Covid-19 : comment les hôpitaux submergés se battent pour avoir plus de lits et de soignants

Hôpital Edouard Herriot à Lyon (France)
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Par Guillaume Petit
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Euronews a eu accès à un service de réanimation, dans un hôpital de Lyon, en Auvergne-Rhône-Alpes, la région la plus touchée de France. Comment les soignants se battent-ils pour trouver des lits ? Comment endurent-ils la pression ? Reportage.

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Débordés par l'afflux de patients souffrant du Covid-19, des hôpitaux accélèrent leurs transferts vers d'autres régions, tentent de convertir de nouveaux lits et réquisitionnent des personnels soignants en renforts voire les forment au plus vite. Euronews a eu accès à un service de réanimation dans un hôpital de Lyon, en Auvergne-Rhône-Alpes, la région la plus touchée de France.

Des patients de plus en plus nombreux. Et des lits de moins en moins disponible. En deux mois, le Professeur Laurent Argaud a vu la situation s’aggraver dans son service de réanimation à l'hôpital Edouard Herriot de Lyon. Le nombre de lits a augmenté, mais le nombre de patients aussi, et plus vite encore.

Cette situation dramatique est la même dans l'ensemble de la région Auvergne Rhône-Alpes, où près de 90% des lits de réanimation sont aujourd’hui occupés, en majorité par des patients Covid-19. Et dans les hôpitaux de Lyon, la barre des 90% est facilement dépassée.

Le profil des patients accueillis ces dernières semaines est désormais similaire à celui des malades accueillis lors de la première vague : des patients plutôt âgés et qui souffrent de comorbidité (plusieurs maladies comme le diabète).

Mais cette deuxième vague s’avère être plus lourde que la première. Alors pour éviter la saturation, les transferts de patients s’accélèrent. Il y en a déjà eu plus de 70 à ce stade dans l'ensemble de la région. Et 200 patients seront probablement concernés dans les deux prochaines semaines.

Plusieurs dizaines de transferts depuis la région Auvergne-Rhône-Alpes

Un moyen d'anticiper et d'avoir toujours un coup d'avance, dans le but de garder des lits disponibles pour les prochains patients. Car le pic n'est pas encore arrivé. Le nombre de nouveaux cas continuait d'augmenter début novembre, ce qui signifie que l'arrivée de patients à l'hôpital ne va pas se tarir dans les prochaines semaines.

"Nous sommes inquiets d'être contraints, à un moment ou à un autrede devoir sélectionner les patients selon des critères d'âge ou de comorbidité", explique Laurent Argaud, même si l'hôpital n'en est pas encore là. "Les transferts de patients sont une manière d'anticiper cette augmentation des besoins en lits de soin critique".

Ces transferts sont possible à certaines conditions : le patient, inconscient, doit être stable et intubé. Et ce sont aux familles de donner leur accord. Elles acceptent ce transfert "dans leur grande majorité", souligne Laurent Argaud, même s'il reste difficile à vivre, car les proches ne pourront lui rendre visite.

"C'est l’élément qui facilite un peu cette annonce, car les visites sont déjà interdites", relève Laurent Argaud. "Néanmoins, même si les familles ne viennent pas, il y a une habitude qui est prise avec les équipes car ce sont souvent les mêmes interlocuteurs qu'ils ont au téléphone donc c'est clairement un élément de perturbation pour les familles", ajoute le chef de service, qui explique aussi qu'un psychologue est disponible pour répondre à leurs interrogations.

Trouver de nouveaux lits, le parcours du combattant

Pour éviter d’en arriver là, Anne-Claire Lukaszewicz, cheffe du service de réanimation chirurgicale, a une tâche : trouver des lits disponibles dans d'autres services moins submergés pour les convertir en lits de réanimation. Une mission qui s’avère être compliquée, car même en période de confinement, le flux de patients non-Covid-19 reste tout de même important.

"C'est très tendu. Durant la première période du printemps, il y avait un confinement très sévère et beaucoup moins de patients urgents. Etant donné que ce deuxième confinement n'est pas de même nature, il reste une activité dehors, dans la ville, donc il reste une accidentologie, et c'est difficile de répondre à tous les besoins", souligne-t-elle.

Pour répondre à cette demande, ce service de réanimation de l'hôpital où euronews s'est rendu a vu le nombre d’infirmiers augmenter de 40%. Les services font appel à des infirmiers de blocs opératoires et à des élèves d'écoles d'infirmiers anesthésistes. Mais certains n’ont parfois jamais ou que peu travaillé en réanimation auparavant. Ils sont formés en un temps record.

Des personnels soignants appelés en renfort au pied-levé

Cette infirmière qui travaillait dans l’armée, avait travaillé un peu en réanimation par le passé. Elle est arrivée il y a deux jours et il lui faut s'adapter très vite à une situation décrite comme "tendue".

"Notre travail c'est de prendre soin des patients donc on le fait", explique-t-elle. "Mais il y a une tension qui est là car les moyens humains manquent énormément et on se rend compte de cela. Des lits manquent aussi. Et former des personnels à la va-vite cela peut avoir des conséquences : pour les soignants d'abord, sur le plan psychologiques, mais aussi pour les patients qui doivent bénéficier d'une qualité de soin égale. Mais on se rend compte que malheureusement ce n'est pas toujours le cas".

Le nombre de nouveaux cas ne cesse d'augmenter dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, ce qui laisse présager une aggravation de la situation dans les hôpitaux dans les prochaines semaines. Selon le ministre français de la santé Olivier Véran, la région est désormais la plus touchée de France, alors que les premières restrictions ont été mises en place à la mi-octobre.

Mais il est trop tôt pour observer leur impact sur le nombre d'arrivées dans les hôpitaux. Et beaucoup se posent aussi une question : ce deuxième confinement mis en place fin octobre, qui est plus souple que le premier, permettra-t-il de ralentir le nombre des hospitalisations et le nombre de prise en charge dans les services de réanimation comme au printemps dernier ?

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