Afrine tombée, Erdogan veut pousser son avantage

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Par Maxime Bayce
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Les forces turcs pourraient poursuivre leur avancée vers l'est et les autres zones tenues par les combattants kurdes. A Afrine, les pillages continuent alors que la communauté internationale reste très discrète.

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Vingt-quatre heures après la prise d'Afrine, de kurde, seules restent les inscriptions à l'entrée de la ville. L'armée turque épaulée par ses supplétifs syriens a pris son contrôle après deux mois de combats. Les rues sont désertes, des dizaines de milliers d’habitants ont fui devant l'avancée des soldats. Des hommes qui procèdent désormais au ratissage de la ville à la recherche de combattant YPG qui ne se seraient pas retirés. Car les kurdes ont prévenu, ils vont revenir en force pour reprendre Afrine.

Côté turc, aucune raison d'arrêter en si bon chemin son opération rameau d'olivier. Son armée pourrait même s'enfoncer plus à l'est le long de la frontière turco-syrienne.  

Ankara n'a jamais caché son hostilité face à l'autonomie de facto acquise par les Kurdes de Syrie dans de vastes territoires près de la frontière turque, à la faveur du conflit meurtrier et complexe qui ravage la Syrie depuis 2011.

"Maintenant, après Afrine, nous allons poursuivre ce processus jusqu'à la destruction totale de ce corridor constitué de Minbej, Aïn al-Arab , Tal Abyad, Ras al-Aïn et Qamichli. Nous allons continuer jusqu'à ce que nous ayons détruit ce corridor tenu par les kurdes".

Mise en garde de Washington

Son offensive vise la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), classée "terroriste" par les autorités turques, mais allié précieux de Washington dans la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI).

M. Erdogan avait déjà menacé d'élargir l'opération vers Minbej, à une centaine de km à l'est d'Afrine, mais où sont stationnées des troupes américaines, qui continuent de soutenir les combattants kurdes dans la lutte contre l'EI.

Washington a mis en garde lundi Ankara, son allié à l'OTAN, exprimant sa "grande préoccupation" après la prise par les forces turques de l'enclave d'Afrine en Syrie.

"Nous avons à plusieurs reprises exprimé notre profonde préoccupation aux autorités turques à propos de la situation à Afrine", écrit la porte-parole du département d'Etat, Heather Nauert, dans un communiqué. 

Le rêve d'autonomie des Kurdes s'effondre

Les violences à Afrine ont poussé à l'exil quelque 250.000 civils, a souligné l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, selon qui plus de 1.500 combattants kurdes ont été tués, ainsi que 400 rebelles alliés à la Turquie. Ankara a fait état de 46 soldats tués dans ses rangs.

Pour l'instant, difficile d'imaginer comment les kurdes, sans alliés à leurs côtés, pourrait triompher d'une armée turque, moderne, bien entraînée et bien équipée. En attendant, à Afrine, selon de nombreux témoins, des pillages sont en cours.

 La conquête d'Afrine constitue un tournant pour Ankara, qui consolide son rôle dans une guerre complexe opposant sur plusieurs fronts des belligérants soutenus par des puissances étrangères.

"C'est une grande victoire pour Erdogan", estime l'analyste Fabrice Balanche, confirmant que la Turquie construit "une zone d'influence dans le nord" syrien.

"Le rêve d'autonomie des Kurdes s'effondre. Les YPG vont se faire écraser par la Turquie (...)", assure ce spécialiste de la Syrie.

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