Transition démocratique en Birmanie

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Par Euronews
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“Depuis la dissolution, il y a deux ans, de la junte militaire qui a dirigé le pays d’une main de fer, pendant près d’un demi-siècle, un vent d’ouverture souffle sur la Birmanie, explique notre envoyée spéciale. Mais le pays est-il pour autant à l’abri d’une nouvelle vague de répression comme celle qui a jeté Aung San Suu Kyi et des milliers d’activistes politiques en prison pendant la révolution de Safran ?”

La Birmanie, avec plus d’une centaine de minorités ethniques, a toujours été en proie aux violences intercommunautaires. Mais depuis deux ans, ce sont les musulmans qui sont visés principalement. Les affrontements entre musulmans et bouddhistes ont fait plus de 200 morts et 150 000 déplacés.

U Pyi Kyaw, un moine qui dirige un orphelinat, a fait quinze ans de prison pendant la junte. Il a participé à la Révolution de Safran. Il dénonce une mascarade politique : “C’est le gouvernement qui est à l’origine de toutes ces violences intercommunautaires. Il s’agit d’une tactique utilisée pour effrayer la population avant les élections de 2015. Le gouvernement crée aussi des tensions dans le monde agricole à cause des expropriations, de l’accaparement de certains terrains”.

Avec l’appel inédit du président actuel au respect des médias comme “quatrième pouvoir”, l’agence de presse d’opposition Democratic Voice of Burma a pu ouvrir un bureau à Rangoun, l’an dernier. Mais son rédacteur en chef reconnaît qu’il est toujours difficile de traiter, certains sujets, comme les violences ethniques.

“C’est de plus en plus difficile, explique Zoe Zaw Latt. S’il y des violences, les autorités décident de fermer les routes, ce qui complique l’accès aux zones concernées. Il est aussi difficile d’atteindre les minorités marginalisées qui vivent dans des régions très éloignées. L’un des nos journalistes a été sévèrement molesté parce qu’il filmait des scènes de répression, sa caméra a été saisie.”

Avant, ce média était basé en Norvège et en Thaïlande et travaillait avec des journalistes clandestins. Le fait d’avoir un bureau dans le pays ne règle pas tout. Le producteur Than Win Htut explique que la couverture des élections présidentielles de 2015 va être un véritable casse-tête logistique : “Nous allons avoir de sérieuses difficultés pour couvrir les élections. Il y a toujours des problèmes liés aux transports publics, aux moyens de télécommunication, aux mauvaises infrastructures, tout cela c’est encore très compliqué”.

L’Europe veut aider le pays dans sa transition démocratique. Après la levée des sanctions européennes, il y a un peu plus d’un an, le chef de la diplomatie européenne a fait le déplacement à Rangoun pour lancer un groupe de travail UE-Birmanie, pour assister les autorités birmanes dans leur volonté de réformes.

“Tout le monde ici sait que nous travaillons à améliorer la vie économique pour le pays, explique Catherine Ashton. Nous voulons créer de véritables opportunités d’emplois, nous voulons un partenariat qui soit bénéfique pour les deux parties, c’est une des thématiques qui a été abordée lors du forum”.

Le chef de l’opposition a également participé à ce forum économique. La Dame de Rangoun, qui est aujourdhui député, se bat pour modifier la Constitution qui l’empêche, pour le moment, d‘être candidate aux présidentielles de 2015.

“S’assurer que les réformes politiques vont dans la bonne direction, c’est un effort permanent. Ces réformes ne se feront pas automatiquement, poursuit Aung San Suu Kyi. Et on ne peut jamais dire que c’est acquis et qu’il ne faut plus être vigilant. Il faut continuer jour après jour, année après année, décennie après décennie, génération après génération.”

Le pays avec ses réserves de gaz, de pétrole et de pierres précisieuses, est aujourd’hui perçu, par de nombreux entrepreneurs étrangers, comme un nouvel eldorado. Vicky Bowman a créé une ONG qui veille à ce que ces richesses naturelles ne profitent pas uniquement aux gros investisseurs, mais aussi aux 55 millions de Birmans. “L’un des principaux défis que nous voyons pour les investisseurs c’est le fait de connaître l’origine du terrain sur lequel ils s’installent, qui en est le propriétaire, s’il a été saisi auparavant. S’ils doivent gérer un projet où des agriculteurs ont été expulsés de leurs terres, les investisseurs doivent s’assurer que ces habitants ont été indemnisés et ont été traités selon les normes internationales. Et à l’heure actuelle, ce n’est pas le cas dans ce pays.”

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