Alex Salmond : " l'Ecosse indépendante deviendrait le sixième pays le plus riche au monde"

Alex Salmond : " l'Ecosse indépendante deviendrait le sixième pays le plus riche au monde"
Tous droits réservés 
Par Euronews
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button

Le débat sur l’indépendance fait rage en Écosse. Une indépendance qui est loin de faire l’unanimité puisque selon les derniers sondages, moins d’un tiers des Écossais seraient favorables à une rupture avec le Royaume-Uni. Cette campagne, qui doit aboutir à un référendum en 2014, est conduite par le Premier ministre et leader du Scottish national party Alex Salmond.

Ali Sheikholeslami, Euronews : Le Royaume-Uni a été un succès phénoménal pour l’Écosse, sur un plan politique, intellectuel, économique. Il vous a apporté des avantages dont rêvent de nombreux pays. Qu’y-a-t-il donc de si terrible pour que vous ayez envie de vous en séparer, pour vous diriger probablement vers un avenir incertain?

Alex Salmond, Premier ministre écossais : Les meilleures choses qui sont produites sur ces îles vont continuer, notamment l’union sociale avec l’Angleterre, l’Irlande, le Pays de Galles qui sont et resteront nos alliés les plus proches. Mais en matière de réalisations, je pense que l’Écosse aura beaucoup plus de réussite en étant indépendante. Prenons un exemple : l’Écosse est l’un des pays les plus riches et diversifiés au monde. Nous accueillons actuellement le festival international d’Édimbourg qui propose pendant mois une variété de formes artistiques. Les plus grands talents artistiques de la planète y sont représentés. Or l’Écosse, en tant que pays hôte de cette fête culturelle internationale, n’a toujours pas sa propre chaîne de télévision anglaise, même pas une seule! C’est une situation ridicule qui montre à quel point l’Écosse est sous-performante. Sur le plan économique, l’Écosse, en tant que membre du Royaume-Uni, est aujourd’hui le 20ème pays le plus prospère au monde. Avec l’indépendance, nous deviendrions le sixième pays le plus riche de la planète. La différence culturelle pourrait aussi nous permettre d‘être plus performant et plus présent sur la scène internationale.

Ali Sheikholeslami : Sur le plan économique, vous dites que l’Écosse n’aura pas vraiment changé au premier jour de l’indépendance. Mais les ressources de pétrole et de gaz diminuent, le marché des énergies renouvelables est quasiment inexploré. Le secteur financier, qui est très performant dans ce pays, sera bien plus petit après l’indépendance. Comment pouvez garantir la viabilité d’une économie écossaise indépendante?

Alex Salmond : C’est une question intéressante. L’Écosse possède environ 90% des réserves pétrolières et gazières en Europe ce qui représente environ un trillion et demi de livres sterling sur les 40 ou 50 prochaines années. Je suis certain que les autres États membres de l’Union européenne seraient très heureux d’avoir un trillion et demi de livres sterling en réserves d’hydrocarbures. En matière d‘énergies renouvelables, posséder un quart du potentiel européen dans l‘énergie marine, pour un pays qui représente 1% de la population européenne, est un avantage substantiel dans le monde moderne. L’Écosse a d‘énormes réserves en eau et une entreprise très performante qui produit et commercialise ces réserves. C’est un plus par rapport à d’autres pays mais aussi par rapport à nos amis au sud de la frontière. Nous possédons d‘énormes ressources naturelles mais aussi une population talentueuse, pleine de génie, qui a apporté au monde moderne d’innombrables inventions comme la télévision. Et certaines personnes estiment que ce pays ne pourrait pas être performant ou plus performant en étant indépendant. Je pense que ces gens vivent dans les nuages. Nous voulons vivre dans un monde où l’Écosse, en tant que pays indépendant, contribue seul à son progrès et à sa gouvernance.

Ali Sheikholeslami : Vous avez évoqué les importantes réserves en pétrole et en gaz, mais la question centrale pour un accord entre Holyrood et Westminster sera le partage de la dette nationale du Royaume-Uni par rapport aux revenus du pétrole et du gaz. Avez-vous une formule pour cela?

Alex Salmond: La dette du Royaume-Uni au moment de l’indépendance sera certainement de l’ordre d’un trillion de livres sterling. Les réserves de pétrole et de gaz se chiffrent à environ un trillion de livres. La différence c’est que l’Écosse devra participer de manière proportionnelle à la dette britannique. Nous serons bien évidemment en droit de conserver les revenus du pétrole et du gaz qui sont dans les eaux écossaises, comme n’importe quel autre pays. En cas d’indépendance, l’Écosse obtiendra donc 90% de ses ressources mais devra payer 10% de la dette nationale britannique. Tout le monde sait que ce n’est pas une bonne chose d’avoir une dette à un tel niveau.

Ali Sheikholeslami : Le Scottish national party travaille sur des valeurs… Je fais allusion au sentiment anti-anglais qui existe depuis longtemps. Par exemple, votre hymne national alternatif qui remonte à des œuvres barbares du roi Edouard II en 1314, c‘était il y a longtemps.

Alex Salmond : L’hymne national God Save the Queen, dans un des versets qui n’est pas souvent chanté, dit : “Écraser les rebelles écossais”. La Marseillaise célèbre une révolution nécessaire mais violente si je me souviens bien. Flower of Scotland, auquel vous faites allusion, est un hymne national non officiel. Mais il sous-entend que ces jours appartiennent au passé et qu’ils doivent rester dans le passé. Voilà où la chanson veut en venir, au fait qu’il y a une différence entre le passé et le futur. Je pense que nous avons démontré, pas seulement en tant que parlement ou en tant que parti politique, mais en tant que pays que nous aspirons à l‘égalité en Ecosse et sur le plan international.

Ali Sheikholeslami : Mais êtes vous attaché à 100% à l’indépendance? Certains disent que vous êtes conscient que vous allez perdre le vote et donc que vous pourriez essayer d’obtenir autant de transferts de pouvoir que possible et laisser la politique étrangère et la Défense dans les mains du Royaume-Uni?

Alex Salmond : J’ai toujours dit que je respecterais les voix du peuple écossais. En 1997, j’ai fait campagne avec Donald Dewar, alors leader du parti travailliste, pour un Parlement écossais car je considérais que c‘était un progrès pour l’Écosse. Durant toute ma carrière politique, j’ai œuvré pour l’indépendance. Et dans deux ans, vous pouvez en être certain, la population aura l’opportunité de s’exprimer sur un bulletin de vote. Et j’espère qu’une majorité de mes concitoyens, hommes et femmes, vont saisir cette opportunité et permettre à notre pays de devenir un État indépendant qui contribuera au progrès de l’Europe et du reste du monde.

Suivez Ali Sheikholeslami sur Twitter

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

Les saumons menacés par le réchauffement climatique

L'ex-Première ministre écossaise Nicola Sturgeon clame son "innoncence" après sa garde à vue

La Serbie accepte les voitures avec des plaques d'immatriculation du Kosovo