RSF : "L'Iran, l'une des plus grandes prisons du monde pour les journalistes"

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Par Euronews
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L’inquiétude des organisations, qui défendent les droits de l’Homme et la liberté d’expression dans le monde, est loin de se dissiper.

En Iran, 16 journalistes de la presse écrite restent en état d’arrestation. Ils ont été interpellés à la suite de descentes de police dans cinq rédactions de Téhéran. Le régime iranien les accuse officiellement d’avoir transmis des informations à plusieurs gouvernements occidentaux, grâce à l’aide d’un réseau établi par la télévision britannique BBC. Selon Téhéran, les informations divulguées portaient sur la grande protestation de 2009, après la réélection controversée du président Ahmadinejad.

L’ONG française Reporters sans frontières condamne la nouvelle vague d’arrestations de journalistes en Iran

Reza Moini, qui est chargé de l’Iran, du Tadjikistan et de l’Afghanistan à RSF, fait le point sur cette nouvelle attaque contre la liberté d’expression avec Reihaneh Mazaheri, journaliste du service de langue persane d’Euronews.

Reihaneh Mazaheri : « Le ministère iranien qui chapeaute les services de renseignement accuse les journalistes arrêtés d’avoir collaboré avec des médias persanophones basés à l‘étranger. Quelle est, d’après vous, la raison exacte de ces arrestations ? »

Reza Moini : « On appelle désormais le jour des arrestations le “dimanche noir”. Et nous avons dit que d’autres arrestations peuvent encore venir. Nous regrettons que le ministère chargé des services de renseignement en Iran conserve la même attitude qu’il a adoptée depuis des années et des années. Il porte toujours les mêmes accusations contre les journalistes, et de notre point de vue, ce n’est pas juste, ce n’est pas une bonne réponse aux crises que traverse l’Iran. Le problème est le suivant : malgré toutes les lignes rouges qu’on ne peut pas franchir à cause de la censure, les journalistes iraniens essaient de donner des informations, mais le régime ne peut le tolérer. »

Reihaneh Mazaheri : « En plus de Reporters sans frontières, Human Rights Watch et plus de 200 journalistes iraniens, à l’intérieur ou à l’extérieur du pays, ont protesté. Est-ce que de telles réactions peuvent aider à faire changer le régime ? »

Reza Moini : « C’est maintenant le 34ème anniversaire de l’arrivée au pouvoir de l’ayatollah Khomeini en Iran. Pendant ces 34 ans, de telles arrestations de journalistes et de protestations ont souvent eu lieu, mais ce qui est important, c’est de ne pas être silencieux. Dans ces cas-là, toutes les organisations de défense des droits de l’Homme, les journalistes en Iran et à travers le monde peuvent, sans aucun doute, jouer un rôle important en protestant contre ces vagues d’arrestations. Nous devons souligner que, 34 ans après le début du régime islamique en Iran, le pays est malheureusement devenu l’une des plus grandes prisons du monde pour les journalistes. Actuellement, 62 journalistes sont incarcérés en Iran. »

Reihaneh Mazaheri : « Que peut faire Reporters sans frontières pour éviter que de nouvelles arrestations se produisent ? »

Reza Moini : « Notre mission est avant tout de donner des faits et de diffuser toute information sur des évènements qui vont à l’encontre de la liberté d’expression, et de la liberté de la presse d’informer. RSF a récemment rendu public un rapport sur le respect de la liberté d’information dans le monde. Sur 179 pays examinés, l’Iran arrive en 174ème position.»

Reihaneh Mazaheri : « Peut-on s’attendre à ce que les journalistes iraniens quittent encore plus leur pays ? »

Reza Moini : « Malheureusement, tout système de répression oblige certains citoyens à fuir leur pays. Un grand nombre de journalistes sont interrogés, doivent rendre des comptes, et sont arrêtés à Téhéran et dans d’autres villes iraniennes. Seulement à Téhéran, il y a eu 16 journalistes arrêtés jusqu‘à présent. Cette nouvelle répression annonce d’autres arrestations, et donc la fuite d’Iran de plus de journalistes encore. »

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