La détresse des exilés suscite la solidarité polonaise

Le groupe de bénévoles Medycy na granicy (Médecins à la frontière) a qualifié la situation de "dramatique".
Le groupe de bénévoles Medycy na granicy (Médecins à la frontière) a qualifié la situation de "dramatique". Tous droits réservés Photo : capture d'écran d'un reportage AFP
Par Euronews avec AFP
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"Il est très important de leur montrer la solidarité, la chaleur humaine et qu'ils ne sont pas seuls", estime Marysia Zlonkiewicz, militante de Grupa Granica, un réseau de bénévoles polonais.

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Blotti dans un sac de couchage posé au ras du sol en pleine forêt, un jeune syrien sourit lorsqu'une militante polonaise lui promène un animal en peluche sur la poitrine. Elle se penche vers sa mère, serre sa main et demande : "Tout va bien ?".

La famille de quatre personnes vient de passer une semaine dans les bois froids et humides entre le Bélarus et la Pologne, comme des milliers de migrants qui tentent d'entrer dans l'Union européenne depuis cet été.

"Choisir entre la mort et la Pologne"

Après avoir entrepris le voyage pour chercher un traitement pour leur fils atteint de paralysie cérébrale, la mère Ala Massini raconte qu'ils se sont retrouvés coincés entre le Bélarus et la Pologne.

"Ils (les soldats bélarusses) nous ont dit que nous devions choisir entre la mort et la Pologne", explique la jeune femme de 25 ans, assise sous les pins, près de la petite ville polonaise de Kleszczele.

"Nous sommes allés du côté polonais pour demander l'aide de l'armée. Nous avons demandé à passer parce que les enfants avaient faim et froid, et qu'ils étaient malades, mais ils nous ont dit de retourner en Syrie", poursuit-elle.

La famille a alors pris contact avec un réseau de bénévoles polonais, Grupa Granica (Groupe frontière), dont les coordonnées circulent parmi les migrants et qui leur fournissent vêtements secs et nourriture.

Ils ont proposé une aide juridique et supervisé la rencontre avec les gardes-frontières.

"Il est très important de leur montrer la solidarité, la chaleur humaine et qu'ils ne sont pas seuls"
Marysia Zlonkiewicz
Militante de Grupa Granica

Membres d'ONG, médecins, hommes politiques ou citoyens ordinaires, ils trouvent des moyens d'aider.

"Beaucoup de gens ont tendu la main. Beaucoup veulent aider à chercher dans les bois ceux qui ont besoin d'aide, d'un repas chaud, d'eau, de vêtements chauds", souligne Marysia Zlonkiewicz auprès de l'AFP.

"Comme des ballons de foot"

Des centaines de personnes exilées se trouvent du côté polonais de la frontière et des milliers au Bélarus - la plupart d'entre eux étant renvoyés à plusieurs reprises entre les deux pays, "comme des ballons de football", déplore la militante.

Les exilés racontent que la partie bélarusse refuse de les laisser retourner à Minsk pour rentrer chez eux, tandis que les Polonais refusent de les laisser passer et déposer des demandes d'asile. Et les repoussent au Bélarus.

Certains parviennent à éviter les gardes-frontières et passer en Allemagne voisine, qui enregistre aussi une augmentation du nombre de passages frontaliers.

L'Union européenne soupçonne le Bélarus d'être à l'origine de l'afflux sans précédent d'exilés, majoritairement originaires du Moyen-Orient, vers la Pologne, en guise de représailles contre les sanctions européennes.

Le gouvernement polonais a instauré un état d'urgence local qui interdit aux journalistes et aux humanitaires l'accès à la zone frontalière immédiate. Les autorités veulent aussi construire un mur à la frontière.

Plusieurs migrants sont morts en tentant de traverser la frontière et la police a signalé des incidents au cours desquels des migrants ont jeté bâtons et pierres sur les forces de sécurité.

"Crise humanitaire"

Le groupe de bénévoles Medycy na granicy (Médecins à la frontière) a qualifié la situation de "dramatique". Le coordinateur du groupe, Jakub Sieczko, précise que la plupart des personnes retrouvées souffrent "d'exposition aux intempéries, de déshydratation, de malnutrition".

"Dans plusieurs cas, la vie des gens était directement menacée", insiste M. Sieczko.

"Malheureusement, le statut de zone d'exclusion nous interdit d'y entrer" malgré "la crise humanitaire", regrette-t-il.

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Les bons samaritains risquent des amendes et des arrestations s'ils s'y aventurent. Seuls les riverains sont exemptés de l'interdiction et quelques-uns ont rejoint le mouvement d'aide.

"Si nous ne faisons rien, cela mènera vraiment à une tragédie"

La ville voisine de Michalowo a fait la une des journaux lorsque les gardes-frontières ont renvoyé dans les bois un groupe d'exilés, femmes et enfants pour la plupart, malgré leurs demandes d'asile.

En réponse au tollé médiatique, les autorités locales ont décidé d'agir. Les locaux de la caserne des pompiers sont désormais remplis de sacs et de cartons avec des vivres et des vêtements.

"L'hiver arrive. Si nous ne faisons rien, cela mènera vraiment à une tragédie", avait indiqué le maire Marek Nazarko lors d'une manifestation contre les refoulements.

S'exprimant sous couvert d'anonymat, une garde-frontière nie les accusations de mauvais traitements : "jamais on ne ferait de mal à qui que ce soit. Les affirmations selon lesquelles nous confisquons leurs cartes SIM et nous les battons sont totalement fausses", assure-t-elle.

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Krystyna Luczewska, retraitée, est venue en voiture de la ville voisine de Bialystok avec cinq sacs de vêtements d'hiver. "Je pense surtout aux enfants", glisse, très émue, cette grand-mère de 66 ans.

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