant Bruxelles d'utiliser "deux poids deux mesures" à l'égard de son pays. Selon les analystes, cette offensive contre le monde judiciaire et ce tournant eurosceptique expliquent le recul du PSD dans les urnes.

Le dirigeant, qui a fait tomber deux Premiers ministres de son propre camp en l'espace de sept mois et a exclu de son parti plusieurs responsables qui l'avaient critiqué, ne se reconnaît qu'un unique tort: "Ma seule faute est d'avoir accepté de devenir le président du PSD" en 2015, a-t-il déclaré dimanche.

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