Les liens ambigus entre la mafia et certains élus italiens inquiètent le gouvernement

Les liens ambigus entre la mafia et certains élus italiens inquiètent le gouvernement
Par Euronews
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Ce mercredi un conseiller régional de Lombardie a été arrêté pour complicité avec la Mafia. En charge du logement dans cette riche région italienne, Domenico Zambetti est accusé avoir acheté près de 4 000 voix lors des élections locales de 2010. Le président de cette même région, membre du PPL (le parti de Silvio Berlusconi), est déjà soupçonné de corruption dans l’attribution de marchés publics dans le secteur de la santé.

Les liens ambigüs entretenus entre une certaine frange de la classe dirigeante et la mafia entâchent également la Calabre.

A Reggio Calabria, l’une des plus grandes villes de la région, le conseil municipal a été dissolu et mis sous tutelle. Rome craint en effet que la mairie ne tombe entre les mains de la Ndrangheta. La mafia locale contrôlerait déjà tous les secteurs économiques de la ville, dont le traitement des déchets et le marché des fruits et légumes.

Euronews:
Paolo Pollichieni est l’un de ces journalistes qui ont dénoncé les liens forts entre les hommes politiques et la criminalité en Calabre. Bienvenue sur Euronews! A ce jour,
52 conseils municipaux en Calabre ont été dissout à cause de l’infiltration de la mafia. Pourquoi le cas de “Reggio Calabria”, le 53e, fait-il autant de bruit?

Paolo Pollichieni:
D’abord, c’est le premier chef-lieu de province à être dissout en Italie, ensuite, c’est la ville la plus grande et la plus peuplée de Calabrie. Mais il y a aussi une raison politique : jusqu’ici on parlait de Reggio Calabria comme d’un modèle de gouvernance pour toute la région et les institutions locales. Le rapport qu’a fait la préfecture et qui a entraîné la dissolution du conseil municipal cite Reggio comme un modèle, mais un modèle criminogène… Le ministre de l’Intérieur a bien souligné qu’avec Reggio, on était face à une sorte de cohabitation, une proximité. Ca ne signifie pas : “j’ai trouvé un intrus à la maison”, ca signifie que j’avais laissé la porte ouverte.

Euronews:
Deuxième grande nouvelle aujourd’hui : l’arrestation du conseiller régional de Lombardie Dominico Zambetti, accusé d’avoir aidé la mafia. Comment la mafia a t-elle réussi à s’enraciner et à imposer ses méthodes au monde politique, même à des endroits éloignés de ses origines?

Paolo Pollichieni :
On considère aujourd’hui – en Italie, mais aussi en Europe – que la Ndrangueta est une forme de mafia très localisée, très régionale, quelque chose de folklorique. Les enquêtes démontrent le contraire: même hors des frontières italiennes, la Ndrangueta est bel et bien présente. On s’en est aperçu après le massacre de Duisburg, en Allemagne… Les enquêteurs chargés d’empêcher l’exportation de la Ndrangueta, viennent de signaler que les mafieux se sont emparés – grâce aux masses de liquidités venues du trafic de drogues – d’entreprises en Allemagne, en France, aux Pays Bas. Et grâce à ces entreprises, ils vont répondre aux appels d’offre publics en Italie, y compris pour la préparation de l’exposition universelle de Milan. On demande à une société italienne de présenter un certificat anti-mafia, on ne le demande pas à une société étrangère.

Euronews:
Ce genre d‘évènements peuvent ils se produire ailleurs en Europe? Est-ce que l’Europe fait tout ce qu’elle peut pour combattre la criminalité organisée et la mafia?

Paolo Pollichieni:
Ce n’est même pas qu’en Europe, on ne la combat pas… Il n’y a aucune conscience de l’existence de ce problème. Dans la législation européenne, le délit d’association de malfaiteurs n’existe pas. Et encore moins le délit d’association mafieuse. les enquêteurs italiens s’en rendent compte chaque fois qu’ils vont à l‘étranger. Quant à la recherche des criminels en fuite, il y a un minimum de coopération européenne, mais en ce qui concerne la prévention de l’activité criminelle de cette Ndrangueta, qui devient légale, “propre”, il n’y a pas de coopération. L’Europe reste un paradis pour les criminels, il faut juste payer les impôts.

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