L’Union européenne peut-elle éviter une nouvelle crise économique ?

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Par Efi KoutsokostaFanny Gauret
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Confrontée à la pandémie de coronavirus et au risque d’une nouvelle crise économique, l’UE tente d’apporter des réponses. Pour la première fois de son histoire, les règles budgétaires de l’Union ont été suspendues. Mais cela sera-t-il suffisant ? Real Economy se penche sur la question.

Dans ce nouvel épisode de Real Economy, nous examinons l'impact de la pandémie de coronavirus sur nos économies.

L'Union européenne a suspendu ses règles budgétaires en matière de déficits publics pour la première fois de son histoire, tandis que la Banque centrale européenne (BCE) a lancé un plan de relance de 750 milliards d'euros, signe fort qu'elle fera "tout ce qu'il faut" pour répondre aux conséquences économiques de la pandémie.

Dans un entretien avec le commissaire européen à l’Économie, Paolo Gentiloni, nous lui avons demandé si ces mesures seront suffisantes pour éviter un désastre économique.

Mais d’abord, nous nous rendons en Espagne, pour voir comment les travailleurs et les petites entreprises sont touchés par la crise.

En Espagne, l’économie au ralenti

Depuis le commencement de l’épidémie du coronavirus en Europe, beaucoup d’entreprises ont dû cesser complètement leur activité.

À Barcelone, l’une des villes les plus touristiques d’Europe, l’impact de cette crise sanitaire se fait sentir. Les principales préoccupations du pays, en plus de la crise sanitaire, sont les conséquences économiques qui en découlent, et les mesures qui seront prises au niveau national et européen, pour protéger les entreprises, et les emplois.

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Les rues de Barcelone, vides.Euronews

Le tourisme est l’un des secteurs qui contribue le plus à l’économie du pays et qui crée le plus d’emplois en Espagne. Toutefois, il est touché de plein fouet par cette crise.

Eric Basset, restaurateur, a dû mettre ses 20 salariés au chômage technique : “On ne sait pas comment les clients vont revenir, on ne sait pas si le tourisme international va se poursuivre à Barcelone, s'inquiète le restaurateur. Nous, ce qu’on veut, c’est vraiment des aides concrètes, réelles, pour nos salariés, pour nous, et pour pouvoir rouvrir dans de bonnes conditions, avec un fonds de trésorerie qui nous permette de relancer l’activité au jour le jour.”

Grâce à la création d’un fonds européen et un assouplissement des règles budgétaires en Europe, le gouvernement espagnol va mobiliser 200 milliards d’euros, soit 20% de son PIB, pour soutenir l’économie du pays.

Nous, ce qu’on veut, c’est vraiment des aides concrètes, réelles, pour nos salariés, pour nous, et pour pouvoir rouvrir dans de bonne conditions, avec un fonds de trésorerie qui nous permette de relancer l’activité au jour le jour.
Eric Basset
restaurateur

Roberto Torregrosa, est hôtelier et il fait partie de l’ACPT, l’Association catalane du tourisme. En 65 ans, c’est la première fois qu’il ferme son hôtel. Il espère des mesures rapides, et coordonnées : “Nous allons probablement réaliser 50% du chiffre d'affaires que nous avions prévu. Si nous n'additionnons pas les efforts des banques, les efforts du gouvernement, les efforts des fournisseurs et des clients, nous ne pourrons pas nous sortir de cette situation. Nous avons besoin que les dirigeants des pays membres de l'Union soient forts et dictent les mêmes politiques, une politique commune."

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Les rues de Barcelone, vides.Euronews

96% des PME espagnoles sont particulièrement impactées par cette crise, et jusqu’à presque un million et demi d’emplois pourraient être perdus. Même si la BCE annonce créer des liquidités grâce à un plan d’urgence de 750 milliards d’euros, des incertitudes subsistent.

C’est vrai qu'on a évoqué de nombreuses mesures, mais aucune n'a encore été prise, et nous craignons que lorsqu'il y aura enfin un consensus, il soit trop tard pour arrêter ou éviter une crise qui sera sans doute très profonde du point de vue économique”, explique Celia Ferrero, vice-présidente de la Fédération nationale des travailleurs indépendants (ATA). “Et de toute façon, il y aura une très grande déception s'il n'y a pas de réponse commune et solidaire à cette crise, en injectant les liquidités dont on a besoin, et en jouant le même jeu. Parce qu'il y a beaucoup de PME et d'indépendants qui risquent sans doute de couler.”

Paolo Gentiloni, commissaire européen à l'Économie : “Un refus de solidarité en ce moment mettrait en danger tout notre projet”

À Bruxelles, nous interviewons le commissaire européen aux Affaires économiques, Paolo Gentiloni, pour lui demander comment l'UE va soutenir les personnes et les entreprises confrontées à cette crise sans précédent.

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Paolo Gentiloni, commissaire européen aux Affaires économiques.Euronews

Efi Koutsokosta, Euronews : M. le Commissaire, merci d’être avec nous. Les efforts déployés par les États membres pour soutenir leurs économies dans cette crise entraînent également une augmentation de l’endettement. Comment ce fardeau de la dette devrait-il être supporté ?

Paolo Gentiloni, commissaire européen à l’Economie : Pour faire simple, ma réponse serait “faite confiance à la BCE”, car je pense que la BCE et toutes les banques centrales du monde ont réagi très fortement. Le programme extraordinaire d'achat de la BCE en cas de pandémie est, je pense, très important pour stabiliser les marchés et éviter une fragmentation, en particulier dans la zone euro. Donc, pour le moment, je pense que cette intervention est parfaitement capable de maintenir la situation sous contrôle.

Efi Koutsokosta : Est-ce le bon moment pour émettre des coronabonds ?

Paolo Gentiloni : L'émission d'obligations dans le domaine financier, c’est une chose qui doit répondre à l'urgence. Nous devons partager maintenant les engagements en faveur de cet objectif, car ce n'est pas quelque chose que les pays, qu’ils soient forts ou faibles économiquement, peuvent se permettre de faire seuls.

Efi Koutsokosta : Mais est-ce le bon moment pour ces coronabonds ? Et un non de l'Allemagne ou des Pays-Bas est-il un non à la solidarité pour les pays les plus faibles ?

Paolo Gentiloni : Un refus de solidarité en ce moment mettrait en danger tout notre projet. Nous allons discuter non seulement des outils qui sont sur la table, la possibilité d'utiliser le MES ou d'émettre des obligations, mais aussi du budget de l'Union européenne, car il y a la possibilité de renforcer le rôle de la Banque d'investissement. Je pense que les ministres des finances auront sur la table un ensemble d'outils permettant de dégager un consensus sur les mesures qu’il faut prendre dans un avenir immédiat.

Efi Koutsokosta : Il y a déjà des discussions, Monsieur le Commissaire, sur ce à quoi le monde ressemblera après cette crise du coronavirus. Pensez-vous que les traités doivent être remaniés ?

Paolo Gentiloni : Ce n'est pas une discussion pour aujourd'hui. Il est certain que nous aurons une intervention publique plus forte au niveau national, que le rôle de l'État sera plus important qu'auparavant et que nous devrons nous battre pour un système de santé plus solide et un engagement plus fort en faveur de l'État-providence. Mais nous devons aussi savoir qu'un rôle plus important de l'État pourrait signifier plus d'attrait pour les modèles autoritaires, venant à la fois de l'extérieur et de l'intérieur de notre Union, et que cela pourrait être un réel danger pour notre monde après la pandémie.

Journaliste • Efi Koutsokosta

Video editor • Nicolas Coquet

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