A Hong Kong, la fuite des cerveaux, conséquence de la grogne anti-Pékin

Edward, venu de Hong Kong pour étudier à Taïwan, dans une rue de Taipei le 18 juin 2019
Edward, venu de Hong Kong pour étudier à Taïwan, dans une rue de Taipei le 18 juin 2019 Tous droits réservés Sam YEH
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Conséquence de la grogne contre l'ingérence de Pékin, combinée aux inégalités sociales croissantes et à un marché immobilier à son zénith, des Hongkongais partent - ou rêvent de partir - vivre à l'étranger, aspirant à plus de liberté à Taïwan, en Australie ou en Europe.

Edward, un étudiant en informatique de 23 ans, qui préfère ne pas donner son nom de famille, est parti à l'université à Taïwan, île que Pékin considère là aussi comme son territoire.

"Dans mon université, il y a de plus en plus de Hongkongais chaque année. Je pense que la principale raison, c'est que la pression est trop forte à Hong Kong, sur le plan politique et économique... A Hong Kong je devrais vivre avec mes parents et je ne pourrais pas me permettre un emprunt pour acheter mon propre logement", témoigne-t-il.

Une fois son cursus fini, Edward pense à émigrer en Australie ou à rester à Taïwan. Le projet de loi hongkongais visant à permettre les extraditions en Chine continentale "m'a conduit à accélérer mes plans pour émigrer", ajoute-t-il.

Steven Lam, employé d'un société de logistique de 37 ans, était quant à lui parmi le million de Hongkongais descendus dans la rue le 9 juin, puis parmi les près de deux millions le 16, contre ce projet de loi visant à autoriser les extraditions vers la Chine continentale.

Alors que les manifestations ont repris vendredi, ce Hongkongais de naissance, qui n'a jamais vécu ailleurs, envisage désormais, avec douleur, d'émigrer en Australie, avec sa femme et leur bébé d'un an.

"La Chine renforce son emprise sur Hong Kong" ces dernières années, critique celui qui veut partir quand son fils aura l'âge d'entrer à l'école primaire, pour qu'il bénéficie d'une éducation "encourageant le sens critique" et "ne soit pas du gavage" comme ce que lui a connu dans son enfance à Hong Kong.

"En Australie, je devrai peut-être travailler comme chauffeur ou dans une cuisine", se dit prêt à accepter ce cadre.

Comme lui de nombreux Hongkongais émigrent à l'étranger ou y pense de plus en plus sérieusement, notamment parmi ceux qui dénoncent l'ingérence grandissante de Pékin, en violation du principe "un pays, deux systèmes" qui garantit à Hong Kong, en théorie jusqu'en 2047, une semi-autonomie et des libertés inexistantes ailleurs en Chine.

Aucune statistique n'existe et nombre de Hongkongais ont plusieurs passeports, notamment canadiens, américains et australiens, ce qui rend difficile d'évaluer le phénomène.

John Hu, un consultant spécialisé dans les procédures de visa, confirme le phénomène, et décrit deux pics d'émigration: après la rétrocession de Hong Kong à la Chine en 1997 et après l'échec de la Révolution des parapluies en 2014.

- Troisième vague -

"Et là, on est face à une troisième vague" avec ce qui ressemble à la plus grave crise traversée par l'ex-colonie britannique depuis des dizaines d'années, assure-t-il, témoignant d'une hausse très importante des demandes de visa auprès de son entreprise.

"Les Hongkongais ne voient pas de signe d'amélioration sur le court terme concernant leur qualité de vie et les soins médicaux. Cela nourrit la soif d'émigration", analyse-t-il.

Le critique de cinéma hongkongais Po Fung a émigré à Taïwan l'an dernier, un projet mûri avec sa femme depuis 2017, année de la Révolution des parapluies.

"A cette époque, de plus en plus de Hongkongais ont commencé à venir s'installer à Taïwan et on a eu peur que Taïwan durcisse sa politique d'immigration alors on a préféré partir plus tôt", explique celui qui a reçu l'été dernier son statut de résident taïwanais et a ouvert une librairie spécialisée dans le cinéma.

"Je pense que les autorités ne vont pas s'arrêter de réduire les libertés à Hong Kong, et qu'un jour il n'y aura plus de différence entre Hong Kong et une autre ville chinoise", prédit-il.

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