100+100=Deschamps, retour sur un septennat de légende

100+100=Deschamps, retour sur un septennat de légende
Par Pierre Michaud
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button

Didier Deschamps fête ce dimanche sa centième comme sélectionneur des Bleus. Retour sur un septennat d'exception.

Didier Deschamps fête ce soir sa centième sur le banc des Bleus. Retour sur un septennat aussi brillant que ses onze années passées sur le terrain avec le maillot frappé du coq.

PUBLICITÉ

Le 15 août 2012, l'ancien capitaine de l'équipe de France endosse pour la première fois le costume de sélectionneur. Un match nul et vierge contre l'Uruguay au Stade Océane du Havre, tout juste inauguré. Le coach Deschamps a fait ses armes pendant quatre saisons à Monaco (coupe de la Ligue 2003, finale de la Ligue des Champions 2004), une année à la Juventus (qu'il fait remonter en Série A) et trois campagnes intenses à Marseille, son autre club de coeur, à qui il redonne le goût du succès (champion de France et coupe de la Ligue 2010).

Sa première victoire sur le banc des Bleus arrive quelques jours plus tard. Un but d'Abou Diaby en Finlande pour lancer idéalement la campagne de qualification du Mondial 2014.

Un mois plus tard, Deschamps connaîtra son premier accroc en bleu avec une défaite au Stade de France face au modeste Japon, avec une réalisation cruelle de Shinji Kagawa à deux minutes du coup de sifflet final.

L'énorme travail de fond du Bayonnais a débuté. Alors qu'il succède à son ami Laurent Blanc, il doit surtout poursuivre la renaissance de la grande équipe de France. La tragédie Knysna a laissé des traces indélébiles et le temps des irréductibles Bleus, champions du monde et d'Europe, semble alors très loin.

Le déclic ukrainien

2012 et 2013 sont des années marquées par des résultats en dents de scie avec de belles performances, comme en Espagne, alors championne du monde et d'Europe en titre (1-1), mais aussi de belles désillusions notamment lors d'une tournée complètement ratée en Amérique du Sud. La Coupe du monde au Brésil semble alors un objectif bien trop ambitieux. Il devient même quasi inaccessible après une sèche défaite en Ukraine en match de barrage (0-2, le 15 novembre 2013). L'équipe de France cristallise les critiques, elle est au fond du trou.

Le match retour au stade de France n'est que la 18ème cape du sélectionneur Deschamps et on l'imagine déjà rendre les clés de l'équipe nationale.
C'était sans compter sur la révolte de ses joueurs, galvanisés par un discours d'avant-match dont il a le secret. Mamadou Sakho d'un doublé improbable et Karim Benzema propulsent les Bleus au Mondial dans l'euphorie générale.

Un véritable tournant dans l'histoire de Deschamps avec les Bleus. Le Mondial carioca plutôt réussi finira d'asseoir la position du sélectionneur et lui permettra d'obtenir une légitimité capitale alors que se profilent de longs mois de matches amicaux. Car Deschamps le sait, l'Euro 2016 aura lieu en France. Personne d'autre ne saisit mieux que lui l'importance de ce rendez-vous, la puissance qui pourrait se dégager d'une campagne réussie dans son propre pays. Toute la France en rêve, lui en est convaincu, ses Bleus peuvent conquérir le graal européen et faire revivre au pays la liesse populaire de 1998.

La cruelle déception portugaise

L'histoire semble d'ailleurs se répéter, la préparation est parfois chaotique (défaites contre le Brésil, l'Angleterre, la Belgique ou l'Albanie en 2015) mais son équipe répond présent pendant le tournoi. Si il fête sa cinquantième sélection par un nul 0-0 contre la Suisse avec son équipe de "coiffeurs", il insuffle sa culture de la gagne à ses joueurs, responsabilise Antoine Griezmann qui fait exploser presque à lui tout seul Irlande, Islande et surtout Allemagne dans une demi-finale d'anthologie.
Son plus grand regret de sélectionneur, il le vivra au Stade de France en finale de cet Euro. L'histoire semble écrite, le trophée tend les bras à ses joueurs mais Eder vient briser les espoirs de tout un pays au bout d'une prolongation qui pourrait être rejouée des centaines de fois sans être perdue.

Une nouvelle fois, cette défaite cruelle va permettre à Deschamps de trouver les ressorts nécessaires pour atteindre son seul et unique objectif : la gagne.

Pour cela, l'ancien nantais est capable de tout, même de se priver du meilleur avant-centre du pays, Karim Benzema, 81 sélections et buteur aujourd'hui historique pour ne pas dire mythique du Real Madrid. Une histoire de désamour qui agite encore l'actualité et marquera forcément son règne. Mais les succès valident les excès et son immunité, Deschamps va la gagner deux ans plus tard.

Pour ne pas répéter le terrible scénario de l'Euro, il va patiemment intégrer et polir de très jeunes diamants avec en symbole Kylian Mbappé, qu'il voit en futur Ballon d'or en puissance. Même Antoine Griezmann ou Paul Pogba, ses hommes de base, ne s'en offusquent pas. Les Bleus se sentent forts, très forts au moment de s'envoler en Russie, même si, c'est une habitude en France, les grandes compétitions sont toujours accompagnées de scepticisme.

La consécration russe

La campagne russe restera dans la légende grâce à un groupe soudé par son entraîneur, grâce au coaching d'un fin tacticien, grâce à la psychologie de celui qui a toujours gagné, partout où il est passé.

L'équipe de France, telle un diesel, va monter en puissance et régaler après un premier tour pourtant peu enthousiasmant. La suite appartient à l'histoire. L'Argentine de l'immense Lionel Messi est foudroyée par la célérité de Mbappé, l'Uruguay torturé par son faux-frère Griezmann. En demi-finale, une Belgique trop confiante découvre le "seum", expression chère à la jeune troupe de Deschamps.

La finale, 83e apparition de Didier Deschamps en tant que sélectionneur, est un feu d'artifice malgré un match pas si maîtrisé que cela. Certains évoquent un félin collant à la peau de la "Dèche", lui préfère penser que rien ne pouvait de toute façon arriver à ses joueurs.
La France est championne du monde 20 ans après, et deux décennies plus tard, c'est toujours ce même personnage qui représente la clé du triomphe tricolore.

La légende bleue

Depuis ce millésime 2018 d'exception, les Bleus assument leur statut de meilleure équipe planétaire, se montrent à la hauteur des deux étoiles qui ornent leur tunique bleue nuit. Ils se rendent ce soir en Albanie avec, déjà, une nouvelle qualification pour une phase finale en poche.
Leur sélectionneur s'apprête à être double centenaire (103 sélections sur le terrain dont 54 comme capitaine) ce qui lui permet d'avoir activement participé à pas moins d'un quart des 849 matches de l'histoire de l'équipe de France ! Il incarnera un peu plus la légende bleue, Kopa, Platini, Zidane, les joyaux offensifs de l'hexagone ne peuvent que s'incliner devant la réussite de l'indispensable Didier Deschamps. L'homme bleu par excellence.

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

Ballon d'Or : huitième sacre pour Lionel Messi, grande première pour Aitana Bonmatí

Kylian Mbappé s'éloigne du PSG

Procès de Dani Alvès : l'ex-footballeur brésilien condamné pour agression sexuelle