En Sibérie, la fonte des sols gelés provoque des affaissements de terrain et des déformations de routes.
La Sibérie est habituée depuis toujours aux hivers extrêmement rigoureux. Mais depuis quelques années, la région connaît aussi des records de chaleur en été. Fin juin, la ville de Verkhoïansk, située à 67° de latitude nord, avait enregistré 38° C, soit 18°C de plus que la moyenne pour la saison.
Dans la ville de Noybarsk, située plus à l'ouest, les habitants ont également constaté cette augmentation des températures. "Avant, on pouvait passer tout l'été en veste, relativement chaude. Maintenant, on est tout le temps en t-shirts, il fait plus de 25 degrés dehors", confie Michail Semenkov, qui a toujours vécu dans la région.
"Les longs hivers de notre enfance ont disparu", se désole son épouse, Ekaterina. Mais le changement climatique apporte également son lot de surprises : "Récemment, mon mari m'a apporté des camomilles et des marguerites sauvages énormes ! Je lui ai dit que ce n'était pas possible de trouver ça ! Et pour la première fois, j'ai vu des orties, ici dans le Nord."
Anatoly Dobrovolsky est arrivé dans la région en 1978, pour travailler dans l'industrie du pétrole. Lui aussi a vu de nombreux changements au cours de ces dernières années.
Des milliards de tonnes de méthane
La région arctique se réchauffe beaucoup plus vite que le reste de la planète, ce qui accentue le risque d'incendies. Mais cette zone est confrontée à un autre problème crucial : la fonte des sols gelés, appelés permafrost, qui provoque des affaissement de terrain ou des déformations de routes.
"Le permafrost est une substance solide. Après son dégel, le sol devient saturé d'eau et visqueux. En conséquence, les camions qui circulent sur cette route créent une pression sur les plaques de permafrost, et ces plaques commencent à s'écarter", explique Georgy Istigichev, chercheur à l'université d'État de Tomsk.
Cette année, le phénomène s'accélère. Le permafrost fond 40 % plus vite que d'ordinaire, selon les scientifiques.
La fonte du permafrost a des conséquences non seulement en Sibérie, mais dans le monde entier. Cette couche de sol gelé depuis des milliers d'années contient des milliards de tonnes de méthane. Le processus de dégel pourrait donc contribuer fortement au réchauffement climatique.