Nuits Sonores - Vincent Carry : "On ne fait pas un festival en répondant aux attentes, c’est à prendre ou à laisser"

Nuits Sonores - Vincent Carry : "On ne fait pas un festival en répondant aux attentes, c’est à prendre ou à laisser"
Par Vicenç Batalla
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La 13è édition du festival lyonnais Nuits Sonores se tient à Lyon en France du 13 au 17 mai. Entretien avec Vincent Carry, directeur du festival.

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La 13è édition du festival lyonnais Nuits Sonores (13-17 mai), ainsi que la 5è du European Lab Forum organisé en parallèle, est plus ambitieuse que jamais.

Non pas parce que le festival compterait sur une constellation de têtes d’affiche – même s’il en propose quelques-unes – mais parce qu’il continue de développer une approche originale des musiques électroniques et indépendantes.
Autre spécificité de Nuits Sonores : le festival investit tout le tissu urbain, culturel et européen de la ville de Lyon en disséminant les concerts à travers la ville et par le biais de débats multidisciplinaires dans le cadre du Forum.

Derrière tout ce dispositif, il y a l’inquiet Vincent Carry, directeur général et conseiller artistique de l’espace d’arts numériques parisien la Gaîté Lyrique.
Entretien dans une cantine près du siège d’Arty Farty, en bord du Rhône.

Vincent Carry, directeur de Nuits Sonores
Vincent Carry, directeur de Nuits Sonores

Nuits Sonores et l’European Lab Forum continuent d’inventer un autre modèle de festival et un autre regard sur l’Europe. Mais comment rester si optimiste devant la crise de ces valeurs et la gentrification des espaces urbains ?

Nous sommes une structure très optimiste. Et très positive. Nous sommes aussi une structure pro-européenne, qui défend clairement l’idéal européen depuis le début. Nous défendons la nouvelle génération, la jeunesse, la création contemporaine et l’indépendance des projets artistiques. Ce sont nos convictions.

Nous avons eu la chance de trouver un public important dans ce format. Cela a fonctionné car nous avons réinventé le format ‘festival’ lors du lancement de Nuits Sonores il y a treize ans. Nous avions décidé de faire l’exact opposé de ce qu’étaient en train de devenir ce que j’appelle les mass-festivals : les grands festivals dans les pays de l’Est, parfois en Espagne, parfois en Angleterre ou en Belgique. Nous n’avions plus envie de ces festivals-là. Nous avions envie d’un festival qui retrouve le sens de l’urbanité et de la convivialité, qui soit construit à l’intérieur du territoire urbain. Cela a créé une empathie et un intérêt extrêmement important parce que beaucoup des gens n’avaient plus envie des mass-festivals.

Sur la question de la gentrification urbaine dans les métropoles européennes, Lyon n’échappe évidemment pas à ce mouvement des centres villes. Cela nous concerne d’autant plus que nous organisons notre festival dans le quartier de La Confluence, un quartier en forme de point d’interrogation car personne ne sait à quoi ressemblera sa sociologie dans cinq ou dix ans.

En tout cas, Nuits Sonores est un festival très populaire qui ne se revendique pas ‘hipster’ mais bien pour tous les publics. Par contre, nous avons une exigence artistique à laquelle le public est obligé de se plier. On ne fait pas un festival en répondant aux attentes. On fait un festival avec une ligne artistique éditoriale très forte. Et c’est à prendre ou à laisser.

En quoi consiste exactement le concept Confluence 2015, sur lequel vous avez construit la majorité de la programmation cette année ?

Notre atout est que nous connaissons très, très bien ce quartier : Nuits Sonores est né à La Confluence. Avant même qu’il ne s’appelle Nuits Sonores, il y avait eu une sorte d’édition zéro appelée Arty Farty qui s’était déroulée à La Sucrière en 2002. Nous avons été le premier acteur culturel à investir massivement ce territoire avec La Sucrière, le Salant du Midi, la patinoire Charlemagne et, évidemment, le Marché Gare. Puis, il a deux ans, nous avons créé Le Sucre, un nouveau lieu culturel.

La Confluence est un territoire que nous avons vu évoluer. Et, aujourd’hui, il n’a pas plus rien à voir avec ce qu’il était il y a quinze ans. Il y a quinze ans, c’était un territoire de friches. Il n’y avait que des anciennes usines, des ‘warehouse’ industriels magnifiques. Pour nous, c’était une espèce de ‘playground’, d’aire de jeu dans laquelle nous pouvions réellement faire ce que l’on voulait. Il n’y avait pas tellement de problème de voisinage… Aujourd’hui, au contraire, c’est un quartier en train de se densifier. De nombreux acteurs culturels, médiatiques viennent s’installer. Il y a le Musée des Confluences, M6, Euronews…

Cela devient plus complexe d’y faire vivre le festival. Mais, en même temps, et c’est intéressant, nous essayions quand même de faire participer tous ces acteurs au développement du projet. Nous travaillons plus en dentelle ; nous devons être plus subtils. C’est moins facile qu’il y a dix ans. Les Lyonnais sont assez attentifs à l’évolution de ce quartier.

Maison de la Confluence, Nuits Sonores 2014
Maison de la Confluence, Nuits Sonores 2014

Que vous disent les invités de l’European Lab Forum et de Nuits Sonores sur cet environnement urbain et sur Lyon, en général ?

Au cours du dernier mois, j’ai dû recevoir au Sucre au moins une vingtaine de journalistes internationaux : The Guardian, des journalistes italiens etc. qui s’intéressent à La Confluence. Et comme Le Sucre y est le seul lieu innovant, jeune, ils nous questionnent.
Les artistes et les invités du Lab, ceux qui ne connaissent pas Lyon, sont bluffés dans 95% des cas. C’est une ville qui a eu très longtemps un déficit d’image à l’international et qui est en train de le combler. Les gens en venant à Lyon ne s’attendent pas à grande chose. Puis ils découvrent cette ville : une mélange d’une beauté proche de celle d’une ville italienne à certains égards, une ville très contemporaine, notamment avec La Confluence, un véritable musée de l’architecture à ciel ouvert. Ils découvrent ces deux fleuves, l’énergie qu’il y a dans la ville. Et, en général, ils sont complètement bluffés. Certains d’entre eux sont depuis venus s’installer à Lyon.

Par exemple?

Pablo Valentino, un artiste dont nous sommes très proche et qui travaille pour le label MCDE est venu s’installer à ici. Il y a aussi Ark (Guillaume Berroyer), qui est aussi parisien. Ils sont de plus en plus nombreux. Pas seulement dans le domaine de la musique, mais on compte aussi beaucoup d’amis architectes, graphistes… Énormément de gens choisissent Lyon plutôt que la pression financière, sociale, etc. de Paris. Beaucoup de gens ne peuvent plus payer leur logement dans la capitale. Aujourd’hui, les trentenaires qui ont des boulots, qui commencent à avoir des enfants, font le choix, pour certains de revenir à Lyon ou même, pour d’autres, de s’y installer pour la première fois. Ce mouvement va dans le sens d’une décentralisation, comme dans d’autres pays, avec des métropoles plus équilibrés et plus solides.

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Les invités et artistes sont aussi impressionnés par La Confluence parce qu’ils voient le quartier dans des circonstances très particulières, durant l’European Lab et Nuits Sonores, avec ses cinq lieus principaux. Ils pourraient croire que la ville a tout le temps cette énergie folle, ce qui n’est pas le cas ! Heureusement, car sinon cela ne servirait à rien de faire le festival.

En tant que Lyonnais, comment avez-vous vu changer la ville depuis les années 1990?

Nous avons eu successivement trois maires différents : Michel Noir, Raymond Barre et Gérard Collomb qui tous ont eu une vraie ambition pour Lyon. Michel Noir a sorti Lyon de son obscurité ; c’est lui qui a fait le plan Lumière qui a réellement embelli cette ville. Raymond Barre avait véritablement pour but de l’internationaliser ; c’est lui qui a fait venir le G7, Interpol… Et Gérard Collomb a su cristalliser tout cela. Je crois que c’est un maire qui a donné une vraie dimension à Lyon, y compris sur le plan économique.

Ce sont évidemment les élus qui ont fait tout ce travail. Nuits Sonores a été un événement, un marqueur culturel, un symbole d’une dynamique, et, vis-à-vis de l’extérieur, de la visibilité, du rayonnement de la ville. Énormément d’étudiants ont choisi Lyon en partie à cause de l’image de Nuits Sonores… Comme on pourrait choisir Barcelone parce qu’il y a le Sónar.

Nous avons aussi accompagné, entre guillemets, l’évolution urbaine de Lyon car nous avons toujours était un peu là où la ville était en train de se faire, en train de se construire, en train de bouger. Ce n’est pas par hasard que nous avons été à La Confluence. Et ce n’était non plus pas par hasard que nous avons fait les usines SLI à Vaise en 2008 ou les usines Brossette à Gerland en 2012 et 2013. Nous avons toujours été là où le tramway était en train de se construire : par exemple, choisir un parc dans le troisième arrondissement au moment où la ligne de tramway ouvrait devant ce parc. Ou encore faire l’esplanade François Mitterrand à La Confluence quand elle n’était pas encore inaugurée. D’ailleurs nous nous sommes faits engueuler ! L’année passée, j’avais envie de faire un projet au Musée des Confluences avant qu’il n’ouvre ; ils ne m’ont pas laissé faire [rires]. Par contre, nous avons fait l’Hôtel Dieu.

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Les Lyonnais vont le redécouvrir, avec un tas des choses sur lesquelles on peut être d’accord ou non. Mais nous nous étions à l’Hôtel Dieu en 2012 pour le réouvrir avant même que les travaux ne commencent. Nous avons toujours suivi, ou même précédé un peu ces évolutions de la ville”.

Maison de la Confluence, Nuits Sonores 2014
Maison de la Confluence, Nuits Sonores 2014

Pourquoi avoir choisi Varsovie comme ville invitée de cette édition ?

Il y a eu, pour cela, trois voyages à Varsovie : deux avec l’équipe de programmation et un avec des journalistes qui avaient pour but de faire des repérages. Nous sommes allés à Varsovie pour sélectionner des artistes, découvrir l’atmosphère de la ville et la comprendre.
Depuis 2003, Nuits Sonores a toujours une ville invitée : nous avons eu Marseille, Manchester, New York, Barcelone avec le Sónar, Glasgow, Londres, Bruxelles, Montréal, Tokyo, Berlin…

L’idée, à chaque fois, est de parler d’une ville dans laquelle il se passe quelque chose du point de vue culturel, quelque chose qui nous semble intéressant à raconter. Ça part souvent d’une intuition, parfois d’une évidence. D’autres fois, cette intuition est un peu plus complexe.

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Pour Varsovie, cela faisait longtemps que beaucoup de personnes nous disaient que cette ville était en train de devenir un petit Berlin. Quand cela est répété trois, quatre fois, nous nous sommes dit “quand même, allons voir ce qui se passe”. Nous rencontrons des acteurs culturels, des artistes et nous prenons la température de la ville.

Mitch & Mitch
Mitch & Mitch

Cette année, nous accueillons une gros délégation d’artistes de Varsovie. Il y a beaucoup d’artistes musicaux ; nous organisons des fresques ; il y a une exposition d’affiches, du ‘fooding’…

Ce sont plutôt des artistes alternatifs. Nous ne proposons pas une vision institutionnelle de Varsovie, mais un panorama de ce qui se passe en ce moment dans nos esthétiques à nous”.

Vous avez offert une carte blanche en journée à chacun des artistes Ben Klock, John Talabot et Jamie XX. Leurs choix vous ont-ils surpris ?

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Ben Klock, John Talabot et Jamie XX

“Ils incarnent, tous les trois, quelque chose d’important aujourd’hui dans le domaine musical et dans la culture électronique. Ce sont trois vraies personnalités, bien plus que de simples djs. Ce sont des artistes avec un univers qui brasse d’autres artistes et qui sont connectés avec plein de gens. Ce sont des artistes dont on sait que leurs centres d’intérêts dépassent la musique électronique. Ils ont une vraie vision culturelle de ce qu’ils font, comme c’est le cas pour Laurent Garnier, avec lequel nous faisons des tas de projets de ‘curating’.

Les pronostics, ou non, de Vincent Carry…

Une grosse révélation cette année est Nils Frahm. Je suis très attaché à la présence de Daniel Avery, qui typiquement fait partie de ces artistes qui ont une vision culturelle, intellectuelle qui va au-delà de passer simplement des disques. Public Service Broadcasting c’est le chouchou de l’équipe. Nous sommes très heureux de faire jouer Vaudou Game. Nous les avons reçus récemment au Sucre. Alejandro Paz est un type fantastique. Jon Hopkins sera un des événements de cette année.

Et, en plus, Laurent Garnier va finir le festival. A chaque fois qu’ il a joué en clôture de Nuits Sonores, ces sets ont toujours été de très grands moments… Avec The Orb et Laurent Garnier, on parle réellement des pionniers. Cette scène qui mélange tous ces artistes va être intéressante. Nous n’avions pas beaucoup de nouvelles de The Orb. C’est Pierre-Marie Ouillon (coordination artistique) qui a eu le ‘feeling’ d’aller les chercher. Ce sera une des surprises de cette édition.

Mais, j’avoue que je ne fais pas de pronostique.

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Ils ne nous ont pas tous surpris dans la même mesure. Certains ont simplement mis en avant leur propre environnement artistique. C’est le cas de Jamie XX, qui vient avec sa bande, son réseau londonien. Le berlinois Ben Klock a pris plus des risques, je pense, notamment sur le projet des pièces de Steve Reich. En tout cas, une chose est claire : les trois ont joué le jeu. Et les trois ont été séduits et touchés par l’invitation en y répondant avec conviction”.

Vous organisez aussi Nuits Sonores Tanger, en octobre. Comment faites-vous la liaison entre électronique et musiques méditerranéennes?

Bien entendu, c’est un choix politique, mais qui n’a pas commencé avec Nuits Sonores. Il a débuté avec la volonté que j’avais depuis longtemps de faire un festival au Maghreb. Créé il y a trois ans, il s’appelle Nuits Sonores Tanger. C’est un festival qui nous a aidé à construire de vrais liens avec un certain nombre d’artistes du Maroc, mais plus largement du Liban, d’Egypte y compris même des artistes européens issus de l’immigration et du pourtour méditerranéen. Nous avons construit ce festival petit à petit, avec beaucoup d’échanges artistiques, avec des collaborations entre les artistes européens et ceux du sud de la Méditerranée.

Puis nous avons eu envie que tout cela pénètre aux Nuits Sonores à Lyon. Cette année c’est particulièrement visible. Il y a beaucoup de nationalités et même d’esthétiques. C’est aussi une preuve de maturité du festival, qui n’a jamais été un festival arc-bouté sur la techno puisque que nous avons toujours eu une vision extrêmement ouverte… Nous n’avons jamais été des ayatollahs d’un courant esthétique. Nous avons été de grands amoureux et des pionniers de la révolution techno, mais, pour autant, nous n’avons jamais considéré qu’elle devait être exclusive. Et l’on se bat toujours pour cette ouverture d’esprit.

En quoi consistera l’intervention musicale de la photographe américaine Nan Goldin à l’Opéra de Lyon?

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C’est une carte blanche que nous donnons au collectif Soundwalk, coordonné et animé artistiquement, avec beaucoup de talent, par Stephan Crasneanscki. Il arrive à créer des aventures artistiques avec de grandes personnalités du monde créatif. Récemment, il a fait un projet sur Jean-Luc Godard. Mais aussi pour Ricardo Villalobos, Patti Smith… Soundwalk est un collectif qui crée des projets transdisciplinaires autour du visuel, de la littérature, de la musique électronique.

Soundwalk
Soundwalk

Dans ce cas, il s’agit d’un spectacle (A memoir of desintegration) avec la photographe new-yorkaise Nan Goldin, construit avec la vidéaste Tina Frank, des musiciens dont un joue avec Villalobos et des textes qui parlent de la violence des années quatre-vingt à travers le prisme du sexe, du sida, de la mort… C’est très dur, un live assez percutant qui ne va pas laisser les gens insensibles. Je l’ai vu à Berlin au festival Transmediale. On en sort assez heurté. Nan Goldin lit ses textes avec la vidéo et les musiciens.

La carte blanche de Soundwalk se décline également dans le programme du Lab. Il y a deux interventions: une conférence de Stephan Crasneanscki sur le lien entre création et urbanité et une conférence de Nan Goldin”.

‘Imaginer la culture de demain’ est le leitmotiv de l’European Lab cette année. N’est-ce ne pas un concept trop abstrait?

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Le temps de présence physique des gens entre eux est très important. Même s’il n’en restait rien. Une génération a aujourd’hui la responsabilité d’imaginer ce que sera la culture de demain, de la construire. Et ce alors même qu’elle n’a plus de budget, que les moyens financiers se réduisent, qu’il y a la crise. Une crise économique et une crise de la citoyenneté, une crise politique, morale en Europe. Cette génération fait face à de grands problèmes politiques dans tous les pays, à une révolution numérique qui complexifie tout, à une globalisation, une mondialisation des usages et des pratiques culturelles…

Tous ces jeunes gens, porteurs de projets, se posent beaucoup de questions. Ils construisent dans de grandes difficultés contextuelles, mais un champ s’ouvre à eux. Car tout ce bordel crée aussi des opportunités. On peut être des aventuriers ! Encore plus aujourd’hui qu’il y a 20 ans.

Il faut connecter toutes ces personnes pour qu’elles se parlent. Les politiques avec les porteurs des projets. Les porteurs des projets avec les médias. Les médias avec les entreprises. Les entreprises avec les politiques, etc. Il faut connecter toute cette génération d’acteurs qui a une nouvelle vision non institutionnelle de ce qui sera la culture dans vingt ans et qui va chercher à inventer des nouveaux modèles.

Après le Forum, il en reste bien entendu quelque chose. Il y a tout d’abord une restitution par le Radio Lab, qui fait du son et de la vidéo sur tous les contenus puis les « éditorialise ». Ils sont proposés en libre accès en podcast. Il est possible ainsi de voir tout un tas de concerts, interviews ou conférences. Mais il y a aussi d’autres rendez-vous dans l’année. Tout cela ne s’arrête pas le jour où le forum lyonnais s’arrête.

Le projet We are Europe construit avec sept autres festivals, a obtenu une récompense à un concours de la Commission européenne. Quel est l’objectif de ce projet ?

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Il s’agit d’un projet qu’on a gagné dans le cadre d’Europe Creative. Le volet qui nous concerne est celui de la grande coopération.

Cette coopération a été pilotée par Nuits Sonores/European Lab, soit Arty Farty. La structure est à Lyon. Mais nous allons associer sept autres partenaires européens. Ils ont tous la même particularité que nous d’avoir commencé par faire un festival de musique électronique et / ou de culture digitale et d’avoir décidé, à un moment donné, d’ancrer ce travail dans une forme de réflexion prospective autour d’axes différents.

AKA, artistes en tournée

AKA est une structure que nous avons créé avec Alias. A.K.A. signifie « also known as », acronyme anglais ou la traduction d’ « alias ». Arty Farty et Alias se sont associés pour créer un nouveau catalogue d’artistes électroniques et une agence de booking et production avec ces artistes. L’idée est vraiment d’organiser leur tournée et la gestion de leurs dates. Nous travaillons en France pour les artistes internationaux, et dans le monde pour les artistes français. Nous aurons bientôt une dizaine de petits artistes. Parmi les plus connus il y a le Norvégien Todd Terje, mais aussi une jeune britannique appelée Moxie… Ce catalogue va être assez pointu, assez exigent, comme le reste de ce que nous faisons.

Notre lien commun est que nous nous interrogeons tous sur le futur de la culture et de la création. Chacun a ensuite ses spécificités. Le Sónar a un angle plus technologique, par exemple, avec Sónar+D. European Lab a un angle plus politique. D’autres ont un angle plus digital… Tous ces festivals-forums, sorte de tandems, de créatures à deux hydres, à deux têtes, vont se ‘plugger’ tous ensemble. Chaque festival invitera chacun des sept autres : deux festivals par an et, trois, la dernier année. En trois ans, chacun aura accueilli les sept autres. Les forums vont construire ensemble une réflexion collective avec une grande thématique annuelle qui traversera les huit événements.

Quand aura lieu le premier rendez-vous de We are Europe ?

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En décembre : la session de lancement ne se passera dans aucune des huit villes. Elle se tiendra à Paris, à la Gaîté Lyrique. L’édition de l’European Lab Forum Winter accueillera la journée de lancement de cette collaboration. Les huit festivals seront présents : Nuits Sonores/European Lab Forum (Lyon), Sónar (Barcelone), c/o pop Festival (Cologne), Elevate festival (Graz), Insomnia Festival /Tromso), Resonate life (Belgrade), Reworks festival (Thessalonique), TodaysArtFestival (La Haye).

Tous ces projets sont-ils possibles ailleurs qu‘à Paris?

S’il y a quelque chose qui est totalement fini, c’est bien le vis-à-vis ou la relation de défiance entre Lyon et Paris. C’est terminé. Lyon, qui était dans une position d’aigreur, parfois de rancoeur vis-à-vis de Paris, maintenant s’en fout. Les Lyonnais aiment bien Paris ; ils y vont. Mais beaucoup d’entre eux n’ont pas envie d’y habiter. Je crois que c’est bien d’avoir un pied à Paris parce qu’il s’y passe encore beaucoup des choses. Mais on peut parfaitement exister à Lyon. Notamment à l’échelle européenne parce que le multilatéralisme inter-cité, la collaboration entre les villes, échappe totalement aux capitales. D’une façon générale, les villes secondaires en Europe échangent plus entre villes secondaires que les capitales entre capitales. Il y a une vraie énergie entre Lyon, Barcelone, Milan, Genève, Turin pour ne citer que notre aire géographique de proximité. Mais aussi entre Lyon et Bruxelles, entre Lyon et Varsovie, entre Lyon et Berlin…

En savoir plus
www.nuits-sonores.com
www.europeanlab.com

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