Boris Johnson et Joe Biden : la même amitié qu'avec Donald Trump ?

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Tous droits réservés Jose Luis Magana/Copyright 2020 The Associated Press. All rights reserved
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Par Tadhg Enright
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Au Royaume-Uni, certains craignent que l'amitié de Boris Johnson à l'égard de Donald Trump n'affaiblisse sa relation avec le nouveau président des Etats-Unis Joe Biden. Il est vrai qu'ils auront des défis à surmonter.

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Ces dernières années, l'entente américano-britannique semblait au beau fixe à l'image de la visite de Donald Trump en 2019 au cours de laquelle le président sortant avait été reçu au Palais de Buckingham.

Déjà le 14 novembre 2016 à Bruxelles, Boris Johnson, alors ministre britannique des affaires étrangères, affirmait : "Donald Trump est un négociateur, ce qui peut être une bonne chose pour la Grande-Bretagne."

Le 26 juillet 2019, le président Donald Trump pro-Brexit assurait à Washington : "Nous travaillons déjà sur un accord commercial et je crois que cet accord sera très substantiel."

"Des affronts qui referont surface"

Comment évoluera cette relation alors que Joe Biden pour qui le Brexit n'a rien de réjouissant arrive au pouvoir à Washington sachant que le nouveau chef de la Maison-Blanche aura pour mission de négocier effectivement cet accord commercial entre les deux pays.

Déjà, en son temps, le président Barack Obama avait attiré l'hostilité en 2016 quand il avait appelé le Royaume-Uni à rester dans l'Union européenne. Boris Johnson avait alors suggéré que le président aux origines en partie kenyannes exprimait ainsi son aversion ancestrale pour l'Empire britannique.

Brett Bruen, ancien diplomate de l'administration Obama, estime aujourd'hui qu'"une partie des affronts adressés au président pour lequel [il a] travaillé, Barack Obama, vont certainement refaire surface parce qu'une bonne partie de son équipe travaille aujourd'hui pour Joe Biden."

"Des accords commerciaux quasiment impossibles à conclure"

Pour autant Brett Bruen estime _"_qu'ils auront une relation de travail convenable. Joe Biden est un homme très avenant, il s'entend bien avec presque tout le monde," fait-il remarquer.

"Là où le Royaume-Uni doit s'attendre à des difficultés, c'est au sujet des accords commerciaux," poursuit le spécialiste. "Ils seront quasiment impossibles à conclure : Joe Biden va tenter d'obtenir le soutien des populations des États américains industriels du nord-est et il ne l'aura pas avec des accords de libre-échange," explique-t-il.

La défense des intérêts nationaux est essentielle dans la négociation d'accords commerciaux. Et l'un des plus grands obstacles pour le Royaume-uni pourrait se trouver sur son sol. Nigel Bowles, chargé de cours en politique à l'Université d'Oxford, mentionne ainsi l'agriculture : _"_C'est un problème politique particulier pour tout gouvernement conservateur du fait de sa dépendance à l'égard des votes ruraux," souligne-t-il. Londres pourrait refuser de faire des compromis sur les normes alimentaires et agricoles. "Nous avons vu le poids que peuvent avoir de petites circonscriptions dans le cas de la pêche : l'effet sera bien supérieur dans le cas de l'agriculture," estime l'analyste politique.

Vers un nouveau rôle géopolitique pour le Royaume-Uni ?

Mais au-delà du commerce, la relation américano-britannique pourrait prendre une dimension nouvelle selon Brett Bruen : "Nous sommes aujourd'hui dans une ère post-américaine, il y aura davantage de confrontation, nous voyons bien les actions de puissances moyennes comme l'Arabie Saoudite, la Turquie, la Russie," fait remarquer l'ex-diplomate. 

Pour Nigel Bowles, un autre pays occupe le devant de la scène mondiale : "La Chine pose des problèmes sérieux et profonds à la nouvelle équipe de la Maison-Blanche et bien que le risque de guerre est raisonnablement faible, il n'est pas négligeable," déclare-t-il.

Brett Bruen renchérit : "Le Royaume-Uni peut jouer un rôle important en faisant partie d'une fédération de pays qui serait un petit peu différente de la structure de nos anciennes alliances comme l'OTAN et l'Union européenne. Il s'agira de trouver comment réunir des pays qui sont profondément démocratiques et qui défendent un certain nombre de valeurs et le rôle du Royaume-Uni dans cette initiative sera très important," indique-t-il.

Boris Johnson et Joe Biden ne seront peut-être pas les meilleurs amis du monde, mais il est clair qu'ils devront s'appuyer l'un sur l'autre pour leurs affaires extérieures comme intérieures.

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