Vous l’avez peut-être remarquée, cette fleur bleue que le président français Emmanuel Macron portait accrochée au revers sa veste ce 11 novembre. Ce « Bleuet de France » a fait son grand retour en 2012 lorsque François Hollande, prédécesseur de l'actuel locataire de l'Elysée, a relancé une tradition quelque peu tombée en désuétude dans l’Hexagone. Depuis, à l’occasion des cérémonies du 11 novembre, à l’image du Poppy britannique, le Bleuet français s’invite sur les boutonnières.
Mais d’où vient cette tradition ?
Pour ne pas oublier
Pendant la Première Guerre mondiale, le Bleuet désignait les jeunes recrues françaises qui arrivaient sur le champ de bataille avec des uniformes d’un bleu horizon, encore épargnés par la boue.
« Les voici les p’tits "Bleuets", les Bleuets couleur des cieux, ils vont jolis, gais et coquets, car ils n’ont pas froid aux yeux », écrivait Alphonse Bourgoin dans Bleuets de France en 1916.
Depuis, l’appellation est devenue un insigne par l’action de deux infirmières de l’hôpital militaire des Invalides à Paris en 1925. Souhaitant venir en aide aux mutilés de la Première Guerre mondiale, Charlotte Malterre et Suzanne Leenhardt créent des ateliers de confection de bleuets en tissu afin de les aider à reprendre goût à la vie.
Un geste symbolique et caritatif
En portant aujourd’hui le Bleuet de France, chacun peut exprimer sa solidarité envers les familles des morts pour la France. Au-delà du geste symbolique, cet acte s’avère également caritatif : en achetant l’une de ces fleurs à l'Œuvre nationale du Bleuet de France, les donateurs soutiennent financièrement les familles de militaires et de policiers blessés ou morts pour la France.
Le 11 novembre 1934, les fleurs fabriquées par les anciens combattants sont vendues pour la première fois. 128 000 Bleuets partent ce jour là. L’année suivante, l’État officialise la vente du Bleuet de France pour le jour de l’Armistice. Un second jour de collecte sera créé en 1957 pour le 8 mai, date d’anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Le Bleuet de France vient également en aide des victimes d'actes terroristes, comme celles du 13 novembre 2015, en finançant notamment des projets personnels et professionnels et des programmes psychothérapeutiques.
Les Britanniques comme exemple
Au fil des ans, la tradition du Bleuet de France s’est perdue. Contrairement au Royaume-Uni, où le coquelicot, le « Poppy », l’équivalent anglais, est aujourd’hui encore porté par de nombreux Anglais en ce « Remembrance Day ».
Chaque année, la Royal British Legion récolte plus de 50 millions d’euros avec la vente de ses coquelicots. Tandis qu’en 2011, la fondation Bleuet de France ne réunit qu’un peu plus d’un million d’euros. Cette année là, Nicolas Sarkozy, le président français de l’époque, ne porte pas l’insigne pour le jour de l’Armistice.
Le grand retour du Bleuet de France
Le 8 mai 2012 pourtant, deux jours de l’élection présidentielle, le président élu François Hollande portait déjà le Bleuet de France à la boutonnière, contrairement à celui devait rester en fonction jusqu'au 15 mai.
C'est une loi de février 2012 qui est à l'origine du retour du Bleuet. L'objectif de cette dernière, votée sous Nicolas Sarkozy, était de faire du 11 novembre une journée d’hommage à tous les morts pour la France, et non plus seulement une célébration de la fin de la Première Guerre mondiale. Suite à cette loi, l’amiral Edouard Guillaud, chef d’état-major des Armées, avait appelé l’ensemble des unités à porter le Bleuet de France [sur leur tenue le 11 novembre 2012.