Lieutenant devenu leader, le Néerlandais Wout Poels a suppléé son chef de file Chris Froome pour remporter samedi, sous le déluge, la 7e et avant-dernière étape du Dauphiné, désormais mené par le Danois Jakob Fuglsang.
Trois jours après la grave blessure de Froome, qui a posté sa première photo sur un lit d'hôpital, Poels s'est imposé en grimpeur dans la seule arrivée au sommet de l'épreuve. Mercredi, il était "à 20 mètres derrière" le Britannique lors de la reconnaissance fatale au quadruple vainqueur du Tour, avant le contre-la-montre de Roanne.
"Il a fallu se remettre mentalement et faire le contre-la-montre à fond", a déclaré le Néerlandais (31 ans) qui pointe désormais à 28 secondes de Fuglsang au classement général.
Poels a produit son effort sous la flamme rouge du dernier kilomètre. Aux 200 mètres, il a repris et dépassé Fuglsang et l'Allemand Emanuel Buchmann, qui comptaient une centaine de mètres d'avance, pour gagner sous la pluie battante l'étape-reine du Dauphiné.
Si les écarts ont été une nouvelle fois resserrés entre les favoris, les coureurs ont affronté des conditions extrêmes dans les 40 derniers kilomètres. L'alerte météo orange, pour les orages annoncés sur le département de l'Isère, s'est avérée justifiée par la pluie et les bourrasques, la grêle par moments.
- La courte avance de Fuglsang -
Dans la montée finale, plutôt roulante, sur une route bordée par des ruisseaux d'eau et quelques débris, l'équipe de Fuglsang s'est montrée la plus solide. A l'avant, le Kazakh Alexey Lutsenko a tenu bon jusqu'aux 8 kilomètres en compagnie du Canadien Michael Woods, tous deux rescapés de l'échappée lancée après 20 kilomètres.
Le Danois a porté son attaque aux 2 kilomètres pour revenir sur Buchmann, parti quelques instants plus tôt. Ni le Britannique Adam Yates, porteur du maillot jaune, ni le Français Thibaut Pinot, les plus actifs pour mener la chasse avec l'Irlandais Dan Martin, n'ont pu revenir.
S'il a dû laisser le gain de l'étape à Poels, l'un des soutiens les plus efficaces de Froome en montagne qui a gagné aussi pour son compte personnel Liège-Bastogne-Liège en 2016, Fuglsang a pris les commandes de l'épreuve. Mais son avance s'élève à seulement 8 secondes sur Adam Yates, un avantage inférieur à la bonification allouée au vainqueur à l'arrivée des étapes en ligne (10 sec).
Pinot, dans un jour moyen de son propre aveu ("je limite la casse", a-t-il dit), a fait jeu égal avec des adversaires de haut niveau, à 10 secondes de Poels. Romain Bardet s'est situé à peine en-dessous (13 secondes). En revanche, le Colombien Nairo Quintana a lâché du temps (46 secondes) tout comme l'Australien Richie Porte.
Les différences traduisent des niveaux de forme différents à trois semaines du départ du Tour de France, l'objectif majeur pour tous. Y compris pour le Néerlandais Tom Dumoulin, qui s'est abstenu avant le départ par mesure de précaution, à cause d'un début d'irritation à un genou.
Dimanche, la 8e étape, longue de 113,5 kilomètres, présente un profil compact et dense entre Cluses (Haute-Savoie) et la station suisse de Champéry. Sept montées figurent sur le parcours, la dernière à deux kilomètres de l'arrivée.