"Ingérence" d'Erdogan dans la campagne électorale allemande

"Ingérence" d'Erdogan dans la campagne électorale allemande
Par Euronews
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Le président turc Recep Tayyip Erdogan a exhorté vendredi les Turcs d'Allemagne à ne voter pour aucun des deux partis de la coalition d'Angela Merkel aux législatives, s'attirant une réponse cinglante de Berlin qui lui a demandé de ne pas s'immiscer dans ses élections.

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Le président turc Recep Tayyip Erdogan a exhorté vendredi les Turcs d’Allemagne à ne voter pour aucun des deux partis de la coalition d’Angela Merkel aux législatives, s’attirant une réponse cinglante de Berlin qui lui a demandé de ne pas s’immiscer dans ses élections.

Sur fond de relations déjà tendues avec Berlin, Recep Tayyip Erdogan a enjoint aux Turcs d’Allemagne “à donner une leçon“ aux partis chrétien-démocrate (CDU), social-démocrate (SPD), et aux Verts, “irrespectueux envers la Turquie“.

Je le dis à tous mes compatriotes d’Allemagne : (…) ne soutenez pas les chrétiens-démocrates, le SPD ou les Verts. Ce sont tous des ennemis de la Turquie“, a déclaré le chef de l’Etat turc à la presse.

Apportez le soutien nécessaire à ceux qui ne font pas preuve d’hostilité à l’encontre de la Turquie. Peu importe que ce soit le premier ou le second parti, votez pour eux“, a-t-il poursuivi, sans nommer de formation politique. “Il s’agit d’une lutte pour l’honneur de tous nos citoyens vivant en Allemagne“.

La diaspora turque en Allemagne, forte de trois millions de personnes, est la plus importante dans le monde et près de 1,2 million de Turcs disposent également de la nationalité allemande, ce qui leur permettra de voter lors des élections législatives du 24 septembre.

Par le passé, les Allemands d’origine turque ont voté plutôt à gauche, en majorité pour le SPD. Mais Recep Tayyip Erdogan est très populaire au sein de la diaspora turque en Allemagne, qui a voté à 59% pour son parti aux législatives de novembre 2015.

Ses déclarations lui ont valu une réponse cinglante de Berlin. “Nous ne tolérons aucun type d’ingérence“, a lancé la chancelière Merkel, citée par son porte-parole, Steffen Seibert. “Nous attendons des gouvernements étrangers qu’ils ne s’immiscent pas dans nos affaires intérieures“, avait auparavant twitté ce porte-parole.

Le ministre des Affaires étrangères, Sigmar Gabriel, y a vu “un acte d’ingérence exceptionnel dans la souveraineté de notre pays”. “Cette ingérence d’Erdogan dans la campagne électorale montre qu’il veut monter les gens les uns contre les autres en Allemagne“, a-t-il ajouté.

De son côté, le candidat social-démocrate à la chancellerie, Martin Schulz, a estimé que M. Erdogan, qui multiplie les saillies contre les dirigeants allemands, avait “perdu toute mesure“.

Le co-dirigeant des Verts, d’origine turque, Cem Özdemir, a jugé “peu surprenant“ ces propos. “Tous ceux qui sont pour la démocratie, contre la corruption et la répression en Turquie (…) sont considérés tout simplement comme des traitres et des ennemis“, selon lui.

Plus virulent encore, le secrétaire général de la CSU, parti frère bavarois de la CDU, Andreas Scheuer a jugé que M. Erdogan, “ce despote du Bosphore“, voulait “faire des germano-Turcs sa cinquième colonne“.

Les relations entre la Turquie et l’Allemagne se sont particulièrement tendues depuis le putsch manqué du 15 juillet 2016, imputé au prédicateur Fethullah Gülen, qui nie les faits.

Ankara accuse Berlin de faire preuve d’indulgence envers des “terroristes”, en abritant des séparatistes kurdes et des putschistes présumés.

Le gouvernement turc a notamment envoyé une note diplomatique à Berlin cette semaine, demandant à ce qu’Adil Öksüz, considéré comme le chef opérationnel des putschistes, actuellement en fuite et que certaines rumeurs situent en Allemagne, soit recherché et extradé en Turquie.

L’Allemagne de son côté condamne fermement l’ampleur des purges entreprises en Turquie après le putsch manqué, au cours desquelles plus de 50.000 personnes ont été arrêtées.

Il y a actuellement 10 citoyens allemands, certains ayant la double nationalité, détenus en Turquie, selon les autorités allemandes. Parmi eux, Deniz Yücel, un journaliste germano-turc, correspondant du quotidien allemand Die Welt, détenu depuis février.

Les relations entre les deux partenaires au sein de l’Otan se sont encore dégradées cet été après l’incarcération par Ankara de militants des droits de l’Homme, dont un Allemand mi-juillet. Berlin avait répliqué en annonçant une “réorientation” de sa politique à l‘égard de la Turquie, annonçant une série de mesures visant à frapper Ankara au portefeuille.

Avec agence (AFP)

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