Israël vs Hamas: La guerre fait rage aussi sur internet

Israël vs Hamas: La guerre fait rage aussi sur internet
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Par Euronews
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Israël et le Hamas s’affrontent aussi sur la toile.
Pour la première fois, outre les armes conventionnelles, l’armée israélienne utilise internet et les réseaux sociaux pour, dit-elle, communiquer sur le conflit. Nos équipes ont eu accès à l’une des unités spéciales de Tsahal mises place à Tel Aviv et Jérusalem. Impossible de connaître le nombre exact d’agents de l’IDF, les Forces de défense israéliennes qui y travaillent, mais ces guerriers des nouveaux médias seraient des dizaines.

“L’objectif est réellement d’essayer de toucher un public partout dans le monde, un public qui ne reçoit peut-être pas d’informations électroniques de la part des médias traditionnels. Nous voulons entrer en contact avec cette audience et l’influencer autant que possible en l’abreuvant d’informations et de contenus visuels et autres”, explique la porte-parole de l’IDF.

Pour monter ces cellules spéciales, l’armée israélienne a recruté depuis quatre ans des étudiants confirmés en informatique à travers tous le pays et dans la diaspora. Les Forces de défense israéliennes affirment désormais leur présence sur la quasi-totalité des plateformes internet disponibles.

“Il y a une différence entre une organisation militaire et les réseaux sociaux. Pourquoi ? Un militaire est plus carré, le langage est plus dur, c’est différent. Le réseau social est exactement le contraire, il appelle à des interactions, il est ouvert, il touche beaucoup plus à l‘émotionnel. Mais notre gros avantage est que nous avons des gens comme Topaz et ses amis. Ils ont 18 ans et sont nés avec ce genre de réalité. C’est pourquoi ils peuvent être très créatifs et nous pouvons bénéficier de leur créativité”, ajoute Avital Leibovich, porte-parole de l’IDF.

“Tout est mis en ligne en même temps en anglais, français et espagnol. Voici un exemple des tracts que nous diffusons à la population civile dans la bande de Gaza. C’est un exemple de ce que nous faisons, je vous montre bien sûr comme vous le voyez la page facebook en français”, explique le jeune Topaz.

Sur le compte twitter de Tsahal, on trouve aussi, des vidéos présentées comme étant celles de roquettes tirées de Gaza sur Israël, ainsi que des photos d’enfants israéliens blessés.

Les deux parties se rendent coup pour coup sur la toil, à coup de twit.

Les organisations palestiniennes ne sont en effet pas en reste. Les Brigades al-Qassam, la branche armée du Hamas, évoquent elles aussi sur twitter
les enfants palestiniens tués par les raids de Tsahal, tout en offrant un compte-rendu en direct des tirs effectués contre Israël.

Les murs de Jérusalem ont été témoins de batailles depuis des siècles. Celle qui oppose aujourd’hui Israël et le Hamas est menée avec les armes habituelles, plus une, très différente, internet. Dans cette guerre nouvelle version, Israël veut remettre en question la croyance selon laquelle il remporte les batailles sur le terrain mais perd la guerre de la communication.

Euronews a rencontré Yuval Dror, un expert israélien des nouveaux médias et de la communication du Collège de management de Rishon Letsion, près de Tel-Aviv.
Il analyse l’impact de cette nouvelle stratégie.

“Les médias sociaux ont deux messages.
Le premier est axé sur la conversation. Ce n’est pas une rue à sens unique, c’est une conversation dans les deux sens et l’armée israélienne veut y prendre part. Le second, c’est qu’ils veulent vous contourner, vous les médias traditionnels. Ils veulent parler directement au public parce qu’ils pensent que l’intermédiaire, parfois, ne présente pas l’histoire de Tsahal comme il se doit”, explique Yuval Dror.

120+ trucks of supplies from #Israel are waiting at #Gaza border crossing. #Hamas is firing rockets at the crossing. Trucks can't enter now.

— IDF (@IDFSpokesperson) Novembre 20, 2012

Pour Yuval Dror, utiliser les médias sociaux, qui sont considérés principalement comme une plate-forme pour des événements sociaux, comporte un risque, celui de banaliser la guerre.

“Je peux comprendre Twitter, je peux comprendre Facebook, mais des blogs comme Flickr? ou Tumblr, peut-être que c’est un peu trop dans le style adolescent. Après tout, c’est une guerre, il y a des victimes, il y a beaucoup de dégâts, et peut-être que tout cela est un peu trop banalisé. Ils en font un événement de tous les jours. Beaucoup de critiques portent sur ce point. Les médias sociaux ne sont peut-être pas la bonne plate-forme pour ce genre d‘événement”, dit-il.

Selon notre expert, la stratégie de l’armée israélienne pourrait créer un précédent en matière de plan de communication dans d’autres secteurs.

“Nous n’avions jamais vu une armée utiliser les médias sociaux avec une telle intensité et je ne pense pas que Tsahal sera la dernière armée à le faire, parce que les médias sociaux sont les nouveaux médias, c’est une chose nouvelle. L’audience est là, nous savons que des millions, un milliard de personnes sont sur facebook et vous souhaitez communiquer avec ce public là où il est. C’est sans précédent, et d’autres suivront les Forces de défense isréliennes”, assure Yuval Dror.

How long is #15seconds? That's all some residents of southern #Israel have before the rocket hits. youtube.com/watch?v=gsm-mE…

— IDF (@IDFSpokesperson) Novembre 19, 2012

La question est de savoir si cette stratégie fonctionnera. La meilleure communication peut-elle battre le pouvoir des images des civils palestiniens tirés des décombres?

“Prenons un exemple. Un bâtiment a été touché par une roquette, beaucoup de personnes ont été tuées. Un côté de l’histoire dit combien d’enfants sont morts. L’autre côté de l’histoire dira, mais je ne sais pas si c’est le cas, qu’il y avait peut-être un terroriste à l’intérieur de ce bâtiment, et que ce terroriste se cachait dans cet endroit avec des civils parce qu’il savait que l’armée israélienne ne le chercherait pas là. C’est donc la même histoire, mais avec deux versions et dans le passé, Tsahal a été accusé de ne pas raconter toute l’histoire. Cette fois-ci, ils font le maximum pour raconter toute l’histoire directement au public. Cela va-t-il leur servir ? Je ne sais pas, mais c’est un bel effort”, termine Yuval Dror.

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