France : l'extrême-droite renforce son implantation locale

France : l'extrême-droite renforce son implantation locale
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Par Joël Chatreau
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Les vérités qui sont mises en évidence par le premier tour des élections départementales en France sont d’abord les chiffres, incontestables :

LA DROITE :
Elle a clairement pris la tête en réussissant à se distinguer du Front national. Le parti UMP et son principal allié de centre-droit, l’UDI, ont obtenu 29,40% des voix.
Elle occupe déjà 220 sièges. Elle n’a pas d’inquiétude à avoir pour conserver la quarantaine de départements qu’elle contrôle, et elle pourrait prendre au moins une quinzaine de territoires supplémentaires à la gauche.

L’EXTREME-DROITE :
Le Front national a décroché le meilleur score de son histoire en pourcentage, 25,19%, soit légèrement plus que lors des élections européennes (24,86%) mais il n’a pas réussi son pari de devenir le premier parti de France.
Le FN dispose de 8 sièges et, alors qu’il était à peine représenté dans les conseils départementaux, il est qualifié dans près de 1 100 cantons, soit plus d’un canton sur deux, pour le second tour. De plus, l’extrême-droite est en pole-position dans 43 départements sur 98.

LA GAUCHE :
Elle a pris un mauvais coup car si le Parti socialiste et les divers gauche réunis ont collectionné 28,66% des voix, le PS seul n’a dû se contenter que de 21,85%.
Elle possède pour le moment 56 sièges mais elle est déjà éliminée dans un quart des cantons, 524 en tout. Au mieux, la gauche devrait conserver une vingtaine de départements sur les 61 qu’elle détient.

Les différentes forces en présence n’ont que six jours pour tirer les leçons du premier tour et pour poursuivre ou revoir leurs stratégies :

LA DROITE :
Elle veut enfoncer le clou, particulièrement là où ça fait mal. Le département du Nord, bastion très symbolique de la gauche, est “mûr” pour tomber. La Corrèze, chère au président François Hollande, est menacée de basculer, ce qui serait un très mauvais signe envoyé au pouvoir socialiste.
Le patron de l’UMP, Nicolas Sarkozy, fort du succès au premier tour, maintient sa consigne du “ni ni” (Ni FN, ni PS) dans les cantons où la droite a perdu. Mais, premier désaccord sur le fond, le président de son allié centriste, l’UDI, Jean-Christophe Lagarde, appelle au contraire à “faire barrage à l’extrême-droite avec un bulletin républicain”. Le chef du Modem, autre parti du centre, François Bayrou, s’oppose également au “ni ni” pour des questions de “valeurs”, explique-t-il.
Quant à l’ancien Premier ministre François Fillon, il marque son territoire au sein de l’UMP : “L’espoir est incarné par tous les candidats qui ont combattu sur le terrain, a-t-il déclaré ce lundi. Entendre sur les radios qu’il y a juste le président de l’UMP est assez choquant !”

#dep2015#France L'air de rien, l'extrême-droite pourrait mettre la main sur 4 départements http://t.co/CGT13T54blpic.twitter.com/is6OBu9Gb5

— Joël Chatreau (@JChatreau) 23 Mars 2015

L’EXTREME-DROITE :
Marine Le Pen se frotte les mains. Dans l‘élan, le Front national pourrait faire tomber dans son escarcelle au moins quatre départements, le Vaucluse, le Gard, l’Aisne et l’Oise. Il confirme aussi son ancrage dans le Var, où il a remporté le canton de Fréjus et se place en tête dans 14 des 22 cantons en ballottage.
Les meilleurs résultats de l’extrême-droite se concentrent dans le sud-est de la France, région où elle gère déjà des villes. Le Front national sera “le faiseur de roi du quart sud-est, estime l’un des spécialistes de ce parti, Jean-Yves Camus, mais atteindra-t-il le même niveau sur le reste du territoire ?”

LA GAUCHE :
Le Parti socialiste fait des comptes plutôt illusoires en ajoutant aux 28%, obtenus avec les divers gauche, le score du Front de gauche (6,09%) et celui des écologistes d’Europe Ecologie Les Verts ( 2,03%); cela fait monter le pourcentage total au niveau de celui de la droite. Mais dans le même temps, le PS souligne que c’est justement la division de la gauche qui a provoqué la défaite dans 256 cantons. L’appel à l’unité aura du mal à passer auprès du Front de gauche qui ne rate pas une occasion de “flinguer” les socialistes, et des écolos qui ne savent toujours pas sur quel pied danser…
Le Premier ministre socialiste, Manuel Valls, entend continuer de fustiger l’extrême-droite. “Le FN poursuit sa progression, a-t-il déclaré ce lundi. Il faut le contenir, le combattre”. Le chef du gouvernement a aussi qualifié la consigne de droite du “ni ni” de “faute morale et faute politique”. Cela ne devrait pas suffire à contrer la poussée frontiste.

Suite au second tour…

Il se jouera dans 1 900 cantons.
Un sondage a déjà fait des pronostics : environ 71 départements à droite, environ 19 à gauche et 3 sans majorité… pas de trace du FN !?

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