Indonésie : 32 enfants figurent parmi les victimes de la bousculade dans un stade

Les joueurs du FC Arema rendent hommage aux victimes du mouvement de foule, le 3 octobre 2022, Malang, Indonésie
Les joueurs du FC Arema rendent hommage aux victimes du mouvement de foule, le 3 octobre 2022, Malang, Indonésie Tous droits réservés Achmad Ibrahim/Copyright 2022 The Associated Press
Par Euronews avec AFP
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Indonésie : il y avait "sept ou huit morts dans le vestiaire" décrit un joueur du FC Arema.

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**Trente-deux enfants figurent parmi les 125 personnes tuées dans la bousculade meurtrière survenue ce week-end dans un stade, ont indiqué lundi les autorités indonésiennes appelant aux sanctions contre les responsables de l'un des pires drames de l'histoire du football.
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"Selon les dernières données dont nous disposons, sur 125 personnes décédées, 32 sont des enfants, dont le plus jeune est un enfant âgé de deux ou trois ans", a indiqué à l'AFP Nahar, un responsable du ministère des Femmes et de la protection de l'enfance.

Le mouvement de foule meurtrier a aussi fait plus de 300 blessés dont certains sont entre la vie et la mort dans les hôpitaux de la ville de Malang, dans l'Est de l'île de Java.

Le ministre en charge de la sécurité, Mahfud MD, a appelé la police indonésienne à "identifier" les personnes qui "ont perpétré les crimes", estimant que "des mesures doivent être prises contre eux".

"Nous demandons à la police nationale de trouver les auteurs des crimes dans les prochains jours", a-t-il exigé dans une déclaration télédiffusée.

Piétinés et étouffés

Le drame qui s'est déroulé samedi soir a commencé quand des fans de l'équipe locale du Arema FC ont pénétré sur le terrain du stade Kanjuruhan de Malang samedi soir, après la défaite de leur équipe (3 à 2) contre celle de Persebaya Surabaya, la ville voisine.

"Le match était terminé, nous avions perdu et on allait faire une marche de remerciement, comme on le fait habituellement, mais on a décidé de rester au milieu du terrain" raconte Sérgio Silva, joueur d'Arema FC.

"Puis on s'est approchés d'un banc pour présenter nos excuses au public, et au même moment ils ont commencé à envahir le terrain, deux ou trois personnes, deux ou trois personnes ce n'était pas un problème. Puis, on a vu que beaucoup de gens arrivaient, et on a commencé à courir vers les vestiaires".

"Les supporters ont commencé à s'enfuir en panique et ce que je sais, c'est qu'il y a eu sept ou huit morts dans notre vestiaire. C'était le chaos total. Je n'avais jamais vécu une telle situation" raconte pour sa part Abel Camará, lui aussi joueur du FC Arema.

La police a réagi en lançant des volées de gaz lacrymogènes vers les gradins bondés du stade qui contenait 42 000 personnes et était au complet, selon les autorités.

Les spectateurs se sont alors précipités en masse vers des portes étroites où nombre d'entre eux ont été piétinés et étouffés, selon des témoins.

Le rôle de la police en question

La police, dont deux agents ont été tués lors du drame, a décrit l'incident comme une "émeute" mais les survivants l'accusent d'avoir réagi de manière excessive et causé la mort de dizaines de spectateurs dont un enfant de cinq ans.

"L'un de nos messages est que les autorités enquêtent sur ce (drame) de manière approfondie. Et nous réclamons des comptes. Qui est à condamner ?", a déclaré Andika, qui a refusé de donner son nom de famille.

"Nous réclamons justice pour nos supporteurs disparus", a demandé ce fan de foot de Malang âgé de 25 ans.

Le porte-parole de la police nationale Dedi Prasetyo a indiqué que les enquêteurs analysaient les images de caméras de surveillance du stade pour identifier des "suspects qui ont procédé à des destructions".

Ils devaient aussi lundi interroger 18 policiers suspectés "d'avoir utilisé ou transporté des armes", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse, faisant référence à des grenades lacrymogènes.

A la télévision, le président du club de football de Malang a présenté lundi ses excuses, en pleurs.

"En tant que président du club Arema FC, j'endosse l'entière responsabilité pour les incidents qui se sont produits. Je présente mes profondes excuses aux victimes, à leurs familles, aux Indonésiens et à la Liga 1", la première ligue locale, a déclaré Gilang Widya Pramana.

L'équipe a visité le site du drame lundi vêtue de T-shorts noirs pour rendre hommage aux victimes et déposer des fleurs, avant de se rassembler sur le terrain pour des prières.

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Demande d'une enquête indépendante

Le président indonésien Joko Widodo avait annoncé dès dimanche l'ouverture d'une enquête sur le mouvement de foule, mais des groupes de défense des droits exigent qu'elle soit conduite de manière indépendante et que la police rende des comptes sur l'utilisation de gaz lacrymogènes dans un espace confiné.

"Nous appelons les autorités à conduire une enquête rapide, approfondie et indépendante sur l'utilisation de gaz lacrymogènes au sein du stade et à veiller à ce que les personnes qui ont commis ces infractions soient jugées en audience publique", a déclaré Amnesty International dans un communiqué.

"Ces pertes de vies humaines ne peuvent rester sans réponse", a ajouté l'ONG.

Human Rights Watch a demandé à la FIFA de procéder à sa propre enquête et la rendre publique.

Le ministre Mahfud MD a déclaré que les membres de la commission d'enquête seront choisis durant les prochaines 24 heures et qu'il s'agira de membres du gouvernement, d'analystes, de responsables du monde du football, des médias et d'universitaires, notamment.

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Les autorités annonceront les résultats de l'enquête dès que possible, a-t-il précisé, estimant que "la mission pourrait être conclue dans les deux ou trois prochaines semaines".

Colère

Le président Joko Widodo a accordé des compensations aux familles des 125 victimes, a annoncé lundi le ministre en charge de la sécurité.

"En signe de condoléances, le président va donner 50 millions de roupies (3.200 dollars) pour chaque victime décédée", a déclaré Mahfud MD au cours d'une conférence de presse, ajoutant que les sommes seront versées d'ici deux à trois jours.

La colère montait à l'égard des autorités lundi, notamment en ligne, alors qu'émergeaient de nouvelles informations sur les circonstances de la bousculade.

"Il y a eu des supporteurs qui sont morts dans les bras des joueurs", a raconté dimanche Javier Roca, l'entraîneur chilien du club indonésien d'Arema, à la radio espagnole Cadena Ser. "Je pense que la police est allée trop loin", a-t-il ajouté.

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La violence des supporteurs est un problème de longue date en Indonésie, où les rivalités entre clubs se sont souvent transformées en affrontements mortels.

Pour le match samedi, les fans de Persebaya Surabaya n'avaient pas été autorisés à acheter de billets, de crainte d'incidents.

Le président de la Fédération internationale de football (Fifa) Gianni Infantino, a qualifié le drame de "tragédie au-delà de l'imaginable"

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