Tchad: société civile et opposition dénoncent la "défaillance" du régime

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La société civile et l'opposition tchadiennes dénoncent la "défaillance" du pouvoir qui menace de rétablir la cour martiale au moment où les attaques jihadistes et les violences intercommunautaires se multiplient dans le pays.

Le président tchadien Idriss Déby Itno a dénoncé mardi à N'Djamena "de fortes complicités locales" avec le groupe jihadiste nigérian Boko Haram dans la région du lac Tchad où au moins huit attaques ont eu lieu depuis juin 2018, appelant à dénoncer "tous ceux qui servent de relais aux terroristes".

Pour le chef de l'Etat, Le Tchad "peut se présenter comme une digue" protégeant l'Afrique centrale de l'instabilité qui règne dans plusieurs pays du continent.

Les questions sécuritaires "pèsent beaucoup sur nos pays, la question de la (situation en) République centrafricaine, ou de Boko Haram (le groupe jihadiste nigérian) ou de la situation sécuritaire au Soudan, ou en Libye qui sont les pays voisins du Tchad", ont été abordées lors d'un entretien avec le président gabonais Ali Bongo Ondimba.

"Le Tchad peut se présenter comme une digue, si ça cède, ça ne serait pas bien", a-t-il souligné au palais présidentiel gabonais.

Les militaires tchadiens ont participé à de nombreuses opérations en Afrique, notamment contre les jihadistes au Mali, aux côtés de l'armée française.

Il a également menacé de rétablir la cour martiale, supprimée en 1993, alors que l’est du pays est en proie à un grave conflit intercommunautaire entre éleveurs et agriculteurs. Cette juridiction était compétente pour juger militaires et civils. Le Tchad a aboli fin 2016 la peine de mort à l’exception des affaires de "terrorisme".

Pour l'opposition tchadienne, les dernières déclarations du chef de l'Etat illustrent son "incapacité" à continuer à présider aux destinées du Tchad.

"C'est la preuve que Déby est incapable de gérer le pays sans recourir à des lois d'exception (...) les conflits intercommunautaires se multiplient de plus en plus. C'est la preuve que le régime actuel est à bout de souffle", a déclaré le président de l’Union Nationale pour le Développement et le Renouveau(UNDR), Saleh Kebzabo.

Au moins trente et une personnes sont mortes mi-mai dans l’est du Tchad, au cours d'affrontements opposant agriculteurs autochtones ouaddaïens et éleveurs membres de tribus arabes.

Depuis plusieurs dizaines d'années, l'est tchadien, zone de transhumance et région stratégique à la frontière avec le Soudan, est en proie à des conflits entre ces communautés. En novembre 2018, des affrontements meurtriers ont fait une dizaine de morts près d'Abéché, capitale du Ouaddaï, province orientale du Tchad.

"Le président Deby, 66 ans, qui est depuis 29 ans accroché au pouvoir, n’a pas été capable d’instaurer la paix et la sécurité au Tchad", estime le secrétaire général du Parti pour les Libertés et le Développement(PLD), Mahamat Ahmat Alhabo. "Déby doit se blâmer lui-même, c’est l’échec de sa gouvernance".

- Sécheresse et transhumance-

Selon des chercheurs, l'augmentation de la sécheresse dans la région et la pression démographique ont intensifié les tensions liées à la transhumance. Et à ces changements structurels, sont venus se greffer des problèmes ethniques.

Les troupeaux appartiennent en grande majorité aux Zaghawa, l'ethnie du président Déby, selon les agriculteurs, qui dénoncent l'impunité dont les éleveurs bénéficient lorsqu'un différend éclate.

Une situation conflictuelle entre éleveurs et agriculteurs qui se retrouve dans plusieurs autres pays africains, notamment au Nigeria.

"Sans nier les graves tensions dans ce pays, Déby a l’habitude d’exacerber les menaces internes", analyse le spécialiste français Roland Marchal, chercheur à Sciences-Po.

Des élections législatives, maintes fois reportées doivent avoir lieu en 2019.

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"Tout ce qui pourra retarder la tenue de ces élections pour Déby sera bienvenu", selon M. Marchal qui s'interroge sur la nécessité de rétablir la cour martiale alors que la "principale raison de l’intensification de ces conflits est liée à la sécheresse".

De son côté, la société civile tchadienne estime que la montée de l'insécurité est liée à une crise de l'autorité de l'Etat et à la complicité de certaines autorités décentralisées.

"Dans le cas de Boko Haram (...), il faut chercher les causes profondes de la survivance et de la résistance de cette nébuleuse secte islamiste" si "on évoque à demi-mots une certaine complicité de nos compatriotes", estime le fondateur du Mouvement Citoyen pour la Préservation des Libertés (MCPL), association de défense des droits de l’Homme, Jean Bosco Manga.

Le Mouvement Patriotique du Salut (MPS) du président Déby, estime que le système judiciaire actuel n'a pas "dissuadé certains de nos concitoyens d’exprimer leur haine en recourant à la violence" dans la région du lac Tchad et dans le conflit intercommunautaire dans l'est du pays.

"Le rétablissement de la cour martiale" pourrait les en dissuader, selon un membre du MSP, Jean-Bernard Padaré.

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