La Jordanie va retirer un projet de loi fiscale après une semaine de protestations

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Soumises à la pression de la rue, les autorités jordaniennes ont annoncé jeudi le retrait d'un projet de loi fiscale controversé, décision saluée par les syndicats après une semaine de manifestations dans un pays traversé par un profond malaise social. En soirée, la place où s'étaient rassemblés les manifestants pendant sept jours à Amman, épicentre de la contestation, était quasiment vide. Seule une centaine de personnes étaient revenues, a constaté un photographe de l'AFP. "Après des discussions avec le Parlement et le Sénat (...), un accord a été trouvé pour retirer le projet de loi fiscale", avait auparavant affirmé à la presse le Premier ministre Omar al-Razzaz. Nommé lundi à son poste après la démission de son prédécesseur, ce dernier s'était engagé "à dialoguer avec les différentes parties" afin de "parvenir à un système fiscal juste pour tout le monde". Selon M. Razzaz, le retrait et les discussions sur une nouvelle mouture du projet auront lieu une fois le nouveau gouvernement formé. Il n'a pas dit quand cela devait intervenir. La Jordanie, largement dépendante des aides étrangères et dépourvue de ressources naturelles, s'est engagée auprès du Fonds monétaire international (FMI) à mener des réformes structurelles et à réduire ses déficits en échange d'un prêt de plusieurs centaines de millions d'euros. Le texte décrié prévoyait une augmentation entre 5% et 25% des impôts pour les particuliers et imposait les personnes ayant un salaire annuel supérieur à 8.000 dinars (environ 9.700 euros). Avec un taux de chômage de 18,5%, 20% des habitants vivant à la limite du seuil de pauvreté et des hausses de prix répétées, ce projet de loi "a été la goutte qui a fait déborder le verre", a affirmé à l'AFP Fayez Mohammed, un avocat qui avait observé un sit-in mercredi avec ses collègues devant le siège des syndicats à Amman. - "Calmer le jeu" - Avant l'abandon du projet de loi fiscale, le roi Abdallah avait mis en garde la population contre un saut "dans l'inconnu", dans un pays parvenu à rester globalement à l'écart du tumulte qui a secoué d'autres pays de la région depuis les Printemps arabes en 2011. La Jordanie est un pays clé du Moyen-Orient par sa géographie -qui la met en proximité directe avec des foyers de crises majeurs (Syrie, Irak, Territoires palestiniens)- comme pour ses liens avec les Etats-Unis et Israël. La démission lundi du Premier ministre Hani Mulqi et l'appel du roi Abdallah II à une "révision complète" du projet de loi sur l'impôt sur le revenu n'avaient pourtant pas suffi à dissiper les craintes et griefs de nombreux Jordaniens. Leur principale revendication restait le retrait pur et simple du texte au Parlement. L'annonce du Premier ministre est "un message au peuple jordanien pour qu'il mette fin aux manifestations", a affirmé lors d'une conférence de presse le président du Sénat Fayçal al-Fayez, appelant "tout le monde à calmer le jeu". Le président de la confédération syndicale, Ali al-Abbous, s'est félicité de la décision, après une réunion avec M. Razzaz. "La rencontre était très positive et nous avons senti une changement d'attitude", a-t-il affirmé à l'AFP. "Il nous a promis (...) qu'il n'y aurait plus de décisions qui nous tombent dessus comme des parachutes". "En tant que syndicats, nous avons rempli notre mission", a-t-il ajouté. - "Payer l'Etat" - La veille encore, plus de 2.000 manifestants à Amman criaient leur colère pour la septième nuit consécutive. Quelques échauffourées ont eu lieu entre les manifestants et les forces de l'ordre, mobilisées en grand nombre, et un policier a été blessé, selon l'agence de presse officielle Petra. Souhaib Rabaibai, 28 ans et employé dans le domaine du développement pour une entreprise privée, était venu spécialement de Ajloun (nord) pour manifester. "Les prix ne cessent d'augmenter sur tous les produits dont un Jordanien a besoin: la nourriture, les voitures, le logement et les télécommunications... On ne travaille plus pour nous, mais pour payer l'Etat", lance-t-il à un correspondant de l'AFP. Depuis janvier, le royaume a vécu plusieurs hausses de prix de produits de base, dont le pain (+100%) en raison d'un relèvement des taxes. Le prix du carburant a aussi augmenté à cinq reprises cette année alors que les factures d'électricité ont connu une hausse de 55% depuis février. Certaines de ces hausses sont dues à la fin des subventions publiques dans le cadre des réformes demandées par le FMI. L'accueil de centaines de milliers de Syriens ayant fui la guerre pèse également lourdement sur les finances publiques et Amman appelle régulièrement la communauté internationale à une aide plus substantielle pour ce dossier.

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