Au Maroc, des centaines de manifestants dénoncent l'arrestation d'un journaliste

Les manifestants demandent la libération d'Omar Radi
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Par Lea BroquerieAFP
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Ils étaient plusieurs centaines de manifestants à dénoncer l'arrestation du journaliste d'investigation Omar Radi jugé depuis jeudi pour un tweet. Mais également pour dénoncer les attaques contre la liberté d'opinion et d'expression dans le pays.

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Devant le parlement de Rabat, ils étaient plusieurs centaines à se rassembler hier. Plusieurs slogans, pour dénoncer l'arrestation du journaliste et militant Omar Radi. 

Comme d'autres, Maati Monjib, historien et universitaire, se trouve dans cette manifestation pour "condamner et dénoncer cette arrestation illégale, qui est une vengeance politique contre le journaliste d’investigation Omar Radi. Omar Radi est arrêté parce qu’il a démasqué, il a parlé, il a écrit, il a démontré la corruption de l’élite au pouvoir dans l’affaire qu’on appelle "Les serviteurs de l’État."

Jusqu'à un an d'emprisonnement

Omar Radi, 33 ans, a été placé en détention et son procès a débuté le même jour, pour un tweet dans lequel il avait fustigé le verdict d'un magistrat contre des membres du « Hirak », un mouvement de contestation qui a agité le nord du Maroc en 2016 et 2017, condamnés à des peines allant jusqu'à 20 ans de prison.

Pour ce tweet datant d'avril, Omar Radi encourt, pour outrage à magistrat, jusqu'à un an d'emprisonnement. La prochaine audience aura lieu le 2 janvier. 

Le journaliste a collaboré avec plusieurs médias marocains et internationaux et publié des enquêtes sur l'économie de rente ou les collusions entre pouvoir et argent. En 2016, il a révélé une affaire d'acquisition de terrains de l'Etat à des prix dérisoires par des responsables, dont des conseillers du roi et des ministres.

Plus récemment, il a couvert les nombreux mouvements de contestation ayant agité des régions marginalisées du royaume. L'ONG Human Rights Watch (HRW) a exhorté samedi les autorités marocaines à « libérer immédiatement » ce « journaliste d'investigation primé ».

Une « atmosphère suffocante pour les journalistes »

Selon l'écrivan Omar Brouksy, "les pressions qui sont exercées sur les journalistes ne datent pas d’aujourd’hui, l’exemple de Mahdaoui, de Bouaachrine sont très parlants. Mais là, on atteint vraiment un degré supérieur de la répression en arrêtant quelqu’un pour un simple tweet dans lequel il s’est exprimé librement en critiquant la justice."

En l'espace de quelques jours au Maroc, un youtubeur a été condamné à quatre ans de prison pour « offense au roi », un lycéen a écopé de trois ans de prison pour une publication sur Facebook et un militant a été placé en détention pour une publication sur les réseaux sociaux.

Si le code de la presse ne prévoit plus de peines de prison, les journalistes continuent d'être poursuivis selon le code pénal... Suite à l'arrestation du journaliste d'investigation, plusieurs associations ont dénoncé le nombre croissant de détenus en raison de leurs opinions critiques à l'égard des autorités du pays. Dans son dernier classement annuel sur la liberté de la presse, RSF a classé le Maroc 135ème sur 180 pays.

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