Vietnam : 44 ans après, "la fille au napalm" retrouve sa sensibilité cutanée

Vietnam : 44 ans après, "la fille au napalm" retrouve sa sensibilité cutanée
Par Joël Chatreau
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button

“J’ai toujours pensé que l’apaisement n’arriverait qu’au paradis, mais maintenant notre Terre est redevenue mon paradis” : cette confidence, Phan Thi Kim Phuc l’a faite au quotidien américain Miami…

PUBLICITÉ

“J’ai toujours pensé que l’apaisement n’arriverait qu’au paradis, mais maintenant notre Terre est redevenue mon paradis” : cette confidence, Phan Thi Kim Phuc l’a faite au quotidien américain Miami Herald. Quand on sait que la Vietnamienne, qui vit depuis plus de vingt ans au Canada, n’est autre que celle qui est entrée dans l’Histoire comme “la fille au napalm”, on comprend mieux toute la force émotionnelle de la déclaration.

Le Miami Herald est l’un des très rares journaux dans le monde à rapporter la guérison significative de Phuc, prénom qui veut dire “bonheur” et lui va totalement désormais. Simplement parce que c’est dans une clinique de Miami, en Floride, que se rend régulièrement la victime de la guerre du Vietnam, transformée sans le vouloir en icône de l’horreur de ce conflit. Et cette fin de semaine, elle a tenu à annoncer qu’elle avait enfin retrouvé une bonne partie de la sensibilité de sa peau, après plus de 44 années de souffrance et de résignation.

Une autre photo, moins célèbre, de la fillette brûlée par le napalm :

In this June 8, 1972 file photo taken by Associated Press photographer Huynh Cong “Nick” Ut, Television crews and South Vietnamese troops… pic.twitter.com/89ZgfffZXx

— みつうろこ@グーグル先生ありがとう (@m_uroko) 21 septembre 2016

Phuc et Nick, rencontre de deux destins exceptionnels

“En certains endroits, ma peau est douce, elle est belle !”, se réjouit la femme de 53 ans qui, alors qu’elle n‘était qu’une fillette de 9 ans, avait été photographiée le 8 juin 1972, éperdue, dépouillée de ses vêtements par le napalm, en train de fuir sur une route de son village, Trang Bang, dans le sud du Vietnam. Le cliché, pris par Nick Ut, l’un de ses compatriotes qui travaillait pour l’agence américaine Associated Press, avait aussitôt été publié dans le monde entier et reste un symbole fort, brandi depuis lors par tous ceux qui réclament la paix dans de nombreux pays…sans jamais être entendus !

Nick Ut a reçu le prix Pulitzer pour cette photographie :

Nick Ut, autor de la fotografía “ Ataque de Napalm en Vietnam”, 1972 pic.twitter.com/BUnY46Ezvr

— La Agencia de Arte (@LaAgenciaDeArte) 23 novembre 2016

Phan Thi Kim Phuc, avec le dos et le bras gauche brûlés jusqu’au quatrième degré, a malgré tout survécu d’hôpital en hôpital grâce à plusieurs bienfaiteurs, dont le reporter-photographe Nick Ut. Elle doit maintenant la nette amélioration de son état au docteur américain Jill Waibel, la directrice d’un institut de Miami donc, spécialisé dans le traitement dermatologique par laser. Cette thérapie relativement récente permet de faire disparaître petit à petit l‘épiderme cicatrisé et de régénérer la peau plus en profondeur, ce qui peut faire renaître les nerfs et redonner ainsi des sensations au toucher.

Phuc et Jill, la patiente et son nouvel ange gardien :

'Napalm Girl' from the Vietnam War era gets final skin-healing laser treatment https://t.co/tDrGxegCE1 Via harrisalexc</a> <a href="https://t.co/G8cz7mk4Gb">pic.twitter.com/G8cz7mk4Gb</a></p>&mdash; Miami Herald (MiamiHerald) 8 janvier 2017

Phuc sent enfin les caresses de son petit-fils

Le médecin, très émue par l’histoire de Phuc, a fait le maximum pour réveiller les parties du corps mortes depuis quarante-quatre ans et demi. Elle a testé une cinquantaine de lasers différents pour y parvenir, a-t-elle expliqué au Miami Herald. Le prix du traitement est exorbitant, environ 1 500 dollars par séance, mais le docteur Waibel a décidé de ne pas lui faire payer un seul penny. Au fil du temps, les deux femmes sont devenues complices…

L’icône de la guerre sans pitié du Vietnam n’en revient toujours pas. “Jamais je n’aurais pensé que je pourrais un jour guérir de mes blessures et oublier la douleur”, dit-elle. Ce qui émeut le plus Phan Thi Kim Phuc depuis quelques jours, c’est quand elle prend son petit-fils dans les bras et qu’elle sent ses caresses.

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

Russie : plusieurs incidents ont emmaillé le premier jour de l'élection présidentielle

Les importations d'armes en forte hausse en Europe, France 2e au monde

Le double combat des soldates ukrainiennes