Le bonheur connecté existe-t-il ?

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Par Euronews
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Nos appareils connectés peuvent-ils nous aider à trouver le bonheur ?

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Comment trouver le bonheur? Voilà une question qui nous taraude tous et qui ne connaît pas de réponse unique. En attendant, explorons le chemin pour atteindre ce stade ultime de quiétude et parmi les balises dont nous disposons aujourd’hui, nos appareils connectés pourraient avoir un rôle à jouer et en premier lieu, nos smartphones que nous laissons rarement à plus d’un mètre de nous. Que ce soit pour publier un audacieux selfie, poster un message rempli d‘émoticônes sur WhatsApp ou réserver un Uber à destination de l’autre bout de la ville, nous en sommes dépendants.

Mais de la même manière qu’il peut être instructif de découvrir quel personnage de Game of Thrones nous correspond sur BuzzFeed, nous avons chacun un degré différent d’addiction qui peut influer sur notre bien-être émotionnel en bien ou en mal.

Si on vous demande ce qui vous apporte de la joie, il est peu probable que vous répondriez votre grignottage des réseaux sociaux.

Genia Nowicki, une productrice installée à Londres, consomme les nouvelles technologies avec autant d’appétit que n’importe qui, mais elle craint d‘être atteinte de Fomo (Fear Of Missing Out), cette peur constante de passer à côté de quelque chose, générée par Internet. Elle souffre aussi du syndrôme du contrôle du réfrigérateur provoqué par Facebook, un trouble similaire à ce comportement qui consiste à venir regarder à maintes reprises dans le réfrigérateur en espérant que quelque chose de délicieux puisse apparaître à la place des restes de la veille et de manière générale, à remettre les choses à plus tard. Pour Genia, il a été difficile d’en arriver à cette conclusion : elle doit chercher la plénitude ailleurs, dans la méditation grâce au yoga ou dans des choses simples comme courir pieds nus dans l’herbe, a-t-elle décidé.

Essayer de déterminer comment atteindre facilement le bonheur, cela revient inévitablement à ouvrir une boîte de Pandore philosophique. Matthieu Ricard, moine bouddhiste et traducteur pour le français du Dalai Lama depuis 1989, est considéré comme l’homme le plus heureux du monde. Cela a même été prouvé scientifiquement. Des tests ont mis en évidence une suractivité dans la partie de son cerveau, celle liée à la capacité d‘être heureux et une quasi-absence de pensées négatives. Dans son livre “Happiness: A Guide to Developing Life’s Most Important Skill”, il explique qu’“atteindre un bonheur durable nécessite un effort soutenu par l’entraînement de son esprit à développer des qualités comme la pleine conscience et l’amour altruiste”.

Un ancien moine tibétain a de son côté, repris ce concept d’entraînement de l’esprit en vue d’un meilleur contentement et l’a marié avec succès à la technologie. Son nom : Andy Puddicombe. L’application qu’il a co-créée baptisée “Headspace” est utilisée partout sur la planète : elle vise à rendre la méditation accessible au plus grand nombre. En renonçant à sa vie monastique et en lançant son projet, il est devenu millionaire.

Happify est une autre application en plein essor qui en plus de communiquer sur la notion de pleine conscience, veut aider à développer d’autres compétences clés pour atteindre une certaine quiétude comme la gratitude et l’empathie. Grâce à l’utilisation de jeux reposant sur une base scientifique, d’exercices d’auto-réflexion et d’activités à pratiquer dans la vraie vie, les utilisateurs assidus disent avoir constaté que leur niveau de bonheur s’est accru de 86% !

La psychologue Suzy Reading utilise elle cette application comme une boîte à outils pour prendre soin d’elle-même. Elle a même noué de véritables amitiés avec d’autres abonnés de la communauté en ligne. Happify l’a aidée à surmonter la tristesse qu’elle a ressentie quand elle a quitté sa maison en Australie pour venir s’installer au Royaume-Uni, un déménagement difficile, mais nécessaire pour venir soutenir son beau-père atteint d’une maladie en phase terminale.

Ces outils sont loin d‘être les seuls sur ce marché technologique du bonheur, tous proposant des doses quotidiennes de guidance et de promesses d’un plus grand contentement. Si des résultats peuvent être obtenus d’après leurs utilisateurs, ils nécessitent effectivement des efforts comme le préconise Matthieu Ricard car même si la technologie peut faire envisager de nouveaux comportements, encore faut-il les adopter dans le monde réel.

Mais là encore, la technologie peut nous prêter main forte, en particulier avec la technologie portative qui se développe de plus en plus. Cette industrie florissante devrait générer pas moins de 34 milliards de dollars de recettes en 2020 d’après une [**étude**](< http://www.ccsinsight.com/press/company-news/2516-wearables-momentum-continues
>) de CSS Insights. Bientôt, nos appareils connectés seront attachés à notre corps et joueront un rôle plus actif dans la gestion de notre humeur.

Ainsi, mettez votre casque Melomind et votre activité cérébrale sera enregistrée. Lorsqu’une tension sera détectée, elle sera atténuée avec le temps parce que vous aurez entraîné votre esprit grâce à l‘écoute d’une musique relaxante. L’appareil a été co-développé par le neuroscientifique Thibaud Dumas. “Paradoxalement, alors que les gens commencent à saturer d’un excès de technologie, je crois qu’en même temps, ils cherchent des appareils qui leur permettent de mieux résister au stress,” dit-il.

Quant au Thync, il pourrait être l‘équivalent technologique de l’anxiolytique Xanax. Grâce à son action immédiate, l’appareil fournit un soulagement à court terme en utilisant l‘électricité et les ultrasons pour modifier votre humeur en quelques minutes en stimulant certaines zones de votre cerveau. L’entreprise qui l’a développé assure que son “neurostimulateur” ouvre la voie à une nouvelle catégorie d’objets portatifs.

Une publication partagée par Thync (@thync) le 4 Avril 2016 à 21h06 PDT

Mais les avancées technologiques peuvent aussi nous submerger. La mode est aux cures de désintoxication numérique où des personnes n’hésitent pas à payer des centaines d’euros pour éteindre leurs appareils électroniques. Par exemple, l’hôpital de référence londonien pour la santé psychique Priory propose des programmes de thérapies pour ceux qui ont du mal à se sevrer de leur addiction à internet.

Cette vision selon laquelle nous serions tous accrocs à la technologie, isolés, accrochés à nos téléphones agace au contraire, Pamela Pavliscak. Elle est la fondatrice d’une entreprise de recherche en design Change Sciences et a mené des études qui montrent que la plupart des gens pensent en réalité que leur relation avec la technologie leur donne le sentiment d‘être intelligents et connectés, comme si leur vie était d’une certaine manière, amplifiée.

Ceux qui ont été interrogés racontent avec quel bonheur, “ils ont fait l’expérience de nouvelles formes de connections quand ils ont discuté via Skype avec quelqu’un qu’ils avaient rencontré lors de vacances en Italie ou quand ils ont formé un groupe en ligne de personnes qui aiment beaucoup les chats,” précise Pamela Pavliscak. “Créer et offrir des choses est aussi essentiel : il y a par exemple, ces gens qui éprouvent du plaisir à élaborer des playlists Spotify et des Flipboards pour leurs “meilleurs amis” (BFF) ou à faire des dessins pour leurs proches avec leur iPad,” poursuit-elle.

La technologie progresse implacablement sans tenir compte des arguments de ceux qui ne la voient pas comme une source de contentement. La génération Z – c’est-à-dire tous ceux qui ont moins de 21 ans aujourd’hui – ne la voient d’ailleurs, pas comme quelque chose d’extérieur à eux-mêmes ou comme une force négative dont elle devrait se détacher. Ils l’acceptent comme un élément totalement imbriqué dans leur vie. L’acceptation étant essentielle au contentement, ils nous invitent en tout cas à nous féliciter de cette opportunité technologique de nous mettre dans de meilleures conditions psychiques.

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Ce que les nouvelles technologies apportent à nos experts

Andy Puddicombe
Cofondateur deHeadspace, un site web et une application qui enseigne la méditation
“Je suis un surfeur passionné, alors j’utilise l’application Surfline pour vérifier les conditions sur la plage. Comme je suis papa, j’ai peu de temps pour aller surfer. Savoir que je peux voir à quoi ressemblent les vagues avant d’aller sur place, ça me permet de mieux intégrer le surf dans mon planning.”

Jenn Lim
Cofondatrice deDelivering Happiness, une entreprise qui aide les particuliers et les entreprises à recourir à des sources de contentement reconnues scientifiquement
“Mon application favorite – qui d’ailleurs, me procure de la joie -, c’est Apple Photos. Je voyage beaucoup et ma famille et mes amis, c’est ce qu’il y a de plus important pour moi. La technologie me permet de visionner leurs photos quand je suis dans un avion, en voiture ou dans le train et cela me procure une forme de contentement auquel je n’avais pas accès il y a à peine quelques années.”

Pamela Pavliscak
Fondatrice deChange Sciences, une société de recherche en design qui travaille à améliorer l’expérience de la technologie par ses utilisateurs
“Je trouve les applications qui incitent chacun à raconter son histoire très épanouissantes. J’y ai découvert des idées auxquelles je n’aurais jamais eu accès sans. L’une des plus intéressantes, c’est StoryCorps grâce à laquelle plus de 100.000 personnes ont enregistré des interviews sur leurs propres vies pour qu’il y en ait une trace pour l’avenir. C’est la plus vaste collection de témoignages jamais rassemblée.”

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