Migrants: la Bosnie refuse de devenir la sentinelle de l'Europe

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La Bosnie refuse de devenir la sentinelle de l'Union européenne, qui ferme ses frontières aux milliers de migrants bloqués sur son territoire. Le ministre de la Sécurité de ce pays pauvre et fragile Dragan Mektic, a du mal à cacher son agacement face à Bruxelles. "Nous ne pouvons pas transformer la Bosnie en +hotspot+. Nous pouvons être uniquement un territoire de transit", a-t-il averti lors d'une visite la semaine dernière à Bihac (ouest). La majorité des migrants bloqués en Bosnie se regroupent dans cette commune de 65.000 habitants, proche de la Croatie, pays membre de l'UE. Le ministre a récemment regretté le refus de Bruxelles de financer un centre d'accueil dans une autre commune de l'ouest bosnien, Velika Kladusa. Selon lui, l'UE le juge trop proche de sa frontière et souhaite des centres plus éloignés, comme celui prévu près de Sarajevo. Le Premier ministre Denis Zvizdic a lui mis en garde contre tout projet "de l'Union européenne, notamment de la Croatie", de faire de la Bosnie "une impasse pour les migrants". Ceux-ci "pourront entrer en Bosnie proportionnellement au nombre de sorties dans la direction de l'Europe", a-t-il encore prévenu. - 'Finir le voyage' - Malgré des conditions de vie "très mauvaises" dans le campement de fortune où il s'est installé à Velika Kladusa, Malik, Irakien de 19 ans qui a quitté Bagdad il y a huit mois avec sa famille, n'ira pas dans un camp l'éloignant de la frontière: "Les gens ne veulent pas rester ici, ils veulent finir leur voyage." Dans ce camp, chaque jour des tentes sont ajoutées sur l'ancien marché aux bestiaux où plus de 300 personnes survivent au bord d'une route poussiéreuse, à trois kilomètres d'une frontière que Malik et sa famille ont déjà tenté deux fois de franchir. La municipalité a installé l'eau courante, quelques robinets, mis en place un éclairage nocturne et posé quelques toilettes mobiles. Pour le reste, les gens se débrouillent, explique Zehida Bihorac, directrice d'une école primaire qui, avec plusieurs enseignants bénévoles, organise des ateliers pour les enfants, aide les femmes à préparer à manger. "C'est une situation vraiment désespérée. Personne ne mérite de vivre dans de telles conditions. Il y a maintenant beaucoup de familles avec des enfants, entre 50 et 60 enfants, dont des bébés qui ont besoin de lait, de nourriture appropriée", dit-elle. "Ces gens sont nourris par les habitants, mais les habitants ne pourront pas tenir encore longtemps parce qu'ils sont de plus en plus nombreux", met-elle en garde, déplorant l'absence de l’État. Selon le ministère de la Sécurité, plus de 7.700 migrants ont été enregistrés en Bosnie depuis le début de l'année. Plus de 3.000 seraient toujours dans le pays, la majorité à Bihac, où l'un d'eux s'est noyé dans l'Una la semaine dernière. Dans cette ville, 800 à 900 déjeuners sont désormais servis chaque jour dans la cité universitaire désaffectée investie par les migrants depuis plusieurs mois, selon le responsable local de la Croix Rouge Selam Midzic. Le bâtiment étant désormais trop petit, des tentes sont plantées dans un bosquet proche. D'autres squats sont apparus. "Le nombre de migrants augmente chaque jour", dit Selam Midzic. - Motif supplémentaire de zizanie - Le maire, Suhret Fazlic, accuse le gouvernement de l'abandonner. "Nous ne voulons pas être xénophobes, nous souhaitons aider les gens, et c'est ce qu'on fait au quotidien. Mais cette situation dépasse nos capacités", dit-il. La question s'est invitée dans la campagne des élections générales d'octobre, dans un pays divisé aux institutions fragiles. Le chef politique des Serbes de Bosnie, Milorad Dodik, a plusieurs fois prévenu que son entité n'accueillerait pas de migrants. Il a même accusé des dirigeants Bosniaques (musulmans) de vouloir modifier l'équilibre démographique du pays en y faisant venir 150.000 migrants pour la plupart musulmans. La Bosnie est peuplée pour moitié de Bosniaques musulmans, pour un tiers de Serbes orthodoxes et pour environ 15% de Croates catholiques.

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