Le procès historique des séparatistes catalans s'achève en Espagne

Des Espagnols regardent sur écran géant Oriol Junqueras, l'ex-vice-président catalan emprisonné, au dernier jour de son procès, le 12 juin 2019 à Barcelone.
Des Espagnols regardent sur écran géant Oriol Junqueras, l'ex-vice-président catalan emprisonné, au dernier jour de son procès, le 12 juin 2019 à Barcelone. Tous droits réservés LLUIS GENE
Tous droits réservés LLUIS GENE
Par AFP
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button
Tous droits de reproduction et de représentation réservés. © 2024 - Agence France-Presse.
Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© 2024 - Agence France-Presse. Toutes les informations (texte, photo, vidéo, infographie fixe ou animée, contenu sonore ou multimédia) reproduites dans cette rubrique (ou sur cette page selon le cas) sont protégées par la législation en vigueur sur les droits de propriété intellectuelle. Par conséquent, toute reproduction, représentation, modification, traduction, exploitation commerciale ou réutilisation de quelque manière que ce soit est interdite sans l’accord préalable écrit de l’AFP, à l’exception de l’usage non commercial personnel. L’AFP ne pourra être tenue pour responsable des retards, erreurs, omissions qui ne peuvent être exclus dans le domaine des informations de presse, ni des conséquences des actions ou transactions effectuées sur la base de ces informations. AFP et son logo sont des marques déposées.

Après quatre mois d'audiences, le procès historique de douze indépendantistes catalans pour leur rôle dans la tentative de sécession de 2017 s'est achevé mercredi en Espagne où le tribunal rendra d'ici plusieurs mois sa décision ultra-sensible politiquement.

Anciens membres du gouvernement catalan, ex-présidente du parlement régional ou dirigeants d'associations indépendantistes, ces séparatistes ont été jugés pour avoir organisé le 1er octobre 2017 un référendum d'autodétermination, interdit par la justice et émaillé de violences policières, suivi le 27 du même mois d'une vaine déclaration d'indépendance votée par le parlement catalan.

Neuf d'entre eux sont en détention provisoire depuis plus d'un an.

Des centaines de témoins - dont l'ancien chef du gouvernement Mariano Rajoy - auront été entendus par la Cour suprême, plus haute instance judiciaire espagnole, dont le jugement est attendu à l'automne et ne pourra pas faire l'objet d'un appel.

Les accusés ont déjà prévu de saisir la Cour européenne des droits de l'homme.

L'ex-vice-président catalan Oriol Junqueras, incarcéré depuis novembre 2017, était le principal accusé en l'absence de l'ancien président régional, Carles Puigdemont, qui a fui en Belgique où il échappe aux poursuites. Il encourt 25 ans de prison.

"Voter (...) et défendre la république depuis un parlement ne peut pas constituer un délit", a-t-il déclaré avant que le procès ne s'achève. "Le mieux pour tout le monde, pour la Catalogne, pour l'Espagne, pour l'Europe, est de ramener la question sur le terrain politique", a-t-il ajouté, en appelant au "dialogue" pour résoudre la crise catalane.

"Croyez-vous que les Catalans vont arrêter de lutter pour leur droit à l'autodétermination à cause d'une décision de justice ? Je suis convaincu que non", a lancé un autre accusé, Jordi Cuixart.

Leurs partisans, qui les qualifient de "prisonniers politiques", ont appelé à manifester à 18H00 GMT à Barcelone (nord-est) où certains brandissaient dans l'après-midi des pancartes clamant "nous le ferons de nouveau" en référence à la tentative de sécession.

- "Violence" controversée -

La justice et le gouvernement espagnols n'ont cessé pour leur part de marteler que les accusés ne sont pas jugés pour leurs idées mais pour avoir enfreint la loi.

Condition indispensable du délit de rébellion, dont sont accusés neuf des douze indépendantistes, l'existence ou non d'un soulèvement violent aura été la question centrale de ce procès.

Le parquet n'a pas hésité à qualifier les évènements de 2017 de "coup d'Etat" s'étant déroulé dans un "climat d'insurrection".

Les juristes sont en revanche divisés sur le sujet. Les accusés ont balayé l'accusation de rébellion, affirmant que la violence était venue quasi-exclusivement de la police le jour du référendum.

"La violence (...) n'a jamais fait partie du code de conduite" des indépendantistes, a soutenu Jordi Turull, l'un des principaux accusés.

Pour les avocats des séparatistes, ils ont été coupables, dans le pire des cas, de désobéissance, délit sanctionné d'une simple peine d'inéligibilité.

- Centre du débat politique -

PUBLICITÉ

Les points de vue diamétralement opposés des deux parties reflètent le débat tout aussi polarisé hors de la Cour suprême.

Plus d'un an et demi après la tentative de sécession, la Catalogne est toujours gouvernée par les indépendantistes et profondément divisée, tandis que la question catalane reste au centre du débat politique national.

Le socialiste Pedro Sanchez, chef du gouvernement espagnol qui a entamé des tractations avec les partis pour être reconduit au pouvoir, cherche à se passer du soutien des séparatistes catalans. Ceux-ci lui ont rendu la vie impossible depuis le début du procès, précipitant notamment la convocation de législatives anticipées en avril en refusant d'approuver le budget de l'Etat.

Pour l'analyste politique Josep Ramoneda, dans ce contexte, "il est assez hypothétique que les gouvernements espagnol et catalan puissent se mettre à dialoguer", les séparatistes persistant à réclamer un référendum d'autodétermination dont Madrid ne veut pas entendre parler.

Et "quelle qu'elle soit, la sentence sera interprétée par le mouvement indépendantiste comme un élément auquel s'accrocher pour tenter de mobiliser à nouveau", estime Oriol Bartomeus, professeur de sciences politiques à l'Université autonome de Barcelone.

PUBLICITÉ
Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

Orbán à l'ouverture de la campagne du Fidesz : ce que fait Bruxelles, c'est jouer avec le feu, c'est tenter Dieu

Frappes mortelles russes sur le centre de l'Ukraine, Kyiv affirme avoir abattu un bombardier russe

Apparente attaque israélienne en Iran : l'AIEA essaie de rassurer