Virginia Raggi, maire de Rome : "la loi doit être appliquée"

Virginia Raggi, maire de Rome : "la loi doit être appliquée"
Par Euronews
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Virginia Raggi est la nouvelle maire de Rome, issue du mouvement anti-conformiste des 5 étoiles.

Virginia Raggi est la nouvelle maire de Rome, issue du mouvement anti-conformiste des 5 étoiles. A 37 ans, elle a remporté 67,15 % des voix, devant son rival, Roberto Giachetti du Parti démocrate de centre-gauche, le même parti que celui du Premier ministre.

Avec une dette qui se compte en plusieurs milliards d’euros, la capitale italienne est au bord de la faillite. Si elle réussit, son parti pourrait se positionner comme la principale force d’opposition aux prochaines élections législatives en 2018. Dans le cas contraire, le Mouvement des 5 étoiles pourrait perdre de son aura.

Simona Volta, Euronews :
“Notre invitée aujourd’hui, dans the Global Conversation : Virginia Raggi, la nouvelle maire de Rome. Félicitations à vous.
Ma première question : quelles sont les deux premières choses que vous allez faire une fois installée ?”

Virginia Raggi, Maire de Rome : “Nous allons commencer par gérer le gaspillage financier, qui nous fait perdre plus d’1,2 millions d’euros par an . Nous devons récupérer cette somme, pour la réinvestir dans les services publics. Ensuite, nous allons devoir renégocier la dette de la ville, un montant entre 13 et 16 milliards d’euros. Nous devons lancer un audit, pour comprendre exactement ce qui nous a mené à cette situation. Ensuite, nous devrons renégocier les taux d’intérêt. Car aujourd’hui, le coût de l’argent est de presque 0% , nous ne pouvons pas payer des taux d’intérêt qui ont été négociés en 2008.”

Simona Volta :
“Vous devrez travailler avec le gouvernement de Matteo Renzi et son Parti démocratique, avec lequel il y a eu des affrontements verbaux très violents pendant la campagne électorale. Cela pourrait être compliqué ?”

Virginia Raggi :
“Certainement pas de ma part. J’ai toujours dit que j’attendais des relations loyales et franches avec les autres institutions, et de mon côté, il y a un maximum de bonnes intentions.
J’ai déclaré que j’avais facilement mis un terme à la campagne électorale du Parti démocrate, qui a été très dur envers moi. Il n’y a maintenant plus de problème. A partir de maintenant, nous allons travailler dans l’intérêt de Rome et de tous les Romains. J’attends la même chose de la part des autres institutions et du Premier ministre (Matteo Renzi).”

Simona Volta :
“Ne voulez-vous pas clarifier ce qui est arrivé en 2012, lorsque vous avez rendu un avis juridique sur une entité publique et que vous avez déclaré ce revenu en 2015 ? Au cours de la campagne électorale , vous avez dit que vos adversaires ont jeté de la boue sur vous. Mais maintenant, vous êtes le maire et les électeurs demandent des réponses. Vous avez dit que la transparence était votre point fort ?”

Virginia Raggi :
“Tout d’abord ce n‘était pas un avis juridique, mais une mission d’assistance juridique , ce qui est très différent. En tant qu’assistante juridique, j’ai eu la tâche d’appliquer l’arrêt de la Cour des comptes qui disait que l’Autorité Sanitaire Locale (A.S.L) avait été victime d’une fraude par un médecin. L’A.S.L. a payé plus d’argent que ce qu’ils auraient dû. J’ai donc eu la tâche de récupérer cet argent en son nom. Cette affectation m’a été donnée en 2012 , j’ai mené une série d’activités, j’ai émis une facture en 2014, cette facture est entrée dans les comptes de la société en 2015, et un mandat de paiement a été émis. J’ai été payée en 2015, et c’est écrit dans ma déclaration d’impôt sur le revenu en 2015. Les professionnels doivent déclarer sur une base de trésorerie.”

Biographie: Virginia Raggi

  • Virginia Raggi, 37 ans, a été avocate.
  • Elle est arrivé en politique en 2011, et 2 ans plus tard, elle était conseillère municipale d’opposition à la mairie de Rome, avec le Mouvement des 5 Etoiles.
  • Avec 67,15% elle a vaincu Roberto Giachetti (PD) qui a récolté 32,85% des voix.

Simona Volta :
“La Mafia semble avoir tout pénétré à Rome. Les organisations criminelles sont infiltrées partout, avec la complicité de politiciens. Comment peut-on changer cela, et surtout que faire, pour que cela s’arrête ?”

Virginia Raggi :
“Tout d’abord, la loi doit être appliquée. En ce qui concerne les appels d’offres, nous devons faire appliquer les règles existantes. Cela donnera l’occasion à toutes les entreprises qui veulent travailler pour les Romains, dans tous les secteurs, de proposer leurs services à la municipalité, et ce sera à la meilleure offre de l’emporter.”

Simona Volta :
“Vous parlez d’appels d’offres publics, mais le problème est surtout l’infiltration de la mafia. Il est très difficile d’exclure les organisations criminelles.”

Virginia Raggi :
“Nous devons utiliser tous les systèmes que nous avons : regardez par exemple les travaux de l’Autorité nationale de lutte contre la corruption, qui a déclaré qu’elle soutiendrait notre administration. Selon un récent rapport, après avoir analysé environ 1500 contrats c’est-à-dire 10 % de tous nos contrats, 90% de ces contrats étaient illégaux, en ayant violé toutes les règles. Il est clair que l’administration a mal fonctionné pendant des années, et maintenant il faut revenir sur le droit chemin.”

Simona Volta :
“Les banlieues romaines sont devenues un lieu d’exclusion sociale. Certaines villes européennes examinent ce modèle qui n’a pas fonctionné et qui a conduit à installer des ghettos. Dans des villes comme Amsterdam ou Hambourg, un nouveau modèle de logement social veut créer une mixité sociale. Est-il trop tard pour Rome ?”

Virginia Raggi :
“Non, pas du tout, mais Rome doit commencer à rénover sa périphérie, avec le centre. Je ne parle pas de la ceinture extérieure de notre ville, mais je parle de tous les territoires qui sont éloignés du centre, et qui sont privés des services les plus importants, comme les transports, les services publics, le cinéma ou le théâtre. Ces banlieues sont devenues des dortoirs, et en dehors de ces dortoirs nous avons complètement vidé les appartement. Donc non, il n’est pas trop tard mais nous avons besoin de prendre des mesures.”

Simona Volta :
“Avec quel budget pouvez-vous prendre ces mesures ?”

Virginia Raggi :
“Tout d’abord nous devons stopper le gaspillage financier.”

Simona Volta :
“J’ai débuté cette interview en vous félicitant, mais je ne sais pas si je doit formuler ces félicitations ou non ? Car diriger une ville aussi complexe que Rome est une tâche vraiment difficile. Vous ne craignez pas que si quelque chose se passe mal avec cette expérience, cela pourrait affecter l’ensemble du Mouvement des 5 étoiles ?”

Virginia Raggi :
“Je crois que dans cette élection les citoyens ont déclaré leur volonté d’un changement pour la ville. Cette volonté ne doit pas être sous-estimée. Au cours des trois dernières années dans l’opposition, et au cours de ces trois derniers mois de campagne, j’ai toujours dit que Rome allait changer si les Romains changaient. Nous serons en mesure de tout faire, si nous sommes ensemble. Je suis très confiante pour cette expérience. Il faudra du temps, car je ne dispose pas d’une baguette magique. On nous a laissé une ville faite de décombres, pleine de gravats, vraiment. Mais je suis très confiante : nous pouvons inverser le cours de cette machine qui est lancée droit dans le mur. Nous devons remettre la ville sur les rails, et la faire aller vers un avenir où les demandes des citoyens seront au centre de la politique.”

Simona Volta :
“Après Paris et Madrid, une femme devient maire d’une capitale européenne. Est-ce une coïncidence ?”

Virginia Raggi :
“Je ne sais pas si c’est une coïncidence ou non. Je dirais que c’est un bon signe, un signe de l‘évolution des temps. Cela montre que les gens sont prêts à se lancer dans une nouvelle aventure, et j’espère aussi que ce sera une première étape vers de nouvelles politiques. La classe politique est de plus en plus mal vue par le public.”

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