La guérilla colombienne ELN, confiante dans une reprise du dialogue de paix

Pablo Beltran, négociateur pour la guérilla colombienne ELN, lors d'une interview avec l'AFP, le 28 mai 2019 à La Havane
Pablo Beltran, négociateur pour la guérilla colombienne ELN, lors d'une interview avec l'AFP, le 28 mai 2019 à La Havane Tous droits réservés ADALBERTO ROQUE
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Les pourparlers de paix entre le gouvernement colombien et l'ELN sont paralysés depuis un an, mais Pablo Beltran, négociateur pour la dernière guérilla d'Amérique latine, croit dans une prochaine reprise de ce dialogue, dans un entretien à l'AFP à La Havane.

"Nous avons un certain espoir que bientôt le gouvernement de (Ivan) Duque reverra sa posture négative face au dialogue", affirme le chef de la délégation de l'Armée de libération nationale (ELN), rébellion inspirée des idées du révolutionnaire Che Guevara.

Pablo Beltran et une dizaine de membres de sa délégation sont depuis mai 2018 à Cuba.

Ce pays avait été choisi pour héberger les pourparlers, entamés en 2017 en Equateur avec le gouvernement de Juan Manuel Santos, artisan en 2016 de l'accord de paix avec les Farc.

Mais l'arrivée au pouvoir d'Ivan Duque en août 2018 a entraîné le gel du dialogue puis son arrêt brutal après l'attentat en janvier de l'ELN contre une académie de police à Bogota, qui a fait 22 morts.

Pablo Beltran croit pourtant aujourd'hui que le terrain est propice à une reprise du processus: "Le gouvernement a beaucoup de problèmes et prendre le virage d'une relance du projet de paix peut lui donner de la marge pour gouverner. Nous pensons que c'est le mieux qu'il puisse faire, (pour) arrêter d'avoir tant de fronts de combat".

- Retour en arrière -

Quels fronts ? Tout d'abord, avec l'ex-guérilla des Farc, devenue parti politique. Ces derniers mois, le président Duque a déployé tous ses effort pour réformer l'accord de paix conclu avec elle, en vain. Les analystes s'attendent à ce qu'il revienne à la charge.

Pour Pablo Beltran, cette obstination est un grand retour en arrière.

"C'est une honte, ce qui est en train de se passer", le processus de paix avec les Farc est "au point le plus bas depuis sept ans".

Le négociateur reconnaît qu'une frange de l'ELN est désormais hostile face à l'attitude du gouvernement. "Mais on nous a dit de ne pas nous lever de la table (du dialogue). Le peuple colombien veut tourner la page de la guerre".

Autre front pour le gouvernement colombien, le Venezuela: Bogota milite activement pour un départ du président Nicolas Maduro, avec le soutien des Etats-Unis... et accuse l'ELN de liens avec Caracas.

Les services secrets colombiens affirment ainsi que près de 45% des 2.300 combattants de l'ELN se sont réfugiés au Venezuela.

"Nous n'avons pas de troupes" dans ce pays, rétorque Pablo Beltran, qui admet toutefois qu'il arrive que des membres de l'ELN passent côté vénézuélien. "Parfois, quand nous sommes très pressés à la frontière, à la (péninsule de) Guajira, là-bas la limite est une ligne imaginaire, on ne sait pas où est chaque pays".

Mais il nie toute réunion de haut niveau avec les autorités ou forces armées du Venezuela, pays choisi comme garant du dialogue avec l'ELN et qui a rompu ses relations avec la Colombie en février.

"Les canaux officiels ont été coupés une fois que la Colombie a coupé ses relations avec le Venezuela, et cela implique que (Caracas) n'est plus garant du processus de paix", assure-t-il.

- La Norvège, acteur-clé? -

Après l'attentat de janvier, Ivan Duque a exigé que Cuba lui remette la délégation de l'ELN présente sur l'île. La Havane a refusé.

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Actuellement, cette requête du gouvernement colombien "se fait moins pressante. Il y a un groupe de pays garants qui a signé des protocoles disant qu'en cas de rupture des conversations, ils s'engagent au retour de la délégation (à ses campements en Colombie). La Norvège et Cuba maintiennent cet engagement".

Pour Pablo Beltran, Oslo peut être un acteur-clé dans la reprise des discussions, à l'image de son rôle d'intermédiaire entre opposition et gouvernement au Venezuela.

"La Norvège s'est engagée dans le processus (de paix) avec l'ELN", souligne-t-il.

Si la paix est signée, "cela n'aura plus de sens que la guérilla reste en armes", promet le négociateur.

"Mais tant que continue l'extermination, ils (le gouvernement colombien, ndlr) nous rappellent que nous devons rester en résistance".

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