Hervé Gourdel : poursuites contre 15 islamistes en Algérie

Hervé Gourdel : poursuites contre 15 islamistes en Algérie
Par Joël Chatreau
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button
PUBLICITÉ

15 des ravisseurs, et donc des assassins du Français Hervé Gourdel, décapité fin septembre en Algérie, sont identifiés et poursuivis : c’est ce qu’a précisé le 2 octobre le ministre algérien de la Justice, Tayeb Louh. Lors d’une intervention à la télévision publique le 30 septembre, il avait déjà déclaré : “Les premiers éléments de l’enquête ont permis d’identifier des membres du groupe terroriste auteur de ce crime”. Il avait alors indiqué que l’enquête était confiée à un juge d’un tribunal d’Alger spécialisé dans les affaires de terrorisme et de crime organisé. Le parquet a requis des mandats d’arrêt à l’encontre des combattants islamistes identifiés et une commission rogatoire est lancée, selon les propos de Tayeb Louh, “pour déterminer le lieu d’où a été postée la vidéo de l’exécution sur la toile d’internet”. Cette vidéo avait été diffusée par des sites islamistes le 24 septembre dernier.

Le 30 septembre également, le groupe armé qui a revendiqué l’enlèvement de Hervé Gourdel (Il se fait appeler Jund al-Khilafa, ce qui peut se traduire par “Les soldats du Califat”) a posté une nouvelle vidéo dans laquelle il confirme son soutien à l’organisation jihadiste Etat islamique. De source sécuritaire algérienne, ce mouvement islamiste est surtout composé d’anciens membres d’Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique). Il a été fondé par Abdelmalek Gouri, un ex-bras droit du chef d’Aqmi. Selon la sécurité algérienne, Gouri faisait partie d’un commando qui avait commis des attentats contre le palais du gouvernement et un bâtiment de l’ONU à Alger en 2007. Le chef islamiste serait aussi responsable d’une attaque qui avait fait 11 morts et 9 blessés dans les rangs de l’armée le 19 avril dernier à Iboudrarène. La ville se trouve dans la région de Tizi Ouzou, zone où Hervé Gourdel a été enlevé.

Pour la première fois, le jeune Algérien Oussama, qui se trouvait en compagnie du Français dans le parc national du Djurdjura, témoigne publiquement après leur randonnée tragique. Le jeune homme de 23 ans s’est confié au quotidien arabophone Echorouk. Originaire de Boufarik, une ville de la région de Blida dans le nord de l’Algérie, il entretenait une correspondance amicale sur le réseau internet avec le guide de haute montagne assassiné. Ils avaient tous deux la même passion de l’escalade et de la photographie. Oussama se dit traumatisé pour le reste de sa vie. “Nous n’avons jamais pensé (Ils étaient cinq à accompagner Hervé Gourdel) que du mal puisse nous arriver dans cette région”, explique le jeune Algérien. “J’ai bivouaqué à maintes reprises dans les environs de Tikjda et d’Aït Ouabane, poursuit-il, je n’ai jamais été victime d’une agression ou d’une quelconque attaque terroriste. Moi et mes compagnons, nous avons toujours pensé que la région était sécurisée”. Pourtant, cette zone montagneuse au coeur du massif Djurdjura, en Kabylie, est considérée à risque car elle abrite des groupes armés islamistes. Oussama indique que le randonneur français est arrivé le 20 septembre en Algérie. Ensemble, ils auraient visité Tikjda, une ancienne station de ski, puis y auraient passé la nuit. Le lendemain dimanche, toujours selon Oussama, Hervé Gourdel et ses cinq compagnons se seraient rendus par la route, à bord d’un véhicule loué, dans le village de Aït Ouabane, situé dans la région de Tizi Ouzou.

“C’est dans la forêt que nous avons été surpris par un groupe armé qui nous a encerclés, raconte le témoin algérien. Ils n’ont demandé ni nos pièces d’identité ni nos portefeuilles pour nous prendre de l’argent. Ils ont pris Hervé en disant qu’ils étaient au service du Califat de Bagdad”. “Nous n’avons pas voulu abandonner notre ami, assure Oussama. Nous avons supplié les terroristes de le relâcher, nous nous sommes même accrochés avec eux pour les empêcher de le prendre en otage. Mais en vain, ils étaient plus forts et armés”. Le jeune homme indique également que lui et ses camarades n’ont jamais été détenus par les hommes armés, ce qui contredit ce qu’avait déclaré dimanche dernier à l’Agence France-Presse un autre témoin algérien de 21 ans. Ce dernier avait parlé de “14 heures de séquestration”.

Le journal algérien El Ahdath, citant une source proche de l’instruction, donne d’ailleurs la même version que celle d’Oussama. Les cinq compagnons de Hervé Gourdel, enlevé le 21 septembre au soir, seraient restés toute la nuit sans bouger, par peur des menaces de mort proférées par les islamistes du mouvement Jund al-Khilafa qui disaient les surveiller de loin. Ce n’est qu’au matin, le lundi, que les jeunes Algériens sont allés donner l’alerte dans une caserne proche de Tikjda. Après six jours de garde à vue dans les locaux de la gendarmerie de Bouira, ils ont été inculpés mais seulement pour avoir enfreint la loi algérienne qui interdit d’héberger un étranger sans le déclarer. “De simple ami, je suis devenu un suspect, regrette Oussama. J’espère me relever un jour de cette épreuve douloureuse”.

Une vidéo montre le camp des islamistes

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

Perdus en mer en jet-ski, deux vacanciers franco-marocains tués par des garde-côtes algériens

Deux touristes franco-marocains tués par balle au large des côtes algériennes

Guerre en Ukraine : l'Ukraine déboutée par la CIJ