"Benoit XVI a toujours tenté de l'emporter à la seule puissance des idées"

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Par Euronews
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Joaquín Navarro-Valls a officié pendant plus de vingt ans en tant que directeur du Bureau de presse du Saint-Siège. Porte-parole personnel de Jean-Paul II, il bénéficiait aussi d’une très grande visibilité auprès des médias.

Après deux décennies aux côtés de Jean-Paul II, Navarro-Valls a travaillé deux années durant aux côtés de Benoît XVI, avant de quitter ses fonctions en 2006.

Entretien.

Alberto de Filipis, euronews :

“Monsieur Navarro-Valls, on a pu observer des changements, disons notables, dans la gestion des médias, et de manière plus globale, dans la stratégie de communication du Saint-Siège, sous le Pontificat de Jean-Paul II, mais également sous celui de Benoît XVI.”

Joaquín Navarro-Valls, ancien porte-parole du Pape :

“Benoit XVI est effectivement une personne très sensible à ces thématiques, il s’est assez vite laissé convaincre, et a même reçu un certain nombre de suggestions en ce sens à différentes occasions. Occasions qui étaient pour le moins difficiles à gérer : je pense par exemple à la visite, toujours délicate, d’un pape à Auschwitz, qui plus est pour une Pape allemand.

Il y a eu d’autres situations au cours desquelles il s’est montré parfaitement réceptif à toutes les suggestions et aux échanges d’opinions. Non pas tant sur le contenu des discours en eux-mêmes, mais plus encore sur la forme, ou disons plutôt, sur la manière d’exprimer les choses.”

euronews :

“L’infortune du sort pour Benoît XVI, et à différents points de vue, est d‘être arrivé après le Pape le plus médiatique de l’histoire de l’Eglise. Une personne qui, en plus, savait parfaitement communiquer, alors que Benoit XVI apparaît plus timide ou en retrait.”

Joaquín Navarro-Valls :

“Personnellement, je ne considère pas Benoit XVI comme quelqu’un de timide ou en retrait, bien au contraire. C’est quelqu’un qui toute sa vie durant, avant de devenir Pape, s’est confronté aux plus grands intellectuels de son époque.

Il a fait preuve de souplesse en matière d’echange d’idées, à la fois avec des personnes non croyantes ou appartenant à d’autres religions. Benoît XVI s’est particulièrement démarqué sur les questions de société de notre époque. Son but n’a jamais été de lutter contre les polémiques, mais plutôt de tenter de l’emporter à la seule puissance des idées et des arguments. Et c’est ce qui contribue, je crois, à faire de lui un être tout à fait remarquable.”

euronews :

“Malgré la maladie, Jean Paul II a choisi de rester en fonction jusqu‘à la fin de ses jours, Benoit XVI quant à lui, a préféré démissionner. Les deux derniers grands patrons de l‘Église catholique ont-ils emprunté la même voie ?”

Joaquín Navarro-Valls :

“Est-ce que quelque chose a changé ou va changer dans le Pontificat à présent ? Je pense que rien n’a changé. Nous étions habitués à une donnée historique, à savoir que les papes ne remettent pas leurs démissions. Mais personne n’a jamais affirmé qu’il était jusque ici impossible de le faire, car c’est quelque chose qui s’applique toujours à l‘église catholique. Une donnée historique, et non une donnée juridique, car le droit interne de l’Eglise prévoit évidemment une telle situation.”

euronews :

“Quel est le souvenir le plus fort que vous gardez de votre experience avec les deux précédents papes ?”

Joaquín Navarro-Valls :

“Je me souviens spontanément du jour qui a précédé la mort de Jean-Paul II, qui souffrait de difficultés respiratoires et se savait mourant. Du moment particulier notamment où Joseph Ratzinger – qui à l‘époque était le plus âgé des Cardinaux – est entré dans sa chambre pour lui faire ses adieux.

Savait-il qu’il était sur le point de mourir ? Je l’ignore. Toujours est-il qu’il est venu à son chevet et qu’il a ensuite saisi sa main très froide – le Pape souffrait aussi de graves problèmes sanguins – et en le regardant dans les yeux, il lui a dit la chose suivante : “merci Saint-Père pour tout ce que j’ai pu apprendre de vous lors de votre long Pontificat.”

Tel fut le message d’adieu de Jospeh Ratzinger adressé à Jean Paul II juste avant sa mort.”

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