Le Danemark demande à des réfugiés syriens de rentrer à Damas

Danemark : manifestation devant le Parlement en soutien à des Syriens menacés d'expulsion
Danemark : manifestation devant le Parlement en soutien à des Syriens menacés d'expulsion Tous droits réservés AFP
Par euronews avec AFP
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Un millier de personnes se sont rassemblées mercredi devant le Parlement danois en soutien à des Syriens qui se sont vus retirer leur permis de séjour du fait d'une situation jugée "sûre" à Damas et ses environs.

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Copenhague, devant le Parlement danois mercredi. Un millier de personnes se sont rassemblées en soutien à des Syriens, dont la situation choque. Des réfugiés syriens se sont vus retirer ces derniers mois leur permis de séjour par les autorités danoises, qui jugent la situation désormais "sûre" à Damas et dans ses environs.

Cette Syrienne est d'un autre avis. "Ma famille est ici au Danemark et si je rentre, il n'y a pas de lois en Syrie qui peuvent me protéger comme ici au Danemark", explique Faeza Satouf, étudiante. "Mon père est recherché là-bas, alors je serai bien sûr arrêtée à mon retour à l'aéroport, ils me menaceront et me forceront à leur dire où est mon père, pour le forcer à revenir, et il sera arrêté aussi."

L'été dernier, les sociaux-démocrates, à la tête d'un gouvernement minoritaire, ont décidé de réexaminer les dossiers d'environ 500 Syriens. 189 d'entre eux se sont déjà vus priver de leur permis de séjour. Le Danemark est le premier pays de l'UE à prendre une telle décision.

"Notre objectif n'est pas qu'ils vivent dans ces centres pendant une longue période", justifie Rasmus Storklund, député social-démocrate et membre de la commission parlementaire sur l'immigration et l'intégration. "Notre objectif est qu'ils rentrent chez eux et qu'ils puissent être une ressource dans leur pays d'origine également avec les compétences et l'éducation qu'ils ont reçues au Danemark."

Légalement, les permis de résidence temporaire sont donnés sans limite de temps en cas de "situation particulièrement grave". Mais ils peuvent être de facto révoqués lorsque la situation n'est plus jugée comme telle. Ceux qui ne veulent pas partir d'eux-mêmes sont placés en centre de rétention.

Mais pour certains responsables associatifs, comme Michala Clante Bendixen, présidente de l’association Refugees Welcome Denmark, les raisons de ce durcissement sont aussi politiques. "La réponse se trouve dans la lutte acharnée entre les sociaux-démocrates et le Parti populaire danois d’extrême droite. Ses représentants ont passé les deux dernières décennies à utiliser leurs mandats dans un seul but : ils ne votent pour des projets de loi concernant d’autres questions que s’ils obtiennent en contrepartie des mesures restrictives sur les étrangers. Pas à pas, le Parti populaire danois a entraîné tous les autres partis dans sa direction, à commencer par les sociaux-démocrates", explique-t-elle.

Une décision qui a suscité une vive polémique au Danemark, d'autant plus que le Conseil danois des réfugiés a rappelé les graves risques toujours encourus par la population à Damas, en Syrie.

"Quand les Syriens sont arrivés ici, on leur a dit : vous n'êtes pas ici de façon permanente, vous êtes ici jusqu'à ce que votre pays soit à nouveau sûr", explique Gerda Abildgaard, bénévole à la Croix-Rouge. "Mais la Syrie est-elle à nouveau sûre ? Il n'y a que le Danemark qui le dit".

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