Pourquoi les internes menacent-ils les services d'urgence en Angleterre ?

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Par Beatriz Beiras avec Sandrine Delorme
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Depuis la naissance du NHS, le service de santé national il y a 70 ans, c’est la première fois que les internes des hôpitaux anglais entament une

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Depuis la naissance du NHS, le service de santé national il y a 70 ans, c’est la première fois que les internes des hôpitaux anglais entament une grève totale.
Une escalade dramatique dont l’objectif est de faire dérailler une réforme imposée par le gouvernement conservateur de David Cameron.
Le débrayage était prévu de 8h à 17h ce mardi, même programme ce mercredi. Il concerne 53 000 internes, des “junior doctors”, comme cette jeune gréviste :

“Je suis véritablement préoccupée par le fait que le gouvernement poussent encore un peu plus un NHS déjà au bord de la rupture. Je crois passionnément au NHS, je pense que nous avons un formidable service de santé dans ce pays, et au cours de ces dernières années, j’ai pu constater les modifications apportées et elles n’aboutiront qu‘à sa disparition, je pense que c’est la dernière et la plus significative”.

Et si quatre grèves partielles des internes ont déjà eu lieu depuis le début de l’année, pour la première fois, les unités d’urgence sont touchées.
Le conflit se cristallise sur la mise en place d’un nouveau contrat pour les “junior doctors”. Contrat qui prévoit que les internes travailleront davantage le week-end à un tarif moins élevé puisque les heures majorées seront réduites. En contrepartie, le gouvernement propose une augmentation du salaire de base de 13,5 %.

Aujourd’hui, Jeremy Hunt, le ministre de la Santé a réagi :

“On peut être en désaccord avec la vision du gouvernement en faveur d’un NHS 7 jours sur 7, mais est-il approprié de cesser les soins d’urgence aux patients vulnérables ? Parce que c’est ce qui se passe aujourd’hui… La seule question sans issue pour nous, c’est la rémunération du samedi, et nous offrons aux médecins une prime plus élevée le samedi que celle des infirmières, des ambulanciers, que celle des assistants qui travaillent dans leur propre salle d’opération.”

Le gouvernement considère qu’“aucun syndicat n’a le droit de l’empêcher de mettre en place ce sur quoi les Britanniques ont voté”, c’est-à-dire l’engagement du parti conservateur d’améliorer le service rendu dans les hôpitaux le week-end.

Our wonderful team at our A&E front door advising patients on getting the right care during the #doctorsstrikepic.twitter.com/OYi8puw5rp

— BHRUT (@BHR_hospitals) 26 avril 2016

Une source gouvernementale aurait déclaré à un média britannique que le syndicat BMA, la British Medical Association, essayait de renverser le gouvernement et avait radicalisé “une génération de jeunes médecins”. Des propos rejetés par les internes :

“Il n’est pas dans notre intérêt de faire grève et d’essayer de renverser les gouvernements, ou de prendre le contrôle, ou d‘être tout-puissant. Les docteurs, qui mènent le BMA, travaillent dans les hôpitaux, ils savent ce que c’est d‘être en première ligne, ils essaient simplement de mettre en avant ce qui fonctionne dans la pratique. Jeremy Hunt, notre ministre, n’a jamais été en première ligne, il n’a jamais travaillé dans un hôpital, il ne sait pas comment fonctionne un hôpital”, explique Nicola Miller, jeune interne en grève.

Selon une cadre du NHS, en l’absence de “junior doctors”, plus de 110 000 consultations et 12 500 opérations ont été annulées en Angleterre, car les hôpitaux ont dû réaffecter le personnel médical aux services d’urgence.

Mais l’opinion publique les soutient toujours à plus de 57 %. Ils étaient 65 % en mars dernier.

Doctors' Strike Starts "All-out stoppage a bleak day" #DoctorsStrike#JuniorDoctorshttps://t.co/3IajuFVZOtpic.twitter.com/cmhjVzlolS

— Pascal Meier, MD,BMJ (@pascalmeier74) 26 avril 2016

Very large #doctorsstrike protest has shut Whitehall. Seems much larger than anticipated pic.twitter.com/XtQTejjUOn

— Adam Smith (@adamtimsmith) 26 avril 2016

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