Michel Barnier veut davantage de régulation sur les marchés européens

Michel Barnier veut davantage de régulation sur les marchés européens
Par Euronews
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Commissaire européen au marché intérieur, Michel Barnier se trouve en première ligne dans la lutte contre la crise économique et financière.

Euronews : Monsieur le Commissaire, est-ce que les citoyens européens doivent commencer à avoir sérieusement peur pour leurs épargnes ?

Michel Barnier: Franchement je ne le crois pas. Semaine après semaine, nous mettons en place des régulations, nous obligeons à la transparence, nous allons exiger la responsabilité de tous les acteurs financiers sur tous les marchés et pour tous les produits qu’ils utilisent. Nous sommes en train de faire voter un texte pour garantir les dépôts des épargnants, les dépôts des investisseurs.

Euronews : Justement, quel pourrait être le niveau de protection que pourrait avoir les épargnants européens ?

Michel Barnier: Le texte est tellement clair et la loi est en train d‘être votée, un remboursement, une garantie à hauteur de 100.000 euros pour les dépôts des citoyens épargnants. Si vous me le permettez je veux aller au-delà de la protection des consommateurs. Ce qui est important c’est l’emploi, c’est la croissance, c’est la compétitivité de notre continent et pour cela on doit tirer les leçons de la crise qui a cassé la croissance, qui a cassé la compétitivité. Cette crise, elle a coûté 10% du PIB aux Européens parce qu’il a fallu sauver le système bancaire qui est justement lié à l‘épargne des citoyens.

Euronews : On doit franchir une étape importante, c’est à dire donner davantage de responsabilité aux banques en ce qui concerne leur capitalisation…

Michel Barnier: Nous allons effectivement mettre en œuvre par la loi européenne, si le Parlement et le Conseil des ministres nous suivent, les recommandations de Bâle 3 pour augmenter les capitaux et les fonds propres de toutes les banques européennes, 8230 banques et nous serons les premiers à le faire dans le monde et nous souhaitons que les autres continents, notamment les États Unis, le fassent à leur tour.

Euronews : Est-ce que les stress tests ont démontré le besoin de ces mesures-là ?

Michel Barnier: Les stress tests sont des tests de résistance à des evénements qui ne se sont pas produits, et effectivement ils sont utiles. D’ailleurs, nous les améliorons d’année en année. Cette année, ils ont été plus transparents, plus rigoureux et crédibles.

Euronews : Mais il ne prenaient pas en considération les CDS (Assurances sur l’investissement)…

Michel Barnier : C’est vrai qu’il y a des tests qui ont été faits sur certaines parties de leurs activités, mais s’agissant de risques sur la dette souveraine, il est facile de calculer qui est dépendant de quoi, qui est exposé à quoi.

Euronews : Est-ce qu’il y a un risque dans le système actuel qu’en cas de défaut de paiement d’un pays, les banques aussi rentrent en défaut ?

Michel Barnier : Nous avons participé au sauvetage de trois pays, la Grèce, l’Irlande et le Portugal, nous avons mis en place des outils de gouvernance d’urgence, des fonds de solidarité, nous avons également mis en place aussi des outils de gouvernance pour que ça ne recommence pas. Qu’est-ce qui ne doit pas recommencer ? C’est l’endettement.

Euronews : Mais toutes ces dettes-là doivent disparaître. Elles sont détenues par certaines banques et ces banques là sont exposées donc, quelle est la solution ?

Michel Barnier: Nous avons demandé – c’est d’ailleurs le débat qui a eu lieu au Conseil européen – que le secteur privé participe au redressement des pays comme la Grèce et qu’il maintienne son niveau d’exposition, il ne s’agit pas d’accepter un quelconque défaut, tout le plan de soutien…

Euronews : Mais la BCE est contre…

Michel Barnier: Attendez, contre quoi ?

Euronews : La participation des privés.

M.Barnier: la discussion a lieu, il s’agit d’une participatioL en maintenant le niveau d’exposition, il ne s’agit pas d’accepter un quelconque défaut. Tout le plan de soutien et de solidarité qui est mis en place est précisément fait pour qu’il n’y ait pas de défaut ni d’un Etat ni des banques.

Euronews : Mais les agences de notation sont là pour dire, dès qu’il y aura un quelconque accord avec les banques pour leur participation au sauvetage de la Grèce : on va considérer ça comme une sorte de défaut de paiement.

Michel Barnier: Nous n’avons pas cette appréciation, la discussion a lieu actuellement, nous faisons tout pour éviter le défaut et c’est précisément la philosophie et la finalité du plan de soutien qui est apporté à la Grèce même si je pense qu’il est logique et légitime que le secteur privé prenne sa part à cet effort collectif, d’ailleurs c’est son intérêt. Puisqu’on parle des agences de notation, je voudrais dire la surprise qui est la mienne depuis plusieurs mois de voir des notations tomber sans crier gare, sans prévenir à l‘égard des pays, je parle des notations des pays souverains, alors que ces pays sont engagés dans un effort collectif très important.

Euronews : Justement, les déclassement des dettes souveraines de certains pays, par exemple de la zone euro, qui sont faites par des agences de notation qui ne sont même pas en Europe. Est-ce que ça ne devrait pas donner plus de responsabilité à l’Europe pour avoir une agence de notation européenne, contrôlée par les institutions européennes ?

Michel Barnier: Vous avez raison de dire qu’il y a trop peu d’agences de notation. Trois grandes agences de notation dans le monde, ce n’est pas suffisant quand on sait l’importance de ces notations dans tous les actes de la vie financière. Donc le premier problème, c’est d’augmenter la concurrence. Et donc, par un moyen ou un autre, nous allons favoriser, je l’espère, des initiatives privées pour créer des nouvelles agences de notation. Mais l’autre problème est aussi important, c’est de réduire l’importance de ces notes, de réduire la dépendance à ces notes. Ces notes sont trop souvent utilisées dans toutes les régulations et dans toute la réglementation notamment pour le banques. Dans le texte que je présente aujourd’hui, je réduis partout la référence aux notations dans les décisions des banques européennes, enfin c’est la proposition que nous faisons.

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