Les sportifs russes à Rio malgré tout

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Par Euronews
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Les premiers des 387 Russes sélectionnés pour les Jeux olympiques viennent d’arriver à Rio.

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Les premiers des 387 Russes sélectionnés pour les Jeux olympiques viennent d’arriver à Rio.

Pas sûr pour autant qu’ils soient tous autorisés à participer au plus grand évènement sportif de la planète.

Ils doivent d’abord obtenir le feu vert de leurs Fédérations respectives; c’est déjà le cas par exemple pour le tennis.

Le Comité international olympique a fixé cinq critères à remplir, dont le premier est de ne jamais avoir été suspendu pour dopage, ce qui exclut de facto Yuliya Stepanova.

Sans Stepanova…

Cette spécialiste du 800 mètres a été privée de compétition de 2011 à 2013 en raison d’anomalies dans son passeport biologique.

Avec son mari, un ancien employé de l’Agence russe anti-dopage, elle est à l’origine du scandale qui a failli priver les sportifs russes du voyage à Rio.

En 2014, dans un documentaire réalisé par Hajo Seppelt et diffusé à la télévision allemande, elle raconte comment Moscou s’arrange pour falsifier les résultats des contrôles antidopages.

Elle y affirme aussi que les athlètes russes doivent verser une partie de leurs gains à leur hiérarchie pour recevoir en échange des produits dopants.

Des révélations embarrassantes qui l’ont poussé à se réfugier en Allemagne, puis au Canada, et qui ont conduit la Fédération internationale d’athlétisme à mettre les athlètes russes sur le banc de touche jusqu‘à nouvel ordre.

On retrouve maintenant avec nous Hajo Seppelt, journaliste et expert antidopage. Dans un documentaire, il a révélé le dopage systématique des athlètes russes.

euronews : Monsieur Seppelt, vous avez vivement critiqué le dopage en Russie à plusieurs reprises. Qu’est-ce que vous pensez de la décision du Comité international olympique ?

Hajo Seppelt : C’est un signe de faillite dans le combat contre le dopage. Et un revers pour le sport propre. Les gagnants sont les tricheurs. C’est le message de la décision prise hier par le CIO. Parce qu‘à la fin ils ont décidé de s’incliner, de courber l‘échine devant l’ours russe. La décision n’a pas tenu compte d’un dopage sponsorisé de la pire sorte par l’Etat russe, comparable uniquement avec l’Allemagne de l’Est il y a 30 ans. Je ne vais pas dire que le dopage est socialement acceptable… le CIO n’a rien fait pour mettre fin à tout ça d’une bonne manière. Le CIO remet la responsabilité des participants russes aux JO de Rio entre les mains des fédérations internationales de sport. Elles doivent maintenant mener l’enquête d’ici 12 jours pour savoir si les participants russes sont autorisés à participer. Ils doivent mener des tests pour savoir si les athlètes qui sont sur la liste pour participer aux Olympiades ont pris part ou non au programme de dopage sponsorisé par l’Etat russe. C’est absolument impossible en 12 jours.

euronews : Comme vous venez de le dire, les fédérations internationales de sports ont très peu de temps. Mais est-ce que ça ne serait pas une erreur d’interdire à tous les athlètes de participer si le dopage sponsorisé ne peut être prouvé pour chaque cas ? Vous l’avez aussi rappelé plus d’une fois, il se peut qu’il y ait des athlètes qui soient propres. Qu’en est-il de la présomption d’innocence?

Hajo Seppelt : Ce ne sont pas les athlètes qui seraient interdits mais bien une fédération ou le comité olympique russe sous lesquels les athlètes s’entraînent et prennent part aux compétitions. Si une fédération ne peut pas garantir que les athlètes qui sont sous sa responsabilité sont propres, parce que le système dans lequel ils s’entraînent et où ils sont testés pour dopage est contaminé et corrompu : dans ce cas on ne peut pas trouver un terrain d‘équilibre. A la place vous devez supposer qu’il y a des imposteurs potentiels ou de vrais imposteurs.
C’est pour ça que nous avons le “code mondial antidopage”. Selon ce code, toutes les fédérations doivent suivre les règles. Les Russes ont brisé les règles fondamentales. D’une certaine manière, on n’a jamais vu ça auparavant. Et donc la question est : si, malheureusement, on doit aussi bloquer les athlètes qui sont propres, ces athlètes se retrouvent mlgré eux dans ce sytème.

euronews : Quelles conséquences aura cette décision sur le futur des Jeux Olympiques? Qu’est-ce qui va résulter de ça?

Hajo Seppelt : C’est le pire des scénarios celui d’avoir découvert en 2016 et pour des périodes antérieures, au minimum sur plusieurs périodes, qu’il y a eu une intervention très grave de l’Etat russe, une duperie contrôlée politiquement . Les athlètes étaient préparés avec des procédés de dopage secrets. Leurs tests de dopage disparaissaient ou étaient détruits en cas de doute ou s’ils se révélaient positifs. Tout ça a été encouragé par le ministre des sports russe et les services secrets. Si le niveau de tromperie et de manipulation ne suffit pas pour dire qu’il faut suspendre le comité national olympique russe, je ne vois pas ce qui va devoir arriver de plus pour que des mesures conséquentes soient prises dans la lutte antidopage. C’est cette cohérence du CIO qui fait défaut. En fait, le CIO a envoyé un message au monde : regardez, vous pouvez tricher autant que vous voulez, vous êtes toujours les bienvenus aux Jeux olympiques.

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