Europe spatiale : le calendrier des 50 prochaines années

Europe spatiale : le calendrier des 50 prochaines années
Par Euronews
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2014 aura été une année extraordinaire dans notre système solaire. Nous nous sommes posés sur une comète, nous avons de nouveaux astronautes dans l’espace et toutes sortes de missions sont en préparation. Alors, quel est le futur du secteur spatial en Europe ?

Les décisions prises début décembre à Luxembourg auront un impact sur le programme spatial européen des 10, 20, 30 voire même 50 prochaines années.

L’espace peut inspirer émerveillement et humilité. Au cours de son séjour de six mois à bord de la Station spatiale internationale, l’astronaute allemand Alexander Gerst a capturé des clichés de la Terre à couper le souffle. Ils ont en tout cas séduit la secrétaire d’Etat allemande à l’aviation et à l’espace, Brigitte Zypries. “ Ce que j’ai le plus aimé, c’est la façon magnifique dont Alexander Gerst a montré la Terre depuis l’espace. Il a su capter l’attention de nombreux jeunes, et fasciner des gens un peu plus âgés mais jeunes dans leur tête. Pour moi, il a fait beaucoup pour la recherche spatiale en Allemagne, “ confiait-elle à Luxembourg.

L’espace, c’est le terrain d’une grande aventure humaine, pleine d’humanité. Quand Philae s’est posée, nous étions là pour partager l‘émotion. Alice Bunn dirige les politiques de l’agence spatiale britannique. Appelée à résumer les grands événements de l’année en matière spatiale, elle s’enthousiasme : “ Par où commencer ? Nous nous sommes posés sur une comète ! Qui l’eut crû ? C’est une source d’inspiration, vraiment ! “

Un peu de politique, beaucoup d’argent

Mais l’espace a aussi à voir avec la politique et bien sûr, l’argent. On en a évidemment parlé à Luxembourg. “ Un des thèmes aujourd’hui est l‘équilibrage des différentes contributions de différents pays, en particulier de la France, de l’Italie et de l’Allemagne, “ explique Stefania Giannini, la ministre italienne de l’Education. L’essentiel du marchandage s’est fait en amont, le budget annuel de 3,3 milliards d’euros de l’Agence spatiale européenne a déjà été défini. A Luxembourg, on apporte la touche finale et on valide.

La réussite de ce genre de réunion dépend souvent des contacts noués au fil du temps, comme l’explique le ministre britannique de l’enseignement supérieur et des sciences, Greg Clark : “ les enjeux sont très importants, et la seule manière de procéder est de rencontrer les gens de visu, apprendre à les connaître pour trouver un accord. “

Ariane 6 : rester leader sur le marché des lanceurs

On a beaucoup parlé fusées à Luxembourg. La fusée européenne Ariane 5 est désormais jugée trop chère. Sa position de leader sur le marché est menacée par sa nouvelle concurrente américaine Space X, moins coûteuse. La réponse de l’Agence spatiale européenne sera la toute nouvelle Ariane 6, déjà assurée d’un financement de 3 milliards d’euros. Pour Geneviève Fioraso, la secrétaire d’Etat française à l’enseignement supérieur et à la recherche, “ la première grande bonne nouvelle européenne c’est d’avoir décidé de lancer ensemble Ariane 6, dont le premier vol devrait intervenir en 2020. Une nouvelle fusée, un lanceur compétitif, modulaire, qui n’aura plus besoin de fonds publics pour son aide à l’exploitation. “

Sur notre vidéo, vous pouvez voir à quoi ressemblera Ariane 6. Elle se déclinera en deux versions avec, au choix, deux ou quatre propulseurs. Chaque lancement coûtera de 70 à 115 millions d’euros contre 160 millions d’euros actuellement avec Ariane 5. “ Cela nous donne plus de flexibilité et nous rend plus compétitifs, se félicite Brigitte Zypries, parce que nous, les Européens, voulons conserver notre propre accès à l’espace face à la concurrence américaine, chinoise, russe et indienne… Il y a un large spectre de concurrents, mais nous voulons rester dans la course et notamment construire un bon lanceur qui puisse transporter des satellites dans l’espace. “

Destination Mars

Côté destinations, Mars s’impose comme une évidence. La mission ExoMars, emmenée par l’Italie et la Grande-Bretagne, lancera une sonde vers l’orbite martienne en 2016, puis en 2018, le rover ExoMars se posera sur la planète rouge. Les ministres ont validé les 160 millions d’euros nécessaires au projet, le premier à chercher des preuves de vie sur Mars. “ Ce qui rend ExoMars unique, c’est qu’il pourra creuser et chercher des signes historiques de vie sur Mars, précise Alice Bunn. On ne l’a jamais fait avant. Chaque fois qu’on est sur une de ces missions, c’est quelque chose de nouveau, dans le sillage de Rosetta. C’est ce qui est enivrant dans ces missions scientifiques. Vous ne savez pas ce que vous allez trouver ! “

Roberto Battiston préside l’Agence spatiale italienne. “ Dans un certain sens, c’est le prolongement logique de Philae sur la comète. Nous pensons qu’il est très intéressant d’aller voir ce qui se trouve sous la surface de Mars, parce que l’analyse qui a été faite à la surface montre qu’il n’y a pas de vie sur Mars. Et d’un côté, c’est évident, puisque les radiations et les rayons cosmiques ont certainement détruit toute forme de vie sur des millions d’années. Mais de l’autre côté, il est possible que quelque chose ait survécu en profondeur, “ avance-t-il.

*Astronautes ou robots ?”

L’avenir de la présence de l’homme dans l’espace est moins clair. L’an prochain, l’Europe enverra deux nouveaux astronautes sur l’ISS, qui, faute de soutien, risque le démantèlement d’ici 2030. En attendant, elle reste un bon outil de recherche. Le président de l’Agence spatiale allemande, Johann-Dietrich Wörner, l’assure : “ pour nous, l’ISS est l’infrastructure de recherche parfaite en orbite terrestre basse. Nous en avons besoin pour l‘étude de la physiologie humaine, en biologie ainsi qu’en science des matériaux. Et maintenant aussi pour observer la Terre et pour la recherche fondamentale sur l’anti-matière par exemple et toutes ces questions. “

Et si les astronautes ont un rôle important à jouer dans l’exploration, les missions robotisées comme Rosetta ont décidément la cote en Europe. “Aujourd’hui ce qui m’impressionne le plus, c’est la capacité des robots, reconnaît Jean-Yves Le Gall, président de l’Agence spatiale française. Nous allons un peu partout avec des robots, donc c’est la puissance des robots qui, finalement, fait qu’on peut faire beaucoup plus vite, beaucoup mieux et beaucoup moins cher que l’exploration habitée.”

Un secteur qui rapporte

Tous les membres de l’Agence spatiale européenne se doivent de financer les missions scientifiques. Mais la plupart des gouvernements investissent dans l’espace parce que ça leur rapporte. Le secteur crée non seulement des emplois, mais aussi des services aujourd’hui tenus pour acquis, tels que la télévision par satellite ou la navigation GPS.

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“ Au-delà du rêve que l’espace offre à tous, il y a les résultats réels et tangibles de la recherche scientifique dans ce secteur, qui sont aussi fondamentaux pour le développement futur de nos pays, “ affirme Stefania Giannini. Et Geneviève Fioraso d’abonder dans son sens : “ c’est bon pour l‘économie, mais c’est bon aussi pour le sentiment d’appartenance tout simplement. Les Terriens se mobilisent et je trouve que, dans la période, avoir des projets crée de la solidarité, de la fraternité, ça élève le débat.”

Les décisions sur le financement et la gestion du secteur spatial en Europe sont prises sur la base d’arguments purement économiques. Mais les résultats, une fois en orbite, n’en sont pas moins agréables à contempler.

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