Le président turc est bien loin d'enterrer la hache de guerre avec la chancelière allemande.
Le président turc nous a donné ce vendredi un bel exemple d’ingérence politique. En pleine période électorale allemande, Recep Tayyip Erdogan a décidé de mettre des bâtons dans les roues à celle qui est devenue son ennemie diplomatique, Angela Merkel : “J’appelle tous mes concitoyens qui se trouvent en Allemagne à ne pas commettre une erreur : les Chrétiens-démocrates (NDLR : parti d’Angela Merkel), le Parti social-démocrate et le Parti vert sont les ennemis de la Turquie. Ne soutenez pas ces partis politiques qui sont nos ennemis.” a-t-il déclaré face caméra.
Des mots qui résonnent comme une déclaration de guerre à l’intention d’Angela Merkel, chef de file des Chrétiens-démocrates, mais aussi, contre toutes les forces politiques majeures d’Allemagne.
Au cœur de cette fronde, plusieurs dossiers sensibles : l’incarcération de ressortissants allemands dans des prisons turques, ou encore, l’interdiction faite à des députés du Bundestag d’accéder à une base militaire de l’OTAN implantée en Turquie. En toile de fond de ces relations glaciales, c’est surtout une crise diplomatique survenue en mars dernier. L’Allemagne avait catégoriquement refusé l’organisation de meetings politiques exigée par Erdogan. Des meetings en soutien à la réforme constitutionnelle impulsée par le président pour étendre ses pouvoirs. Réponse cinglante du chef d’Etat turc, qui n’avait pas hésité à provoquer la chancelière allemande en la qualifiant de nazie.
Les propos d’Erdogan pourraient sérieusement influencer les élections allemandes de septembre. Près d’un million et demi de citoyens turcs vivent aujourd’hui en Allemagne.