Vincenzo Nibali : "Je peux dire que je l'ai fait"

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Par Euronews
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19 jours en jaune, 4 victoires d‘étape, plus de 7 minutes d’avance sur son dauphin : Vincenzo Nibali a survolé la 101e édition du Tour de France. A 29 ans, le Requin de Messine a inscrit pour la première fois son nom au palmarès de l‘épreuve. Nous l’avons rencontré après son sacre sur les Champs-Elysées.

Juan-Antonio Aldeondo, euronews : “L’Italie est un pays avec une grande tradition cycliste, alors dîtes-nous pourquoi il a fallu attendre 16 ans avant de revoir un Italien avec le maillot jaune à Paris ?”

Vincenzo Nibali : “Le Tour est une course très importante, qui rassemble des participants du monde entier, et c’est vraiment dur de l’emporter. Avant le succès de Pantani, qui date d’il y a 16 ans, il fallait remonter 33 ans en arrière pour retrouver la précédente victoire italienne avec Gimondi. Il y a beaucoup d’années qui se sont écoulées avant qu’un Italien gagne à nouveau le Tour de France. C’est une compétition de très haut niveau, et c’est pourquoi c’est tellement dur de la gagner.”

Euronews : “Vous aviez le Tour de France en tête, et plus d’une fois, vous avez dit qu’un jour vous le gagneriez. Est-ce que c‘était devenu une obsession ?”

Vincenzo Nibali : “Non, au contraire, j’ai essayé de prendre ça avec légèreté, j’ai essayé de courir avec sérénité, en étant détendu. L’année dernière, j’ai participé à la Vuelta, et je l’ai perdu lors de la dernière semaine, j’ai terminé deuxième. Mais à la fin, vous devez accepter la défaite, accepter de finir deuxième ou troisième. C’est comme ça, c’est le cyclisme.”

Euronews : “Qu’est-ce que ça signifie pour vous d‘être l’un des six coureurs de l’histoire à avoir gagné les trois grands Tours ?”

Vincenzo Nibali : “C’est quelque chose de spécial, de particulier, parce qu’il y a très peu de gens qui ont fait ça. Le Tour d’Espagne, qui était ma première grande victoire en 2010, m’a énormément apporté. Ensuite, j’ai commencé à travailler très dur pour gagner le Tour d’Italie, car c’est une course très importante pour un Italien. J’ai fini sur le podium, j’ai touché de près le succès. Et puis, l’année dernière, en 2013, je l’ai gagné et pour moi, c‘était un sentiment très fort. Parce que le Giro est la course qui m’a toujours fait rêver, la course que j’avais l’habitude de regarder à la télévision. J’ai vu de grands champions, comme Indurain et Pantani, gagner le Giro. Le Tour est toujours une course spectaculaire et quand je suis monté sur la troisième marche du podium en 2012, je me suis dit : “qui sait, je pourrais bien gagner un de ces jours”. Je savais que ça ne serait pas facile du tout, mais j’ai travaillé très dur pour tenter d’y parvenir. Ce n‘était pas facile, mais maintenant, je peux dire que je l’ai fait.”

Euronews : “Qu’est-ce que vous avez envie de dire aux gens qui pensent que vous avez gagné le Tour parce que Froome et Contador ont abandonné sur chutes ?”

Vincenzo Nibali : “Malheureusement, c’est le cyclisme. Il y a des bons et des mauvais côtés, comme les chutes. Cela fait partie du jeu. Tout ce que je peux dire, c’est que j’ai été fort du début à la fin. J’ai gagné en Angleterre l‘étape entre York et Sheffield, puis j’ai gagné à La Planche des Belles Filles, dans les Alpes et dans les Pyrénées. Donc, j’ai toujours été en bonne condition, en grande forme. J’ai, c’est certain, réussi un très grand Tour.”

Euronews : “Quand on regarde le classement, on voit une énorme différence entre vous et le reste du peloton…”

Vincenzo Nibali : “Je pense que cette différence vient du fait que je m‘étais mis en tête de battre Alberto Contador et Chris Froome, avec qui j‘étais déjà en compétition lors du Critérium du Dauphiné. Je savais que je devais continuer à travailler pour atteindre un haut niveau, et je suis arrivé au départ du Tour très bien préparé. Peut-être qu’avec Froome et Contador encore en course, le fossé aurait été plus étroit. Mais déjà l’an passé, quand j’ai gagné le Tour d’Italie, j’avais une grande avance”.

Euronews : “Il y avait beaucoup d’attentes sur vos épaules. Astana a parié sur vous, mais vos résultats n‘étaient pas bons cette saison. L‘équipe a commencé à perdre patience, alors que vous, vous aviez l’air serein au sein du peloton. Vous étiez sûr de votre préparation ?”

Vincenzo Nibali : “C’est normal. L’année dernière, j’ai fait une saison fantastique, du début à la fin. J’ai fait des super places dans deux grandes courses par étapes, et ce n’est pas simple. J’ai presque gagné deux grands Tours la même année. Puis j’ai participé aux championnats du monde, alors c’est normal que je me sois un peu laissé aller durant l’hiver. En février, ma fille est née, et je me suis consacré à ma famille, j’ai pris un peu de poids, mais je suis arrivé en juillet avec beaucoup de ressources. Cela m’a simplement pris un peu plus de temps pour être prêt.”

Euronews : “Maintenant, vous êtes le coureur le plus courtisé du peloton, et vous avez beaucoup d’offres. Allez-vous continuer à porter les couleurs d’Astana jusqu’en 2016, date à laquelle expire votre contrat ?”

Vincenzo Nibali : “J’ai encore deux ans de contrat, et je vais m’y tenir. Astana a construit une équipe autour de moi, donc je vais y rester jusqu’en 2016.”

Euronews : “L’an prochain, vous allez encore viser la victoire dans le Tour de France. Vous voulez prouver que vous pouvez battre Froome, Contador, Quintana et tous les autres ?”

Vincenzo Nibali : “Mon ambition est de faire le match avec eux. C’est certain, nous devrons bien préparer les courses, surtout les grandes courses par étapes, qui sont pour moi les plus importantes. Nous devrons être en bonne condition. L’an passé, j’ai été confronté plusieurs fois à Contador et à Froome, et je suis parvenu à les battre. Alors bien sûr, il y a des années où vous gagnez et d’autres où vous perdez. Mais c’est normal parce que c’est le sport.”

Alexandre Vinokourov : “la plus belle chose qui pouvait arriver”

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Alexandre Vinokourov, qui a mis fin à sa carrière de coureur en 2012 après son titre olympique, est désormais le manager d’Astana. Un manager comblé par le triomphe de son protégé.

Euronews : “Après les abandons de Froome et de Contador, la pression était immense, et malgré ça, Astana ne s’est pas relâché. L‘équipe a continué à prendre des risques, sans redouter plus que ça les chutes…”

Alexandre Vinokourov : “Cela fait partie de la course. On est resté concentré tout le temps, on a couru à l’avant, mais tout le monde a eu des petits bobos. Je suis désolé pour Froome et Contador, même si ça fait partie de la course. Ils ont dû abandonner, mais ça n’enlève rien à la valeur de la victoire de Vincenzo. Je vois mal comment Froome et Contador pouvaient le battre, vu comment Vincenzo montait les cols. Il a gagné quatre étapes, et réussi une très belle prestation. Pour notre pays, c’est une grande image, car l‘équipe était tout le temps devant pour défendre le maillot jaune.”

Euronews : “Avec Froome et Contador encore en course, quelle aurait été votre tactique?”

Alexandre Vinokourov : “On est resté tout le temps compétitif. On a toujours essayé de creuser l‘écart avec les autres concurrents, et au final si on pouvait gagner l‘étape, c‘était mieux. La dernière étape dans les Pyrénées, on voulait la gagner. Vincenzo était prêt à montrer qui était le patron du Tour et il voulait frapper fort. L‘équipe était déjà fatiguée, mais les gars ont fait le maximum.”

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Euronews : “Vu de l’extérieur, on a l’impression que Nibali court comme vous à votre époque. C’est le fruit de votre influence ?”

Alexandre Vinokourov : “C’est vrai. C’est ça, les champions. Ils ont une mentalité très forte, ils sont plus faciles à guider. Je fixe la stratégie pour l‘équipe, et Nibali court un peu comme moi sauf que je n’ai jamais remporté le Tour. Mais là, on a gagné avec notre équipe, et c’est la plus belle chose qui pouvait arriver.”

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