Défiant Trump, le Sénat américain bloque une vente d'armes à Ryad

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Par AFP
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Le Sénat américain a marqué jeudi sa défiance envers Donald Trump en bloquant un méga-contrat d'armement avec l'Arabie saoudite pour dénoncer les ravages de la guerre au Yémen et l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi.

La décision est un coup dur pour l'Arabie saoudite, quelques heures après un premier camouflet diplomatique. Le Royaume-Uni a annoncé la suspension des ventes d'armes pouvant être utilisées par Ryad au Yémen, se conformant à une décision judiciaire.

A la Chambre haute du Congrès américain, plusieurs élus de la majorité républicaine se sont joints aux démocrates pour voter trois résolutions s'opposant à une vente d'armes, de munitions et de matériel à Ryad et à plusieurs autres pays arabes, d'un montant total de 8,1 milliards de dollars.

Elle avait été autorisée fin mai par l'administration Trump, qui avait contourné le Congrès en invoquant une situation d'urgence provoquée par l'Iran.

Les trois résolutions devraient être confirmées à la Chambre des représentants, contrôlée par les démocrates. Mais le président américain va ensuite certainement opposer son veto.

Les opposants à la vente ont fustigé la responsabilité de Ryad dans le conflit au Yémen, qui a fait des dizaines de milliers de morts, dont de nombreux civils, selon diverses organisations humanitaires.

"Quand elles visent les civils, comment pouvons-nous continuer à vendre ces armes", a affirmé le démocrate Robert Menendez.

Certains élus sont aussi furieux après l'assassinat en octobre 2018 de Jamal Khashoggi, correspondant du Washington Post et critique du régime, dans le consulat saoudien à Istanbul.

Le journaliste a été tué dans l'enceinte diplomatique avant d'être démembré, des affirmations "sans fondement" selon les autorités saoudiennes.

De nombreux parlementaires américains considèrent le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane comme le donneur d'ordre de ce meurtre, ce qui a été confirmé par l'enquête d'une experte de l'ONU publiée mercredi qui a révélé de nouveaux détails sordides.

- Appel à la France -

"Ce n'est pas le niveau de pétrole que vous pourrez produire qui vous donnera, de ma part et de celle des autres (sénateurs), l'autorisation de découper quelqu'un dans un consulat", a lancé le républicain Lindsey Graham à l'adresse de Ryad.

Mais le républicain Tom Cotton a appelé ses collègues à "envoyer un bon signal à Téhéran", affirmant que l'Iran attendait "des signes de fermeté ou de faiblesse" de Washington, en pleine période de tension entre les deux pays ennemis.

L'Arabie saoudite intervient militairement depuis 2015 au Yémen à la tête d'une coalition pro-gouvernementale contre les rebelles Houthis, soutenus par Téhéran.

A Londres, le ministre du Commerce international Liam Fox a annoncé jeudi la suspension des licences de ventes d'armes à l'Arabie saoudite et à ses partenaires de la coalition "qui pourraient être utilisées dans le conflit au Yémen".

La Cour d'appel de Londres avait auparavant estimé que ces contrats étaient entachés d'une "erreur de droit sur un point important", l'exécutif britannique n'ayant "pas évalué si la coalition (...) avait commis des violations du droit international humanitaire par le passé" dans ce conflit.

Le gouvernement va tenter d'interjeter appel, a souligné M. Fox.

Le ministre saoudien des Affaires étrangères Adel al-Jubeir a minimisé la décision judiciaire, qui "touche plus à la forme qu'au fond".

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"Les licences de ventes d'armes (qui ont été accordées) vont se poursuivre" et les nouvelles licences "attendront" jusqu'à ce que le gouvernement britannique fasse les "changements nécessaires à ses procédures", a-t-il réagi lors d'une conférence de presse à Londres.

Il a mis en garde contre un arrêt des ventes d'armes dont "le seul bénéficiaire va être l'Iran", soulignant que son pays "se bat pour empêcher l'Iran de prendre le contrôle de pays stratégiquement importants".

Parmi les autres pays vendeurs d'armes, l'Allemagne avait pris la même décision en invoquant la mort de Jamal Khashoggi.

Plusieurs ONG ont appelé la France, qui refuse jusqu'ici de suspendre ses contrats avec Ryad, à suivre les pas de Londres.

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