En Syrie et en Irak, les frappes turques suscitent la colère des Kurdes

Conséquences d'une frappe turque près de Hassaké, Syrie, le 20 novembre 2022
Conséquences d'une frappe turque près de Hassaké, Syrie, le 20 novembre 2022 Tous droits réservés Baderkhan Ahmad/Copyright 2022 The AP. All rights reserved
Par Stephane Hamalian avec AFP
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Malgré le démenti des forces kurdes de Syrie et d'Irak, la Turquie a mené dimanche des frappes dans ces zones, en représailles à l'attentat d'Istanbul du 13 novembre.

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À travers l'Europe, les communautés Kurdes ont manifesté ce dimanche, contre les frappes aériennes menées par la Turquie ce weekend, dans des zones du nord de la Syrie et d'Irak, contrôlées par les forces kurdes.

Selon Ankara, le PKK et les Forces démocratiques syriennes (FDS) sont derrière l'attentat d'Istanbul du 13 novembre, qui a fait 6 morts et 81 blessés. Mais le profil de la suspecte qui aurait déposé la bombe dans l'avenue Istiqlal, interroge. La jeune femme syrienne aurait échangé deux fois par téléphone avec un membre du MHP, parti d'extrême droite alliée de l'AKP, ouvrant la voie à diverses hypothèses sur les commanditaires de l'attaque.

Les groupes Kurdes de Syrie et d'Irak, pointés du doigt, ont pour leur part rapidement nié toute implication.

"L'heure des comptes a sonné!" avait toutefois twitté le ministère turc de la Défense, dès le lancement des frappes dans la nuit de samedi à dimanche, visant sans les citer les groupes kurdes. L'opération, baptisée "Griffe Epée", a pour objectif d'"éliminer les attaques terroristes du nord de l'Irak et de la Syrie, assurer la sécurité des frontières et d'éliminer le terrorisme à sa source", a affirmé le ministère turc de la Défense, dans un communiqué.

"Le bombardement turc de nos zones menace la région entière"a pour sa part réagi le commandant en chef des FDS, Mazloum Abdi, sur Twitter. "Ce bombardement ne sert aucun parti. Nous faisons tout pour éviter une catastrophe majeure. Si la guerre éclate, tout le monde sera affecté" a-t-il regretté.

Près de 25 frappes aériennes ont été effectuées par l'armée turque dans les provinces syriennes de Raqa et Hassaké (nord-est) et d'Alep (nord), faisant au moins neuf morts dans les rangs des forces kurdes et six morts dans ceux du régime syrien, et en blessant 31 autres selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), une ONG basée à Londres et qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Kobané, a été la principale cible d'Ankara, ville symbole de la résistance kurde ayant repoussé en 2015 le groupe Etat islamique, avec le soutien des Etats-Unis. Mais les Kurdes se sentent aujourd'hui abandonnés par Washington.

Les frappes tuques ont visé principalement cette ville et ses environs, près de la frontière turque, notamment des silos à grains près d'Al-Malikiyah (nord-est) et une centrale électrique au sud de cette province.

En guise de riposte, des roquettes ont été lancées dimanche depuis la Syrie sur un poste-frontière turc, faisant au moins trois blessés.

Les raids aériens de la Turquie qui ont fait une trentaine de victimes, ne sont pas venus comme une surprise : Ankara, qui a des soldats présents dans le nord de la Syrie, a intensifié depuis mai ses menaces d'offensive, avec pour objectif de créer une "zone de sécurité" de 30 kilomètres de largeur à sa frontière sud.

Entre 2016 et 2019, Ankara avait déjà mené trois opérations d'envergure dans le nord de la Syrie qui ciblaient les milices et organisations kurdes, prenant le contrôle d'Afrine et poussant de nombreux civils à fuir.

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