Les efforts de relance du secteur européen du tourisme

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Par Paul HackettJeremy Wilks
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Le secteur du voyage et du tourisme est l'un des plus touchés par la crise du coronavirus. Que fait l'UE pour aider ses entreprises ? Et comment se relancent-elles ? Nous interrogeons une entrepreneure lyonnaise et un spécialiste de cette industrie.

2020 a été une année éprouvante pour le tourisme. Mais malgré toutes les difficultés, la pandémie de coronavirus pourrait-elle donner l'opportunité de transformer ce secteur ?

À Lyon, une entrepreneure a dû adapter son activité à cette nouvelle normalité. Depuis vingt ans, Anne Prost propose des visites personnalisées de Lyon et de ses hauts lieux gastronomiques. Nous la rencontrons alors qu'elle accompagne un groupe d'étudiants à travers la ville.

"Rassurer les clients"

Son entreprise qui se concentre sur la clientèle professionnelle était en plein essor avant la pandémie. À présent, elle lutte pour sa survie au prix de décisions difficiles.

"Il a fallu malheureusement licencier les stagiaires que j'avais," indique Anne Prost. "Ensuite, il a fallu rassurer les clients qui m'avaient déjà payée pour leur dire que j'allais les rembourser ou que j'allais mettre de côté l'argent pour la prestation suivante," dit-elle avant d'ajouter : "Il a fallu appeler mes clients pour leur dire : Je suis encore là, dès qu'on sera sorti de cette période-là, je pourrais vous proposer une nouvelle prestation encore plus incroyable !"

Nous lui demandons ce qu'elle a fait pour adapter son business model à ce contexte de pandémie. "Il s'agit de rassurer les gens, leur expliquer qu'en extérieur, ils seront en toute sécurité, les emmener dans des lieux où ils seront peu nombreux quitte à faire plusieurs petits groupes," répond la cheffe d'entreprise. "J'ai toute une équipe de guides qui travaillent pour moi, donc on s'adapte," insiste-t-elle.

Réponse européenne

Le secteur du tourisme qui représente pas moins de 10% du PIB de l'Union européenne est très durement touché.

Les services touristiques ont plongé de 75% entre février et juin en termes de chiffre d'affaires.

Pour sauver des millions d'emplois, la Commission européenne a assoupli les règles en matière d'aides d'État et mobilisé ses programmes et fonds de soutien aux entreprises.

À long terme, elle prévoit d'utiliser le nouveau fonds de relance Next Generation EU de 750 milliards d'euros pour promouvoir le tourisme durable.

Les spécialistes de cette industrie ont aussi salué les efforts de la Commission pour instaurer des critères communs lors de la mise en place de restrictions de voyage par les États membres. C'est le cas d'Emmanuel Mounier, secrétaire général de EU Travel Tech.

"Si on veut que les gens se remettent à voyager, alors il est vital que les pays européens se coordonnent quand ils veulent imposer des restrictions : ils doivent avoir des critères communs pour désigner des zones à risque en se référant à des preuves scientifiques," estime-t-il. "Ils doivent mettre en place des protocoles de test pour les voyages : c'est ce que la Commission propose et nous la soutenons à 100%," assure-t-il.

"Des clients qui voudront avoir plus d'informations"

Quant à l'avenir du secteur du voyage et du tourisme, voici comment Emmanuel Mounier l'envisage à présent : "Après cette crise, je crois que les gens voudront être plus informés : ils voudront savoir quelle est la meilleure offre qu'ils peuvent avoir, mais aussi quelle forme de voyage sera plus durable," juge-t-il.

"Donc les opérateurs devront être plus transparents et la numérisation jouera un rôle de plus en plus important en simplifiant le voyage et en le rendant moins cher, plus sûr et plus propre," précise-t-il.

En attendant, à Lyon, selon Anne Prost, la clientèle internationale tarde à faire son retour.

"Les étudiants étrangers ont pu rentrer et venir s'installer à Lyon puisqu'ils étudient dans des écoles françaises alors qu'ils viennent du monde entier," dit-elle avant d'ajouter : "Mais pour les entreprises, cela a été plus compliqué : elles ont eu de nombreux refus de visas, mais j'ai quelques réservations qui sont en train de se confirmer, donc je reste très positive," assure-t-elle.

Éléments-clés

La Commission européenne a mis en place un certain nombre de mesures pour soutenir le secteur du voyage et du tourisme mis à mal par la pandémie de coronavirus.

  • En mai, elle a adopté le paquet "Tourisme et transports" et des critères communs qui ont pour objectif d'aider les États membres à lever les restrictions de voyage à l'intérieur des frontières de l'UE et de permettre aux entreprises touristiques de reprendre leurs activités après plusieurs mois de confinement tout en respectant les nécessaires préconisations sanitaires.
  • En juin, un site web dédié et l'application mobile REOPEN EU proposant une carte interactive ont été lancés pour délivrer aux touristes et voyageurs des informations pertinentes pour voyager en sécurité dans l'UE.
  • La Commission a aussi agi pour garantir l'accès des entreprises du secteur, en particulier des PME, à des liquidités grâce à l'assouplissement des règles en matière d'aides d'État et à des financements européens dont l'octroi immédiat de liquidités aux entreprises touchées par la crise par le biais de l'Initiative d'investissement en réaction au coronavirus dans le cadre d'une gestion partagée avec les États membres et la mise à disposition d'un montant pouvant aller jusqu'à 8 milliards d'euros de financements pour les petites entreprises frappées par la crise via le Fonds européen d'investissement.
  • En matière d'emploi, le programme européen SURE aide les États membres à supporter les coûts des dispositifs de chômage partiel et des mesures similaires permettant aux entreprises de préserver les emplois. La Commission soutient également les partenariats conclus entre les services de l'emploi, les partenaires sociaux et les employeurs pour faciliter la reconversion professionnelle, en particulier des travailleurs saisonniers.
  • En juillet, le Conseil européen a abouti à un accord sur le plan de relance et le budget de l'Union européenne pour la période 2021-2027. Il autorise la Commission à emprunter jusqu'à 750 milliards d'euros sur les marchés financiers, 672,5 milliards étant attribués à la nouvelle facilité pour la reprise et la résilience.

Liens utiles

Paquet "Tourisme et transports" de la Commission européenne

REOPEN EU

Initiative d'investissement en réaction au coronavirus

Fonds européen d'investissement

Programme européen SURE

Journaliste • Paul Hackett

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