Le Burkina se réjouit de la décision française d'extrader François Compaoré

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Le gouvernement burkinabè s'est réjoui mardi de la décision de la justice française de valider l'extradition de François Compaoré vers le Burkina Faso, où ce frère de l'ancien président burkinabè est mis en cause dans l'assassinat d'un journaliste en 1998.

La Cour de cassation, plus haute juridiction judiciaire française, a rejeté le pourvoi du frère cadet de Blaise Compaoré, ex-président chassé par une insurrection populaire en 2014, après 27 ans de pouvoir. Elle a aussi refusé de transmettre au Conseil constitutionnel une question prioritaire de constitutionnalité déposée par sa défense contre les textes régissant l'extradition.

Le gouvernement français doit désormais prendre un décret pour rendre effective l'extradition de François Compaoré, soupçonné d'être le commanditaire de l'assassinat de Norbert Zongo, un journaliste d'investigation indépendant très critique vis-à-vis du pouvoir de l'époque, dont la mort avait provoqué une crise politique.

Agé de 64 ans, François Compaoré avait été arrêté à l'aéroport parisien Charles-de-Gaulle en octobre 2017 en exécution d'un mandat d'arrêt émis par les autorités de Ouagadougou.

Le ministre burkinabè de la Justice, René Bagoro, a salué sur la télévision nationale une "victoire d'étape". "La présence de François Compaoré (au Burkina) est un élément important pour l'avancée du dossier Norbert Zongo", a-t-il estimé.

"Nous sommes sereins, nous restons optimistes en espérant que les autorités françaises vont certainement prendre rapidement ce décret" afin que François Compaore "soit remis à la justice" burkinabè, a déclaré le ministre.

Robert Zongo, frère cadet du journaliste assassiné, s'est également félicité de la décision française.

"Cette décision de la justice française est salutaire". "François Compaoré aura tout son temps pour faire tous les recours qu’il voudra (...) j’ai la conviction qu'il rentrera au Burkina Faso", a-t-il déclaré à l'AFP. "Le peuple burkinabè aura toujours soif de justice dans l’affaire Norbert Zongo".

"C’est une étape importante dans le processus (...) de justice pour Norbert Zongo parce que Francois Compaoré est le principal suspect en tant que commanditaire de l’assassinat", a estimé Abdoulaye Diallo, directeur du centre de presse Norbert Zongo.

- "On a perdu une bataille" -

Me François-Henri Briard, avocat de M. Compaoré, a indiqué qu'"à supposer qu'un décret soit effectivement signé par le gouvernement français", il l'attaquerait devant le Conseil d'Etat. "On a perdu une bataille, mais pas encore perdu la guerre. M. Compaoré n'est pas encore extradé", a-t-il déclaré à l'AFP.

Le 5 décembre 2018, la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris avait autorisé l'extradition de M. Compaoré vers Ouagadougou, où le dossier Zongo, classé en 2003 après un non-lieu en faveur du seul inculpé, a été rouvert à la faveur de la chute de Blaise Compaoré.

Journaliste d'investigation reconnu et directeur de l'hebdomadaire L'Indépendant, Norbert Zongo avait été assassiné le 13 décembre 1998, alors qu'il enquêtait sur le meurtre du chauffeur de François Compaoré. Sa mort avait provoqué une profonde crise politique au "pays des hommes intègres".

Le journaliste, âgé de 49 ans, auteur de plusieurs enquêtes retentissantes dénonçant une mauvaise gouvernance sous le régime Compaoré, avait été tué avec trois de ses compagnons. Les quatre dépouilles avaient été découvertes calcinées dans une voiture.

- Demander justice -

A ce jour, François Compaoré n'est pas inculpé dans son pays, à la différence de trois ex-soldats du Régiment de sécurité présidentielle, l'ancienne garde prétorienne de Blaise Compaoré.

Dans son arrêt, la Cour de cassation a estimé que la chambre de l'instruction de la Cour d'appel de Paris avait demandé aux autorités burkinabè "divers éléments complémentaires", afin de savoir si M. Compaoré bénéficierait des "garanties fondamentales de procédure, des droits de la défense et d'un procès équitable", et de fait "justifié, sans insuffisance ni contradiction, sa décision".

La chambre de l'instruction a "examiné les engagements" de Ouagadougou garantissant que M. Compaoré ne serait pas soumis "à un traitement inhumain et dégradant, notamment, en cas d'incarcération et d'exécution d'une peine d'emprisonnement à vie", a aussi souligné la Cour.

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Comme l’assassinat de l’ex-président burkinabè Thomas Sankara en 1987, le meurtre de Norbert Zongo garde une forte charge symbolique au Burkina, où chaque année, le 13 décembre, des milliers de Burkinabè se rassemblent pour demander justice pour l'assassinat du journaliste.

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