Pour la première fois dans l'histoire des Jeux olympiques, les collectionneurs de bibelots disposent de leur propre espace d'échange officiel. Pour beaucoup, la conservation des souvenirs olympiques est un sport en soi, récompensé par une médaille d'or.
"Cela fait 40 ans que j'échange des pin's et des médailles", explique Robert Prat, originaire de Monaco, à Euronews Culture.
Féru de souvenirs, cet homme de 87 ans possède une "collection d'environ 5 000 pin's olympiques du monde entier". L'ex-entraîneur d'escrime compte partager son temps entre les événements sportifs et les rencontres avec d'autres collectionneurs.
Mais gérer un tel trésor n'est pas une mince affaire, cela demande de l'organisation et de l'espace. "Je stocke tous mes objets de collection dans des boîtes à chaussures qui s'entassent dans ma maison. Ma femme aimait acheter des chaussures, c'était un bon compromis", dit-il en riant.
En faisant défiler sa tablette, Prat montre fièrement ses pin's méticuleusement organisés, alignés dans des boîtes à chaussures rouges : "je n'apporte à l'échange que les pièces que j'ai en double. Mes objets les plus importants restent à la maison. Pour moi, il s'agit de rencontrer des gens qui partagent les mêmes idées que moi et d'admirer leurs collections", ajoute-t-il.
Paris accueille le premier espace officiel des collectionneurs
Pour la première fois dans l'histoire des Jeux Olympiques, les collectionneurs disposent de leur propre espace d'échange, situé dans la fan zone du Parc des Nations, dans le nord de Paris. Ici, les collectionneurs du monde entier peuvent nouer des liens autour d'une passion commune.
"Les timbres étaient autrefois les objets de collection les plus populaires, mais aujourd'hui, ce sont surtout les pin's qui sont à l'honneur. Cependant, une collection peut contenir n'importe quoi, pourvu que ce soit en rapport avec les Jeux olympiques", explique Stéphane Hattot, président de l'Association française des collectionneurs olympiques et sportifs (AFCOS).
La réserve personnelle de M. Hattot est bien plus lourde qu'un sac d'épingles - pour la transporter, il a même dû attacher une remorque. "Je suis fou d'haltérophilie, j'ai apporté des poids olympiques pour les exposer ici. Certains d'entre eux pèsent non seulement plus de 100 kg, mais ont également plus de 100 ans."
Les souvenirs olympiques ont vu le jour en 1896
La gymnaste américaine Simone Biles a attiré l'attention de ses fans en apportant une panoplie de pin's olympiques dorés à son nom pour les échanger dans la capitale française. Mais cette frénésie pour les souvenirs olympiques est loin d'être nouvelle : les athlètes auraient porté des badges en carton - semblables aux pin's actuels - lors des premiers Jeux olympiques de l'ère moderne, organisés à Athènes en 1896.
"Les objets créés pour les Jeux olympiques de 1896 sont très différents de ceux qui sont fabriqués pour Paris 2024. C'est en partie ce qui est intéressant, nous construisons nos collections pour raconter une histoire", explique Catherine Salaün, vice-présidente de l'Association française des collectionneurs d'olympisme et de sport.
Mme Salaün se qualifie elle-même de "super fan des Jeux olympiques", ayant assisté 14 fois aux Jeux olympiques, y compris les éditions d'hiver et d'été. "Paris est le 15e !", dit-elle avec un sourire radieux.
Un moyen de subventionner les billets olympiques
Le coût d'une participation aux Jeux peut rapidement atteindre des milliers d'euros. Pour de nombreux collectionneurs, l'échange peut donc être un moyen de se faire un peu d'argent de poche pour financer leur voyage.
"J'apporte des pin's que je n'ai pas payés très cher. Si je les vends ou les échange, cela peut réduire le coût de mon voyage", explique Scott Reid, un collectionneur olympique de l'État de Géorgie, aux États-Unis. Il consacre une pièce entière à sa collection dans le sous-sol de sa maison.
Pour ceux qui ne peuvent pas se rendre sur le site officiel, les échanges peuvent se faire n'importe où et n'importe comment, assure Scott Reid. "Si vous voyez quelqu'un avec un sac ou un cordon portant des pin's, cela signifie qu'il est possible d'aller vers lui, de lui parler et peut-être d'échanger quelque chose."
Même s'il peut gagner un peu d'argent, pour Reed, il s'agit avant tout "d'interactions et de rencontres avec des gens du monde entier - c'est l'esprit olympique".