La Croatie veut enrayer la fuite de ses cerveaux

La Croatie veut enrayer la fuite de ses cerveaux
Par Euronews
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D’après certaines estimations, près de 10.000 jeunes diplômés croates quittent leur pays chaque année à la recherche d’un avenir meilleur. Matija Zesko fait partie de ceux-là. Une fois sa thèse de physique soutenue, le jeune homme rejoindra en octobre, un laboratoire en Allemagne. “Je pars de Croatie parce que je veux travailler sur un projet qui ne fait pas l’objet de recherches dans mon pays,” explique-t-il, “mon projet concerne l’anti-matière et ses propriétés et comme personne n‘étudie ce domaine dans le pays, je dois chercher un emploi ailleurs.”

“J’ai de nombreux amis qui partent de Croatie,” souligne le jeune homme avant d’ajouter : “certains s’en vont parce qu’ils doivent trouver un poste à l‘étranger puisque dans le pays, les fonds manquent pour financer leurs recherches.”

Comme d’autres, le jeune homme participe à un phénomène d’ampleur : une fuite des cerveaux qui inquiète les autorités croates. Pour inverser la tendance, le gouvernement mise sur la “circulation des cerveaux” en encourageant la mobilité de ces jeunes chercheurs, mais en les incitant à rentrer au pays.
Parmi les mesures, le programme “Newfel pro” qui débute tout juste. D’un montant de sept millions d’euros sur quatre ans, il est financé à 60% par Zagreb et à 40% par l’Union européenne via les Actions Marie Curie, des bourses de recherche européennes.

L’initiative est plutôt bien accueillie à la faculté des sciences de Zagreb. “Cette mesure du gouvernement a vraiment des côtés positifs,” assure Nikola Bregović, chercheur au sein du département de chimie de l’université, “c’est très bien pour les jeunes chercheurs, les étudiants et les jeunes scientifiques d’avoir la possibilité de partir à l‘étranger, puis de revenir avec leurs connaissances en Croatie,” souligne-t-il, “cela permettra aussi d’attirer en Croatie, des étudiants en doctorat et post-doctorat qui viennent d’autres pays.” Le jeune homme s’estime chanceux : “quelques jours après mon diplôme, j’ai eu l’opportunité d’obtenir un poste ici. Et au final, je vais rester encore deux ans ici, puis probablement encore quatre ans. Après, je ne peux pas vraiment prévoir ce qui va se passer et quelle direction ma carrière va prendre.”

Ce programme de bourses représente une avancée, mais il est insuffisant d’après Marijan Herak, professeur de géophysique à la faculté des sciences de l’Université de Zagreb. Il enseigne depuis trente ans. “Si on veut savoir comment stopper la fuite des cerveaux – ou peut-être devrait-on dire comment encourager la “circulation” des cerveaux parce que c’est de cela dont nous avons besoin -,” lance-t-il, “alors on doit savoir comment les inciter à revenir dans leur pays et la seule façon d’y arriver, c’est d’investir davantage dans la recherche et le développement.”

Les deux jeunes scientifiques savent bien que leur passion pour la recherche les oblige à faire preuve de persévérance et à avoir le sens du sacrifice, mais pour eux, la science est aussi une source d’accomplissement et de rêve. “Je voudrais faire en sorte que la science soit bénéfique pour l’humanité,” insiste Matija. “Mon principal objectif dans mon travail quotidien, c’est de savoir des choses que personne d’autre ne connaît dans le monde,” dit Nikola avant de conclure : “je veux découvrir, c’est peut-être la force principale qui me fait avancer.”

Aujourd’hui, la route des deux jeunes chercheurs se sépare en attendant la troisième voie qu’espère la Croatie : l’expérience internationale puis le retour au pays.

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