Derrière la visite de Rohani en Russie

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Par Sophie Desjardin
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Sur le terrain syrien, l'Iran et la Russie, qui n'ont jamais été des alliés traditionnels, se sont retrouvés autour d'intérêts communs.

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Le président iranien est arrivé ce lundi en Russie pour une visite officielle de deux jours.

La signature d’accords économiques

Après une rencontre prévue ce lundi avec Dmitri Medvedev, Hassan Rohani rencontrera mardi le président russe Vladimir Poutine.

Cette visite est très importante pour le président Rohani deux mois avant les élections présidentielles qui se tiendront en Iran le 19 mai prochain et pour lesquelles, il est candidat à sa propre succession.

Ce voyage en Russie devrait être l’occasion pour lui de signer plusieurs accords économiques importants. De quoi redorer son bilan économique qui lui vaut de nombreuses critiques dans son pays.

Le conflit en Syrie

C’est à Astana (Kazakhstan), que la coopération entre Moscou et Téhéran s’est consolidée ces derniers mois.
Les deux puissances et la Turquie ont volé la vedette aux Etats-Unis et pris l’avantage sur les négociations de paix en Syrie, alors que les Nations-Unies piétinent.
Les deux alliés de Bachar El Assad s’affichent très clairement dans les rues d’Alep, tombée grâce à leur soutien militaire.
Ici, les bombes russes ont largement aidé à la reconquête de la ville, et la présence iranienne est bien visible.
Ces affiches en pleine rue de portraits de Assad, Poutine, Khameini et Nassrallah, du Hezbollah libanais, redéfinissent à elles seules la géopolitique locale.

En laissant Moscou utiliser une de ses bases militaires pour lancer ses jets sur la Syrie, Téhéran s‘était rapidement positionné.Sur le terrain syrien, l’Iran et la Russie qui n’ont jamais été des alliés traditionnels, se sont retrouvés autour d’intérêts communs.

D’aucuns évoquent l’arc chiite Téhéran-Bagdad-Damas-Beyrouth auquel aspire la république islamique, et que Moscou soutiendrait face à l’axe sunnite, pourvoyeur de djihadistes, bêtes noires de Poutine : la Turquie, la Jordanie, l’Arabie Saoudite et d’autres pays du Golfe persique, soutenus par Washington. On schématise, mais du point de vue de la Realpolitik entre l’Iran et la Russie, ce sont des ennemis communs assurément.

Et c’est bien suffisant pour nourrir les craintes d’Israël. Avant la visite programmée de Rohani à Moscou, Benjamin Netanyahu avait lui aussi fait le voyage (9/03) pour mettre en garde Vladimir Poutine sur les prétendues prétentions iraniennes dans la région, et notamment la possibilité que Téhéran cherche à construire des structures militaires permanentes en Syrie.

Quelques jours auparavant, l’Iran testait ostensiblement les missiles S-300, enfin délivrés par la Russie l’an dernier, dix ans après la signature du contrat. Une livraison qu’Israël avait tenté de bloquer, craignant qu’ils n’atterrissent entre les mains du Hezbollah.
Mais n’en déplaise à Tel Aviv, outre des intérêts stratégiques et conjoncturels, Moscou et Téhéran ont aussi des intérêts économiques communs. Concurrents sur le marché énergétique, ils n’ont ni l’un ni l’autre intérêt à la baisse des prix du pétrole. Echange de technologie, vente d’armes, etc, sont aussi au programme. Le volume des échanges commerciaux entre les deux pays a augmenté de 80 % l’an dernier par rapport à 2015, pour atteindre 2,2 milliards de dollars américains.

Reste que si la guerre en Syrie et des liens économiques permettent un rapprochement de Moscou et Téhéran, la vision géostratégique de Poutine est plus large, elle inclut Ankara et Washington dans l‘équation, et Téhéran reste sur ses gardes. C’est sans doute pour cela que c’est la neuvième fois en quatre ans que le président iranien Hassan Rohani rencontre le chef du Kremlin.

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